Interdictions

Depuis de nombreuses années, les activistes pro-armes aux États-Unis réfutent les arguments des militants voulant interdire le port d’armes à feu, assurant qu’une interdiction de la sorte était une fausse solution pour lutter contre la criminalité et les homicides. Car sans armes à feu, les criminels se porteraient sur d’autres types d’armes pour commettre leurs méfaits. Faudrait-il par la suite alors interdire les couteaux de cuisine, les marteaux ou encore les haches ? Des questions rhétoriques qui deviennent toutefois réalité désormais en Europe, où les crimes commis au couteau ont explosé ces dernières années. Fin juin, le Sénat berlinois noir-rouge interdira les couteaux et les armes dans toutes les gares, bus, trains et tramways. C’est ce qu’a annoncé la sénatrice de l’Intérieur Iris Spranger (SPD) aux médias. Cette mesure fait suite à l’augmentation des violences impliquant des couteaux à Berlin. La nouvelle règle pour les transports publics entrera en vigueur dès cet été, probablement à la mi-juillet. Les arrêts de bus et tramways ne sont pas concernés. En cas d’infraction, les contrevenants risquent une amende allant jusqu’à 10 000 euros. Seules les forces de l’ordre (police, pompiers, Protection civile) et les professionnels de la restauration sont exemptés. «Les armes et les couteaux n’ont pas leur place dans les transports en commun. Nous clarifions cela sans ambiguïté avec un nouveau décret qui sera adopté par le Sénat d’ici juin», a déclaré Spranger. «Nous établirons une base juridique claire : les armes et couteaux seront interdits dans les métros, trains, tramways, bus, sur les quais et dans les gares». Lors d’une réunion de crise entre l’administration de l’Intérieur, la police, la Deutsche Bahn et la BVG, la décision a été prise d’étendre l’interdiction à l’ensemble des transports publics. «Avec cette interdiction, nous voulons renforcer la sécurité des passagers. La police pourra désormais effectuer des contrôles aléatoires dans ces zones et infliger de lourdes amendes en cas d’infraction». L’extension des zones d’interdiction fait partie de la stratégie berlinoise contre la criminalité liée au couteau. Rien que dans les zones déjà en vigueur, environ 90 couteaux ont été confisqués et 140 infractions enregistrées depuis le 15 février. Depuis début 2024, une unité d’analyse «couteaux» a été mise en place au sein de la police criminelle (LKA). Son but : identifier rapidement les récidivistes et prendre des mesures préventives, comme la suspension du permis de conduire ou des interdictions de port d’armes individuelles. Un nouveau marqueur a été ajouté dans le système de données policier (Poliks) pour signaler les suspects ayant utilisé un couteau. Cela permet aux agents d’être alertés et de renforcer leur propre sécurité lors des contrôles. La stratégie inclut aussi une campagne de prévention dans les centres pour réfugiés, où les violences au couteau ont augmenté ces dernières années. En 2023, 58 % des suspects dans les affaires de coups de couteau étaient de nationalité étrangère. En 2024, la police berlinoise a recensé 3 412 attaques au couteau, le deuxième chiffre le plus élevé après le record de 2023. Environ 52 % des crimes ont eu lieu dans l’espace public, et 44 % concernaient des menaces avec un couteau. 2 532 suspects ont été identifiés dans ces affaires. En Grande-Bretagne, un autre pays gangréné par les violences à l’arme blanche, il est aujourd’hui question d’interdire la vente de couteaux de cuisine aux mineurs. Des «solutions» qui semblent risibles face à l’épidémie des agressions aux armes à lames. Faudrait-il aussi interdire les voitures après la multiplication des attaques à la voiture bélier ? Comme l’avaient prédit les activistes pro-armes à feu aux États-Unis, quelles que soient les armes utilisées, les criminels trouveront toujours un moyen d’arriver à leurs fins. Reste à voir quelles réelles solutions pourront être trouvées dans les années qui viennent pour endiguer la violence galopante en Europe, qui fait de plus en plus de victimes.