Le refus catégorique de Netanyahou de mettre fin à la guerre
Dans une intervention télévisée imprégnée de solennité, à l’évidence symétrique de celle de Khalil el Hayya, dirigeant du Hamas et chef de sa délégation dans les négociations indirectes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a à son tour opposé un refus sans appel à la proposition palestinienne d’un accord global en lieu et place d’un […]

Dans une intervention télévisée imprégnée de solennité, à l’évidence symétrique de celle de Khalil el Hayya, dirigeant du Hamas et chef de sa délégation dans les négociations indirectes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a à son tour opposé un refus sans appel à la proposition palestinienne d’un accord global en lieu et place d’un accord partiel comme celui proposé dernièrement par Israël. Aux termes de celui-ci, d’ailleurs rejeté par le Hamas, Israël accorde un répit de quelques semaines, dans le même temps qu’il laisse entrer l’aide humanitaire, entièrement bloquée aux niveaux des points de passage à la frontière avec l’Egypte depuis une quarantaine de jours, et cela contre la libération de la moitié des captifs israéliens encore vivants, et d’un certain nombre de ceux qui sont morts. Pour Israël ne pas tuer des civils palestiniens n’est plus un devoir, une exigence morale, dont la violation vaut crime de guerre, mais juste une concession, une carte dans les négociations, du même ordre par exemple qu’un échange de prisonniers.
Quand le gouvernement israélien parle d’intensifier la pression sur le Hamas, ce qu’il veut dire en fait, c’est qu’il va augmenter le nombre de palestiniens qu’il tue quotidiennement. Israël ne se soumettra pas aux conditions du Hamas, a martelé Netanyahou dans sa réponse à el Hayya, il poursuivra la guerre jusqu’à la réalisation de tous les objectifs qu’il s’est fixés, ce qui est loin d’être encore le cas. Ceux qui en Israël sont pour y mettre fin sans plus attendre, leur priorité étant non pas l’élimination du Hamas mais la libération des otages, ceux-là se refusent de voir que la paix dans ces conditions, a poursuivi Netanyahou, était illusoire, et qu’alors un nouvel 7-Octobre était juste une question de temps. Pour lui, la guerre n’est pas encore gagnée, contrairement à ce que prétendent un grand nombre d’Israéliens, peut-être même leur majorité. Elle ne le serait que lorsque tout nouveau 7-Octobre deviendrait impossible. Ainsi parle le premier ministre israélien, à l’adresse d’une opinion qu’il sait profondément divisée depuis quasiment le début de la guerre, il y a maintenant 19 mois, mais qui ces derniers temps semble être arrivée à un point de rupture. Pour le camp auquel appartient Netanyahou, faire la paix aujourd’hui revient à admettre la défaite. Jusque-là, cependant, on pensait que pour lui gagner la guerre, c’est vaincre le Hamas, en finir une bonne fois pour toutes avec lui. L’adresse de Netanyahou montre que le péril, de surcroît existentiel, qui pèse sur Israël ne se réduit pas au Hamas, qu’il peut surgir non pas seulement de Ghaza, mais de toutes les frontières qui l’entourent. Pour la première fois, Netanyahou dit que non seulement il n’est pas dans les intentions d’Israël de se retirer de Ghaza, ni du Liban ni de la Syrie, mais qu’il va étendre et renforcer la zone de séparation prise sur chacun de ses voisins. Du côté de l’Egypte, c’est l’extension de la zone occupée au sud, dans Rafah et ses environs, et tout autour de la bande de bande de Ghaza, qui est destinée à servir de rempart, à jouer le même rôle de protection que les occupations faites au détriment des autres voisins d’Israël. Qu’est-ce à dire, sinon que le gouvernement israélien non seulement ne songe pas à proclamer sa victoire, mais qu’il ne s’estime pas même à l’abri d’une débâcle de même ampleur que celle qu’il a déjà subie ?