Drame du stade du 5 juillet : La justice prend l’affaire en mains

Si l’information n’a pas eu suffisamment l’intérêt qu’elle mérite, l’entière responsabilité devrait tomber sur ceux qui ont été chargés de la répercuter. Ont-ils jugé qu’elle n’avait assez d’importance ? La question est à poser aux responsables de la télévision algérienne, qui ont annoncé presque furtivement l’ouverture d’une enquête judiciaire sur le drame du stade du 5 juillet. Le média public avait « balancé » l’information incomplète de surcroit dans le JT de 20 heures, jeudi dernier. « Le parquet de la République a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire sur les graves incidents survenus lors du match entre le MC Alger et le NC Magra au stade du 5-Juillet, pour négligence et imprudence ayant entraîné la mort et diverses lésions corporelles, afin de déterminer les responsabilités et de poursuivre toute personne avérée impliquée dans ces incidents », a rapporté la télévision, sans préciser la juridiction qui a ouvert l’enquête. La commission ministérielle mise en place afin de déterminer les causes et les responsabilités dans le tragique accident, qui a fait quatre morts et des dizaines de blessés, a remis ses conclusions mercredi à la présidence de la République qui, à son tour, a transmis le rapport à la justice. Le ministre de l’Intérieur n’a pas manqué à l’occasion de l’installation de la commission, le 23 juin dernier, d’insister sur le fait qu’elle est appelée à présenter son rapport dans les plus brefs délais. Désormais, c’est chose faite et c’est donc à la justice d’identifier tous ceux qui sont impliqués dans la « négligence » et l’  « imprudence » ayant entraîné des pertes humaines, des lésions physiques et psychologiques et des traumatismes pour des dizaines de familles. Au-delà de l’enquête judiciaire et de ses résultats, la fédération algérienne de football, le ministère des Sports et l’ensemble des autorités du pays sont aujourd’hui plus que renseignés sur l’importance et l’urgence d’une politique adaptée pour prémunir des stades des incidents et des scènes de chaos qu’ils pourraient entrainer. CE qui s’est passé au stade Hamlaoui de Constantine en juin 2024 est encore dans les esprits. Le vent de folie qui soufflé sur ce stade n’était pas banal, pour dire qu’il dépassait le cadre d’un simple « chahut de gamins » ! L’interdiction du déplacement des supporters, et la limitation de la capacité des stades ne répondent pas à toutes les questions. La Fédération algérienne de football aura beau exprimer ses regrets, en estimant que les « comportements inacceptables, qui ternissent l’image de notre sport, doivent être combattus énergiquement pour préserver l’intégrité du football ». Elle a toujours donné l’impression d’être dépassée par les événements. Lorsque la FAF écrit qu’elle est « déterminée à éradiquer la violence dans les stades et à assurer que ceux-ci restent des lieux de convivialité et de respect mutuel, en appelant toutes les parties prenantes, y compris les acteurs du football et la presse sportive, à contribuer à promouvoir les valeurs nobles de l’esprit sportif ». Ce discours démagogique tant entendu ne rassure guère.

M.M

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