Sahara occidental : Bolton accable le Maroc et la France
L’ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche sous Donald Trump et ancien représentant américain à l’ONU, John Bolton revient à la charge sur le dossier du Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975. Dans une interview diffusée par la « Radio Révolution du Sahara occidental », John Bolton a livré une analyse pointue […] The post Sahara occidental : Bolton accable le Maroc et la France appeared first on Le Jeune Indépendant.

L’ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche sous Donald Trump et ancien représentant américain à l’ONU, John Bolton revient à la charge sur le dossier du Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975.
Dans une interview diffusée par la « Radio Révolution du Sahara occidental », John Bolton a livré une analyse pointue et très instructive sur l’échec du plan Baker II en 2003, qui était presque tout proche d’arriver à une solution définitive du dossier sahraoui. Selon le diplomate américain, les raisons de l’échec du règlement sont imputées directement à Rabat, qui s’est montré intransigeant.
Il faut dire que le plan Baker était à sa seconde mouture, quelque peu remanié après plusieurs rounds de négociations entre le Front Polisario et le Makhzen aux Etats-Unis sous sa direction. Le plan proposait une autonomie limitée suivie d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui quelque temps plus tard.
Selon Bolton, l’échec de la deuxième mouture du plan Baker est indissociablement lié au « refus du gouvernement marocain de garantir » cette séquence démocratique.
« On travaille à organiser ce référendum depuis 1991, date à laquelle James Baker a proposé plusieurs orientations », a rappelé M. Bolton, soulignant que « les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies étaient claires et transparentes, avec l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui, lui permettant soit de rejoindre le Maroc, soit d’accéder à l’indépendance, ce que le Maroc a refusé. »
Dans la foulée, l’ancien ambassadeur a rappelé qu’en « 1997, Baker avait tenté une approche différente et, malgré l’accord du Maroc et du Polisario, rien ne s’est produit ».
Plus explicite sur les raisons de cet enlisement, M. Bolton a indiqué que « malgré l’annonce à certains moments de sa volonté d’étudier différentes alternatives, le Maroc a poursuivi sa politique de fait accompli colonial ». A cette époque, il faut dire que Rabat était soutenu militairement et diplomatiquement par la France. C’est d’ailleurs Paris qui a émis une dernière proposition de colonisation, à savoir le fameux plan d’annexion en 2007, qui a saboté les efforts de tous les envoyés spéciaux de l’ONU.
D’ailleurs, la politique expansionniste du Maroc a complètement paralysé le rôle et les missions de la Minurso, la mission onusienne créée en 1991 pour réaliser le référendum selon un processus légal et contrôlé. Cette mission a été prise en otage par Rabat, afin de gagner du temps et de mettre en place sa stratégie d’occupation totale du territoire sahraoui et l’exploitation de ses richesses naturelles.
« Lorsque nous avons créé la Minurso, il y avait la conviction que l’ONU avait peut-être retrouvé sa crédibilité et sa capacité à réaliser ce que ses fondateurs espéraient en 1945 », a expliqué M. Bolton, évoquant l’optimisme qui régnait après la guerre du Golfe.
« On pensait qu’organiser un référendum était possible, d’autant plus avec une population peu nombreuse et un consensus à son sujet, mais le Maroc a réussi à entraver le processus pendant plus de 30 ans », a déploré John Bolton.
Pour l’ancien conseiller de Trump, la Minurso devrait être purement et simplement dissoute si le référendum d’autodétermination n’est pas organisé, jugeant illusoire son maintien dans ces conditions.
Allant plus loin dans son analyse, M. Bolton a souligné qu’au-delà du conflit sahraoui, il existe des interconnexions des crises régionales, établissant un lien direct entre la décolonisation du territoire sahraoui et la stabilité de toute la région du Sahel.
Dans ce sens, il a fermement dénoncé la « politique expansionniste du régime du Makhzen » et ses « revendications territoriales ciblant des zones en Algérie et en Mauritanie », illustrées, selon lui, par certaines cartes marocaines, un point particulièrement sensible dans le contexte des relations algéro-marocaines.
Dans le même ordre d’idées, il a évoqué le jeu trouble et malsain de la France dans la question sahraouie, appelant les pays européens à accorder « une plus grande attention » à la question du Sahara occidental, en raison de sa proximité géographique avec le continent.
Pour M. Bolton, si les populations africaines rejettent de plus en plus l’influence française, « la France, par l’intermédiaire de son allié marocain, se bat pour maintenir sa position dans cette partie du monde ». Selon lui, « la perte du Maroc signifie la perte de l’influence française en Afrique ».
Après avoir estimé qu’« aucun pays se réclamant de la démocratie ne devrait s’opposer au droit des Sahraouis à voter », M. Bolton a tenu à saluer le « travail excellent » du Front Polisario, qui a su « maintenir les gouvernements occidentaux et l’Union africaine informés de la politique coloniale du Maroc et de son refus d’appliquer les résolutions de l’ONU et de se conformer au droit international ».
Il a également affirmé que « le Maroc a échoué à déformer l’image et la réputation du Front Polisario, le représentant unique et légitime du peuple sahraoui », ajoutant que « toutes les tentatives marocaines de saper la crédibilité du Front sont tombées devant le contrôle international rigoureux des observateurs de l’ONU ».
Le Front Polisario a toujours participé « de bonne foi » aux négociations, visant à mettre fin à un conflit qui dure depuis un demi-siècle, a-t-il précisé, jugeant « inacceptable de maintenir le statu quo ».
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