Les Algériens de France « sont abasourdis par la situation et le climat médiatique »

Les membres de la diaspora algérienne en France sont, en quelque sorte, des victimes collatérales de la crise actuelle qui secoue les relations diplomatiques et politiques entre Paris et Alger.

Partagés entre le sentiment de double appartenance à leur patrie et à leur pays d’accueil, les Algériens vivant en France n’espèrent qu’une chose : que ces tensions s’apaisent pour qu’ils puissent vivre en paix. Prendre position n’est pas chose aisée pour plusieurs d’entre eux.

« Ça ne me regarde pas. Donner mon avis ? Ça ne m’attire que des ennuis »

Cités cette semaine dans un reportage de France 24, des Algériens de France et des Franco-Algériens, rencontrés principalement à Barbès, un quartier algérien du nord de Paris, se sont exprimés sur la situation.

Certains d’entre eux ont qualifié cette brouille d’inquiétante, mais d’autres n’ont pas souhaité prendre position, sans doute par peur de représailles, note le média.

Sollicité pour donner son avis sur les tensions diplomatiques actuelles entre les deux pays, un commerçant originaire d’Alger rencontré sur place a répondu : « Ce n’est pas mon problème et ça ne me regarde pas. Donner mon avis ? Ça ne m’attire que des ennuis ».

Non loin, un autre commerçant, un franco-algérien, affirme qu’il est convaincu que « la France et l’Algérie sont des peuples frères », soulignant que les tensions diplomatiques « sont très loin du quotidien des gens du quartier, où les Algériens sont surreprésentés ».

Pour étayer ses propos, il ajoute : « Nous travaillons avec des Français, des musulmans, des chrétiens, des juifs sans problème ». Concernant les déclarations de responsables de partis politiques français sur les Algériens, il déplore leurs attitudes, mais « préfère ne pas parler de politique ».

« Les gens sont abasourdis par la situation et le climat médiatique »

Pour sa part, le propriétaire d’une boutique de dattes estime que les tensions actuelles qui secouent les relations des deux pays ne sont qu’une « petite crise passagère ». Bien qu’il n’ait pas constaté de changements significatifs dans son quotidien, ce qu’il espère le plus, « c’est une bonne relation entre les deux pays ».

Rencontrée devant la Grande mosquée de Paris, une octogénaire originaire de Kabylie indique que ses compatriotes autour d’elle « sont abasourdis par la situation et le climat médiatique ». Selon elle, il est impossible pour les Algériens de France de balayer leur appartenance d’un revers de main, même s’ils se sentent français.

Mais ce n’est pas de l’avis de deux jeunes Franco-Algériennes âgées de 30 et 24 ans, qui affirment « ne pas avoir envie d’évoluer ou de fonder une famille en France ». L’une d’elles trouve que l’actualité est « fatigante et anxiogène ».

Bien qu’elle soit née en France, cette Franco-Algérienne, qui travaille dans le domaine du design, affirme que sa double appartenance lui donne le sentiment d’être partagée, car « en Algérie, elle est vue comme une Française et en France comme une étrangère ».

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