Les grillades de rue prennent le dessus pendant l’Aid El fitr

Dans les rues animées de la capitale et dans d’autres villes du pays, une odeur enivrante envahit l’air. Partout, des groupes de jeunes installent des barbecues dehors pour partager un rituel devenu incontournable en ces jours de l’Aïd El fitr: Des grillades à volonté en plein air.

Après un mois de jeûne, l’Aïd El-Fitr est synonyme de retrouvailles, de festivités mais aussi de gastronomie. Si les maisons sont le théâtre de repas copieux en famille, un autre phénomène prend de l’ampleur ces dernières années : la consommation de brochettes et de viandes grillées directement dans la rue.

Dès la fin de la prière de l’Aïd, des jeunes s’activent à installer des barbecues de fortune sur les trottoirs, les esplanades et même en bord de mer. Viandes marinées, merguez, côtelettes et foie de mouton sont disposés sur les grilles fumantes, répandant des effluves qui attirent les passants.

« C’est une tradition qui s’installe de plus en plus. Après la prière et la visite aux proches, on se retrouve entre amis pour déguster des grillades de viande et prolonger la fête », explique Sofiane, un jeune résidant dans l’un des quartiers populaires de la capitale.

Le phénomène n’est pas limité à Alger. Dans plusieurs villes du pays, les rues se transforment en véritables cuisines à ciel ouvert. Des jeunes deviennent des grilladins et insistent auprès des passants pour déguster leurs préparations, y trouvant aussi une opportunité de gagner un peu d’argent. « On partage un bon moment et, en même temps, on arrondit nos fins de mois », confie Mehdi, un étudiant qui, avec ses amis, installe un grill chaque année.

Si l’ambiance festive ravit de nombreux Algériens, cette tendance ne fait pas l’unanimité. Certains dénoncent une occupation anarchique de l’espace public et des risques sanitaires liés à une cuisson parfois improvisée. « C’est agréable à voir, mais il faudrait encadrer cette pratique pour éviter les problèmes d’hygiène et les nuisances », estime Abdelkader, un commerçant.

De son côté, Nadia, une mère de famille, se dit partagée : « Mon fils adore cette ambiance et y retrouve ses amis, mais je m’inquiète toujours des conditions de cuisson et de la qualité de la viande. »

De leur côté, les autorités locales tolèrent cette tradition tant qu’elle reste dans les limites du respect de l’environnement et de l’ordre public. Toutefois, dans certaines villes, des campagnes de sensibilisation sont menées pour inciter les jeunes à adopter des pratiques plus responsables, notamment en nettoyant les lieux après avoir fini. « On nous demande de ne rien laisser derrière nous, et c’est normal. On essaie de respecter cela », témoigne Karim, un jeune habitué de ces grillades.

Malgré les débats, la tradition des grillades en pleine rue semble bien ancrée et continue de se répandre. Pour beaucoup, c’est une manière de célébrer l’Aïd autrement, en partageant un moment de joie avec amis et proches. « Après un mois de privation, on a envie de savourer ces instants », confie Hakim.

Si certains y voient une simple mode passagère, d’autres estiment que cette coutume pourrait s’inscrire durablement dans les traditions festives algériennes. En attendant, les grillades de l’Aïd ont parfumé durant trois jours les rues, ajoutant une touche de chaleur humaine et de partage aux célébrations de cette fête religieuse.

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