L’Algérie face à une nouvelle pénurie de lait UHT
Une nouvelle pénurie de lait UHT s’installe en Algérie où ce produit a rapidement déserté les étals ces dernières 48 heures, avons-nous constaté dans plusieurs quartiers à Alger ainsi qu’à Oran, Annaba, Mascara… Épiciers de quartier, supérettes, grandes surfaces, mais également des grossistes à Alger, tous sont en rupture depuis avant-hier. Le phénomène touche l’ensemble […]

Une nouvelle pénurie de lait UHT s’installe en Algérie où ce produit a rapidement déserté les étals ces dernières 48 heures, avons-nous constaté dans plusieurs quartiers à Alger ainsi qu’à Oran, Annaba, Mascara…
Épiciers de quartier, supérettes, grandes surfaces, mais également des grossistes à Alger, tous sont en rupture depuis avant-hier. Le phénomène touche l’ensemble du marché, toutes marques confondues — Tchin-lait-Candia, Soummam, Obei ou Ramy — et concerne les différentes variétés, du demi-écrémé au lait entier en passant par le 0 %.
Le leader du marché, Tchin-lait-Candia, qui détient plus de 70 % de parts de marché, a confirmé l’origine du problème sur sa page Facebook : « effectivement nos produits commencent à manquer sur le marché, cela est dû à l’importation de la matière première qui devient de plus en plus difficile ».
La poudre de lait, matière première stratégique, est entièrement importée, d’Europe, d’Argentine ou de la Nouvelle-Zélande. Les transformateurs négocient souvent leurs approvisionnements sur 12 à 18 mois afin de sécuriser prix et livraisons.
Mais depuis cet été, une double autorisation est devenue obligatoire : au traditionnel certificat sanitaire délivré par le ministère de l’Agriculture, une validation supplémentaire est exigée par le ministère du Commerce extérieur et de la promotion des exportations (qui ne semble pas disposer d’un site internet officiel, compliquant l’accès aux informations réglementaires), après avis du département en charge de la production laitière.
Cette nouvelle contrainte, introduite au nom de la lutte contre les importations frauduleuses et la réduction des importations, toujours en hausse, exige de chaque importateur, y compris les producteurs, le dépôt d’un dossier accompagné d’un programme prévisionnel d’importation (PPI) au ministère du Commerce extérieur.
Entré en vigueur le 9 juillet dernier, le PPI est devenu une nouvelle barrière pour toutes les entreprises qui importent des intrants/matières premières pour le fonctionnement ou pour importer des équipements de production !
Résultat : aucune importation ni domiciliation bancaire ne peut s’effectuer sans cette seconde autorisation. Pris de court par cette mesure, et craignant des blocages au port assortis de surcoûts, plusieurs importateurs ont préféré renoncer aux livraisons.
Un marché sous tension
Le marché algérien du lait UHT est évalué à 400 millions de litres par an, soit près de 52 milliards de dinars (400 millions de dollars), sur la base d’un prix public de 130 dinars le litre (1 USD).
L’Algérie figure au deuxième rang mondial des importateurs de poudre de lait, derrière la Chine.
Si la pénurie se prolonge, le risque est un effet domino : les consommateurs se tourneront vers le lait pasteurisé en sachet subventionné (LPS).
Ce dernier est produit à partir de poudre de lait importée exclusivement par l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL), qui répartit des quotas aux transformateurs.
Une pression supplémentaire sur cette filière pourrait faire ressurgir les longues files d’attente devant les points de vente de GIPLAIT, souvenir encore récent pour les ménages algériens.
Après le lait UHT, d’autres produits menacés
Les industriels redoutent que la crise du lait UHT ne s’étende à d’autres produits laitiers — yaourts, fromages, glaces — dont la production repose elle aussi sur la poudre de lait importée.
En attendant un éventuel déblocage administratif, les rayons de supermarchés risquent de rester désespérément vides.
Par Larbi Ghazala