La France est-elle devenue une république bananière?
Face à une Algérie souveraine, qui refuse de céder aux pressions et aux diktats, la France s’enfonce dans une hystérie inédite qui renseigne sur l’étendue d’une déliquescence rarement égalée. La France, incarnée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est inquiétante tant elle renvoie une image d’une incompétence stupéfiante dans la gestion de ses relations […] The post La France est-elle devenue une république bananière? appeared first on Le Jeune Indépendant.

Face à une Algérie souveraine, qui refuse de céder aux pressions et aux diktats, la France s’enfonce dans une hystérie inédite qui renseigne sur l’étendue d’une déliquescence rarement égalée. La France, incarnée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est inquiétante tant elle renvoie une image d’une incompétence stupéfiante dans la gestion de ses relations avec l’Algérie.
En brandissant la menace du gel des avoirs de hauts responsables algériens, Paris atteint le seuil d’une dégradation totale, mêlant représailles politiques et manipulation du bâton de la justice. Il s’agit d’une fuite en avant symptomatique des errements d’une ancienne puissance coloniale en perte de repères et d’influence.
Présentée comme une mesure de « dernier recours diplomatique », cette énième manœuvre s’apparente plutôt à une opération de diversion politique, juridiquement discutable, moralement bancale et empreinte d’une hypocrisie historique manifeste. Mais le plus grave est que cette mesure éventuelle serait plutôt humiliante pour la France compte tenu du fait qu’elle montre un état perdu qui n’a rien de consistant pour s’en prendre à l’Algérie.
Selon les fuites organisées de l’hebdomadaire l’Express, les ministères français de l’Economie[H1] et de l’Intérieur se penchent actuellement sur l’éventualité d’imposer à certains « dignitaires » algériens des sanctions financières, sous prétexte de leur rôle supposé dans le refus de fournir des laissez-passer consulaires, de leur appartenance à la « nomenklatura », ou encore leur implication présumée dans l’affaire du délinquant Amir
Boukhors, alias Amir DZ. Il est question d’une « liste noire » prête à être brandie si Alger adopte de nouvelles mesures que la France jugerait « hostiles ».
Mais sur quels fondements juridiques cela repose-t-il réellement ? Où sont les décisions de justice, les éléments matériels, les preuves tangibles et vérifiées ? Aucune instance judiciaire indépendante n’a tranché sur l’implication directe ou suspecte de responsables algériens dans les dossiers évoqués.
Dans cette menace de geler les avoirs sur la base de simples « soupçons » ou de tensions diplomatiques, l’Etat français viole l’essence même de l’Etat de droit qu’il prétend défendre. La nouvelle disposition du code monétaire et financier, article L562-1, censée lutter contre les « actes d’ingérence », ne peut et ne doit servir de levier politique arbitraire pour régler des comptes entre Etats souverains.
Pis encore, cette menace intervient alors que la France, bien loin d’être exemplaire, elle- même sert de refuge doré et soigneusement protégé aux nombreux anciens responsables algériens corrompus ou ayant détourné les deniers du contribuable algérien.
Le cas d’Abdeslam Bouchouareb est des plus significatifs. Condamné à de lourdes peines par la justice algérienne pour corruption, dilapidation de fonds publics, népotisme et trafic d’influence, cet ancien ministre de l’Industrie (2015-2017) a été au cœur d’un vaste réseau de prédation économique, causant des pertes colossales au Trésor algérien, souvent au profit d’une clientèle française affiliée à l’Elysée. Le dossier de l’affaire de Bouchareb est solide, bien ficelé, avec des preuves tangibles mais la France ferme les yeux se drapant, au demeurant, de honte.
Des manœuvres humiliantes pour la France
Pourtant, à ce jour, la France s’obstine à ne pas coopérer avec la justice pour valider l’extradition de ce voyou en costard ou le gel de ses biens. Bouchouareb, l’autre délinquant, se pavane sur le sol français en toute quiétude. Un cas d’espèce qui révèle l’étendue de la gabegie qui règne au sein de l’administration française et de la haine aveuglante portée par les Retailleau et consorts à l’égard de l’Algérie.
Car le cas de Bouchouareb constitue, à lui seul, une encyclopédie d’impairs qui fait éclater le discours de justice et d’Etat servi en France à coups de sortie médiatiques des responsables français relayés par les chiens de garde des plateaux de télévision. La complaisance française à l’égard de Bouchouareb, aujourd’hui condamné dans plusieurs affaires, révèle que Paris n’agit pas par souci de justice mais par une vengeance qui lui fait plus de tort à elle qu’à l’Algérie. Car elle démontre qu’elle protège ceux qui lui ont été serviles au détriment du droit et de la justice. Cette posture est humiliante pour la France.
L’affaire va bien au-delà de simples contentieux bilatéraux. Derrière la menace du gel des avoirs, se cache une tentative de pression néocoloniale sans lendemain. Elle s’inscrit dans une logique plus vaste de rapports de force, la réduction arbitraire des visas, le refus de rapprochement familial, la marginalisation des étudiants algériens, la reconnaissance unilatérale de la marocanité du Sahara occidental, les expulsions croisées de diplomates, les campagnes médiatiques à charge… Autant de signaux d’un acharnement systémique visant à fragiliser l’Algérie, à l’isoler sur la scène internationale et à freiner toute affirmation souveraine de sa part.
Il est fondamental de rappeler que l’Algérie est un Etat souverain. A ce titre, elle a le droit de contrôler ses politiques migratoires et consulaires, et de demander des garanties avant d’accepter tout rapatriement.
L’utilisation politicienne des OQTF par la France, tout en refusant de faciliter la mobilité des citoyens algériens, révèle la sournoiserie française.
Quant à la morale, la France ne peut pas se poser en donneuse de leçons. Quand Nicolas
Sarkozy est mis en examen dans plusieurs dossiers financiers internationaux, quand
Jean-Marie Le Pen a profité pendant des décennies d’un système opaque de financement politique, il est légitime de douter de la cohérence du discours de l’Hexagone.
La France, qui n’a pu tenir tête à un régime malien faible et démuni, croit-elle pouvoir faire plier les dirigeants algériens ? Sans aucun atout en main ni moyen, la France, dans ses errements, possède désormais tous les attributs d’une république bananière.
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