Intention

Alors que la droite traditionnelle se déchire en France après les appels manqués à l’unité, à gauche, la cohésion n’est pas meilleure et les anciennes alliances de convenance lors des deux dernières élections législatives ont rapidement implosé sous le poids des différences traversant chaque parti de gauche. Les multiples déclarations et prises de position de […]

Juil 30, 2025 - 22:25
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Intention

Alors que la droite traditionnelle se déchire en France après les appels manqués à l’unité, à gauche, la cohésion n’est pas meilleure et les anciennes alliances de convenance lors des deux dernières élections législatives ont rapidement implosé sous le poids des différences traversant chaque parti de gauche. Les multiples déclarations et prises de position de La France Insoumise étant souvent de catalyser les tensions qui furent de plus en plus difficiles à ignorer, pour le bien commun. Les communistes étant les premiers à jeter l’éponge du pacte de gauche, les dissensions entre leur chef, Fabien Roussel et le chef de file de LFI devenant de plus en plus pesantes et s’étalant sur les réseaux sociaux. Quant aux socialistes, dociles malgré les excès des Insoumis, glacés par leurs derniers résultats aux présidentielles et aux législatives en 2017 et 2022, créent la surprise aux dernières élections européennes grâce à une alliance avec le petit parti de gauche Place Public de Raphaël Glucksmann, réussissant à récolter 14,5 % des votes, dépassant La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon. Ce nouveau rapport de force inespéré offrant au PS une opportunité pour tenter de s’imposer comme la force dominante à gauche. Et à mesure que la présidentielle se rapproche les ambitions des socialistes agacent de plus en plus les Insoumis, qui ne supportent pas une potentielle rivalité de Glucksmann avec leur candidat en 2027. Depuis les européennes, puis les législatives post-dissolution de l’an dernier, les deux figures, qui posent leurs jalons en vue de l’échéance élyséenne, s’opposent avec virulence, ravivant l’antagonisme désormais classique entre les «deux gauches irréconciliables», selon l’expression popularisée en 2016 par le Premier ministre d’alors, Manuel Valls. À moins de deux ans du scrutin, leurs lieutenants s’observent surtout à distance. Côté Insoumis, on surveille de très près la montée en puissance de la nouvelle figure de proue de la «social-démocratie» française, la seule qui à gauche, avec 11-12 % d’intentions de vote mesurées dans les dernières enquêtes, semble en mesure de menacer Jean-Luc Mélenchon au premier tour. De quoi pousser les cadres LFI à installer le match vis-à-vis de l’opinion, en visant sans cesse Raphaël Glucksmann, qu’ils perçoivent comme un «traître» en raison de sa supposée proximité idéologique avec le centre gauche. Afin de faire de Glucksmann le principal adversaire de LFI en vue de 2027, Mathilde Panot, l’un des bras droits de Mélenchon, le présente comme l’incarnation de la «gauche d’accompagnement», par opposition à la «gauche de rupture» dont le mouvement mélenchoniste se veut le porte-drapeau. Une charge coordonnée avec d’autres Insoumis, révélatrice d’une certaine fébrilité dans leurs rangs face à l’ascension de Raphaël Glucksmann, arrivé en tête (13,8 %) de la gauche aux européennes de 2024, qui a acquis en quelques mois une certaine crédibilité politique et médiatique. Au point, désormais, de faire de l’ombre à leur champion. Si tout oppose les deux candidats putatifs à la fonction suprême, tant sur le fond que sur la forme, ils partagent néanmoins un point commun : leur opposition viscérale à une primaire, pourtant défendue par le reste de la gauche. Chacun essayant, dans son couloir, de s’imposer d’ici à 2027 dans les sondages pour incarner au mieux le vote utile. Un an après la création précipitée du NFP (Nouveau Front Populaire) en pleine campagne des législatives, la gauche dite unitaire, regroupant socialistes et écologistes, a fait «le serment» de présenter un «candidat commun» à la présidentielle. Reste maintenant à convaincre le PCF, LFI, et donc Raphaël Glucksmann. Reste à voir si cette stratégie de démolition sera payante pour LFI ou si elle finira par se retourner contre eux. À trop vouloir faire du candidat des socialistes un ennemi d’importance, ils le crédibilisent auprès de sympathisants de gauche en déshérence, qui refusent la radicalité des Insoumis et attendent de voir surgir un candidat capable de porter un programme plus équilibré et pragmatique, loin des outrances de LFI, qui refuse toutes concessions et tous appels à la modération, souvent venant de ses propres électeurs.