Pour la toute première fois de son histoire, la sélection nationale de rugby à XV a officiellement lancé son stage de préparation sur le sol algérien, plus précisément à Ain Benian, Alger.
Ce choix, loin d’être anodin, revêt une signification profonde et symbolique. Il traduit une volonté claire et affirmée de se rapprocher du territoire national, de faire vibrer les joueurs au contact direct de la terre de leurs ancêtres et, surtout, d’ancrer durablement le rugby dans le paysage sportif algérien, encore en pleine émergence. Cette démarche est particulièrement forte, notamment pour les joueurs issus de la diaspora, dont plusieurs découvrent l’Algérie pour la toute première fois de leur vie. « Il y avait beaucoup d’émotion à l’arrivée. Certains ont eu les larmes aux yeux », confie avec émotion le manager général de la sélection, Azzouz Aïb. Cette rencontre entre identité, patriotisme et sport a insufflé à ce rassemblement une intensité toute particulière, qui dépasse largement le simple cadre sportif. En stage à Aïn Benian, les camarades de Nadir Meghdoud s’entraînent avec une rigueur impressionnante, suivant un rythme soutenu de trois séances quotidiennes. Chaque journée débute par une première séance sur le terrain, dès le matin, suivie d’une session de musculation à la mi-journée et se conclut par une séance technico-tactique en soirée. Le programme est donc extrêmement chargé, mais le groupe s’est montré pleinement investi, discipliné et concentré, avec un état d’esprit exemplaire, à la hauteur des ambitions affichées.
Direction l’Ouganda pour une mission capitale
Ce samedi, la sélection algérienne s’envolera pour l’Ouganda, pays hôte de la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations de rugby à XV. En quart de finale, les Algériens auront la lourde tâche d’affronter la Côte d’Ivoire, une équipe reconnue pour sa solidité et son expérience sur le continent. Ce premier match constitue une étape décisive dans un tournoi qui s’annonce particulièrement relevé et compétitif. La compétition revêt une importance capitale, puisqu’elle est directement qualificative pour la Coupe du monde 2027, qui se déroulera en Australie. Il s’agit d’un objectif immense, jamais atteint jusqu’à présent par l’Algérie, mais qui semble désormais à portée de main, tant les progrès de l’équipe sont palpables et prometteurs. Les Verts auront à cœur de faire mieux que lors de l’édition précédente, où ils avaient réussi à se hisser jusqu’en finale avant de s’incliner de justesse. Cette année, leur ambition est claire : aller jusqu’au bout, remporter le tournoi, s’élever au sommet du rugby africain et surtout faire résonner l’hymne algérien sur les pelouses de l’hémisphère Sud en 2027, un rêve qui motive chaque joueur et chaque membre du staff.
Une équipe renouvelée, un groupe uni
La principale nouveauté de cette campagne réside dans la profonde refonte de l’effectif. Près de 60% des joueurs sélectionnés sont en effet de nouvelles recrues, la majorité évoluant dans des championnats professionnels de haut niveau, en France, en Angleterre ou dans d’autres pays européens. Cette stratégie ambitieuse vise à élever significativement le niveau général de l’équipe tout en conservant un socle d’expérience grâce aux cadres de la précédente édition, qui apportent leur savoir-faire et leur leadership. Les nouveaux venus insufflent au groupe une fraîcheur bienvenue, une intensité nouvelle, ainsi qu’une culture de haut niveau indispensable pour rivaliser avec les meilleures équipes africaines. Au-delà de la qualité purement sportive, c’est surtout la cohésion du groupe qui impressionne. Chaque joueur affiche un engagement total et une détermination sans faille. Cette solidarité est renforcée par un élément fort : tous jouent bénévolement, sans prime ni contrat professionnel, animés uniquement par la fierté de porter le maillot national. L’amour du pays est leur seul et unique moteur.
Le rugby africain monte en puissance
Dans ce contexte, l’Algérie s’inscrit pleinement dans une dynamique continentale très prometteuse. Le rugby africain connaît en effet une croissance exponentielle ces dernières années, avec plusieurs nations qui investissent massivement dans la formation, le développement des infrastructures et la promotion de ce sport. Le Kenya, la Namibie, l’Ouganda ou encore le Zimbabwe sont devenus des acteurs majeurs, avec des performances remarquables sur la scène internationale. La Namibie, par exemple, participe régulièrement aux Coupes du monde, tandis que le Kenya domine le rugby à 7, et plusieurs pays émergents bénéficient d’un vivier de joueurs issus de la diaspora. C’est dans ce paysage en pleine mutation que l’Algérie tente de s’imposer durablement. En misant sur un vivier de talents algériens formés à l’étranger, en construisant une identité propre, et en nourrissant un rêve ambitieux de destin mondial, les Verts cherchent à faire rayonner une discipline encore jeune dans le pays, à la faire connaître et à susciter l’enthousiasme du grand public. L’enjeu dépasse largement le cadre sportif : il s’agit de bâtir un véritable héritage, de faire du rugby un élément fédérateur et une source de fierté nationale.
A.A.