Drame routier d’El Mohammadia : La rançon de l’impéritie
Dix-huit morts qui ont perdu la vie sous les eaux polluées de Oued El Harrach et vingt-quatre autres qui étaient encore hier sous surveillance médicale dans les hôpitaux de Zemerli et Mustapha Bacha, à Alger. Tel est le bilan définitif de ce terrible accident survenu avant-hier vendredi en fin de journée au niveau du pont […] The post Drame routier d’El Mohammadia : La rançon de l’impéritie first appeared on L'Est Républicain.

Dix-huit morts qui ont perdu la vie sous les eaux polluées de Oued El Harrach et vingt-quatre autres qui étaient encore hier sous surveillance médicale dans les hôpitaux de Zemerli et Mustapha Bacha, à Alger. Tel est le bilan définitif de ce terrible accident survenu avant-hier vendredi en fin de journée au niveau du pont d’El Mohammadia (Ex-Lavigerie) quand le bus faisant route dans le sens Réghaia/ Alger a plongé dans le tristement célèbre Oued de la Capitale, suite « au blocage de sa direction » Ce lourd bilan, c’est aussi et surtout le prix que le pays doit devoir payer aujourd’hui pour que les citoyens et surtout les pouvoirs publics daignent enfin porter leur attention sur le segment transport public qui concentre à lui seul tous les dysfonctionnements, toutes les pannes, toutes les anomalies de ce secteur névralgique mais néanmoins malade de toutes les anomalies et toutes les impérities. Il est bien commode de faire porter le chapeau du drame au pauvre chauffeur qui , il est vrai est l’auteur malgré lui de cette catastrophe, car il se trouvait aux manettes du bus qu’il n’a pas pu empêcher de percuter la rambarde de sécurité pour faire un plongeon de dix mètres de haut , l’avant planté dans la vase noire composée de matières organiques des centaines de milliers de foyers dont les égouts se déversent à Oued El Harrach. En fait, le chauffeur et son convoyeur, qui ont réussi à sauter avant la chute du véhicule sont eux-mêmes les victimes expiatoires d’un écosystème dont l’accident met en lumière la responsabilité pleine et entière de toute la chaine de commandement depuis le conducteur, jusqu’au plus haut niveau de responsabilité de l’Etat. En fait, ce qui est arrivé vendredi à ce bus, aurait pu choisir un autre bus dans une autre région du pays, car le parc automobile, à l’échelle de tout le pays est dans un état de délabrement avancé. Des bus datant des années soixante-dix, donc âgés de plus de 50 ans continuent de circuler sur nos routes, faisant des passagers qui les empruntent quotidiennement des morts en perpétuel sursis. Des bus de transport public, aussi vieillots et aussi déglinguées, ça ne devait pas exister sous d’autres latitudes, tant la chose semble être un défi aux règles de la mécanique et du processus de vieillissement. Le président de la République, dans le sillon émotionnel de cet accident a pris hier la décision de retrait de la circulation de tous les bus dont la date de mise en circulation est antérieure à l’année 1990. Autrement dit, plus de bus âgé de plus 30 ans. Décision tardive ? Oui, car si elle avait été prise antérieurement, l’accident d’El Harrach et d’autres qui sont dus à la même cause ne se seraient jamais produits et leurs victimes toujours vivantes encore. Mais une décision qui va dans le bon sens, tardive ou opportune est, cela va de soi, la bienvenue, dès lors qu’elle est appelée à mettre un stop aux drames quotidiens qui se jouent sur les routes algériennes. Le problème de la vétusté est en rapport avec la suspension des importations des bus de moins de cinq ans et de l’arrêt aussi de la pièce de rechange, obligeant les propriétaires des bus à imaginer des solutions de rechange qui défie la rationalité de la mécanique. Economiser les devises, cela peut s’entendre, mais pas à jouer avec la vie du citoyen. En fait, la litanie des causes des accidents en Algérie est longue comme la route où ils se produisent. On peut aussi pointer le problème du suivi technique des bus, avec une fiche de contrôle mise régulièrement à jour, la mauvaise formation des conducteurs, le mauvais état des routes, l’excès de vitesse. Le problème est donc complexe. Mais que le drame d’EL Harrach puisse servir enfin de leçon pour que l’anarchie, l’impéritie et l’irresponsabilité qui sont à l’origine du drame d’’El Harrach et de ce qu’on appelle le « terrorisme routier », cesse enfin.
H.Khellifi.
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