La feuille de route

Il ne sert à rien de gloser sur le comportement du chauffeur pour tenter de justifier le drame humain qui a endeuillé une vingtaine de famille. Ce qui s’est passé à Oued El Harrach est une tragédie nationale qui doit nous interpeller au plus haut point. L’émotion ne doit pas détourner notre regard sur les […] The post La feuille de route first appeared on L'Est Républicain.

Août 17, 2025 - 12:30
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La feuille de route

Il ne sert à rien de gloser sur le comportement du chauffeur pour tenter de justifier le drame humain qui a endeuillé une vingtaine de famille. Ce qui s’est passé à Oued El Harrach est une tragédie nationale qui doit nous interpeller au plus haut point. L’émotion ne doit pas détourner notre regard sur les causes objectives qui ont provoqué cette catastrophe. Dix-huit morts, c’est un bilan de guerre. Que les responsables du secteur des transports et des travaux publics se soient rendus sur place ne rachète pas les vies de ces pauvres citoyens arrachés brutalement à la vie. Leur déplacement ne pourra jamais sécher les larmes de ces dizaines de familles éplorées par la douleur. Malheureusement, ce n’est pas la première fois qu’un cercueil roulant tue autant de personnes. De Annaba, à Saïda en passant par Hassi Messaoud, Tipaza ou Ain Defla et d’autres localités arrachées terriblement de leur anonymat, ces autobus d’un autre âge provoquent souvent des boucheries. Jusqu’à quand assisterons-nous impuissants à ces scènes d’horreur qui se jouent à non plus finir sur nos routes ? C’est la seule question qui vaille d’être posée. Nous avons cette fâcheuse habitude de verser des larmes de crocodile à l’occasion de chaque drame du genre, mais nous passons tout de suite à autre chose le lendemain comme si de rien n’était. Combien de fois les médias ont pointé du doigt la vétusté du parc roulant notamment ces bus de la mort que des sociétés privées usent et abusent au nez et à la barbe des autorités ? Est-il normal que des autocars vieux d’une vingtaine d’années et qui sont entretenus avec des pièces détachées de piètre qualité continuent à rouler encore dans nos villes et villages ? Si à Alger, la capitale, ces engins-danger public ont encore pignon sur rue, que dire alors des lointaines localités de l’Algérie profonde où le contrôle est quasi anecdotique et où les médias sont rarissimes ? Ceci étant dit, la vieillesse du parc roulant des transports publics à cause du blocage des importations des autobus et de la pièce détachée, ne doit pas cacher l’horrible état de nos routes qui sont précisément à l’origine de la dégradation physique des moyens de transport. Faut-il alors s’étonner que l’Algérie pointe dans le tristement célèbre classement annuel des pays qui enregistrent le plus de morts dans les accidents de la route (4000 décès en moyenne depuis plus de 30 ans) ?  L’image du bus d’El Harrach finissant sa course au fond de l’Oued a fait le tour du monde. Les accidents de la route ne sont certes pas une “spécialité” algérienne, mais il serait malhonnête de les imputer aux seuls chauffeurs et disculper tous les autres responsables de ce secteur rongé par l’anarchie et le trafic en tout genre. Il faut urgemment remettre les compteurs à zéro et plancher sur une feuille de route. Au propre comme au figuré. 

Par Imane B.

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