Trump déclare avoir reçu mission de sauver l’Amérique du déclin

La passation du pouvoir entre Joe Biden et Donald Trump, en apparence tout au moins, a été un modèle du genre, un exemple d’alternance pacifique, la classe dirigeante américaine ayant pris un soin particulier pour qu’il en soit ainsi, pour qu’elle ne ressemble en rien à la précédente, qui elle aussi s’était produite entre les […]

Jan 21, 2025 - 21:27
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Trump déclare avoir reçu mission de sauver l’Amérique du déclin

La passation du pouvoir entre Joe Biden et Donald Trump, en apparence tout au moins, a été un modèle du genre, un exemple d’alternance pacifique, la classe dirigeante américaine ayant pris un soin particulier pour qu’il en soit ainsi, pour qu’elle ne ressemble en rien à la précédente, qui elle aussi s’était produite entre les deux hommes. Trump avait boycotté la cérémonie d’investiture de Biden en 2021, mais pas celle de Trump par Biden quatre plus tard. On aurait été plus près de la guerre civile si lundi dernier Biden avait voulu prendre sa revanche. Mais il était présent, assis à deux pas derrière Trump, au moment où celui-ci faisait son speech inaugural, dans lequel sa personne, son administration et sa famille politique ont été dépeints sous les traits les moins élogieux, pour ne pas dire les plus insultants. Biden s’est tenu coi pendant la demi-heure qu’a duré ce discours de l’extrême, faisant attention à ne trahir ses sentiments d’aucune façon, malgré les flèches qui tombaient dru sur lui, les unes directement décochées vers lui, les autres dans sa proximité, parfois immédiate.

Trump a qualifié ce premier jour de son retour triomphal au pouvoir de jour de libération, après avoir commencé par dire qu’il marquait le début de l’âge d’or pour l’Amérique. Le seul emploi de ce mot est une injure pour Biden et les démocrates, car il implique que leur pouvoir était celui de l’usurpation, de la corruption, et du crime, ces deux derniers mots d’ailleurs prononcés par l’orateur. Pour Trump et ses partisans, ce qui se produisait n’était pas tant une alternance qu’une libération, le renversement d’un pouvoir illégitime, un peu comme si l’assaut du 6 janvier 2021 s’était rejoué et qu’il avait réussi. Ceux des présents qui avaient été au pouvoir, qu’ils soient républicains ou démocrates, n’ont sans doute pas pensé que Trump allait manquer à tous les usages, afficher un tel mépris pour eux et leur héritage, la cérémonie d’investiture ayant été jusque-là l’occasion d’exalter la démocratie américaine, la continuité de ses instituions, leur viabilité, leur solidité. Pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis, ils voient un président légitime se dit choisi à la fois par le peuple américain rassemblé et par Dieu. Par Dieu, car son sans intervention, lui Trump ne serait pas là pour assister à son intronisation. Par le peuple, parce qu’il n’a pas seulement été élu, mais plébiscité. Et il sait pourquoi Dieu et le peuple lui ont rendu le pouvoir dont il avait été spolié il y a quatre ans, pour qu’il rende l’Amérique à nouveau grande, maîtresse du monde, pour qu’il enraye son déclin. L’âge d’or promis ne serait donc en fait que cela, un renversement de la tendance générale, à l’œuvre de longue main, de plus loin que les quatre dernières années par conséquent, qui si elle se poursuivait ferait de l’Amérique un pays comme un autre, sans mission particulière ici-bas, sans Destin Manifeste. La culture américaine prédispose à la prédication, à la volonté de puissance, à l’expansion territoriale, à l’impérialisme. Transformer la régression en expansion tel est en un mot le programme de Trump. Une ambition qui à l’évidence exige plus que quatre ans pour se réaliser. De là la question qui en vérité se posait déjà mais qui se confirme, qui est la suivante : un président rappelé par Dieu et par son peuple rassemblé accepterait-il de quitter le pouvoir à la fin de son mandat ?