Université des sciences de la santé Youcef El Khatib : Les futurs médecins inquiets pour leur avenir
La nouvelle année universitaire a démarré, ce lundi, à l’Université des sciences de la santé Youcef El Khatib de Ben Aknoun à Alger. Si l’événement d’accueil des nouveaux bacheliers a pris des airs de fête, il n’a pas suffi à dissiper les inquiétudes persistantes, autour des incertitudes professionnelles qui pèsent sur les futurs médecins. La […] The post Université des sciences de la santé Youcef El Khatib : Les futurs médecins inquiets pour leur avenir appeared first on Le Jeune Indépendant.

La nouvelle année universitaire a démarré, ce lundi, à l’Université des sciences de la santé Youcef El Khatib de Ben Aknoun à Alger. Si l’événement d’accueil des nouveaux bacheliers a pris des airs de fête, il n’a pas suffi à dissiper les inquiétudes persistantes, autour des incertitudes professionnelles qui pèsent sur les futurs médecins.
La faculté a accueilli les nouveaux étudiants pour une journée d’immersion placée sous le signe de la découverte et de la convivialité. Entre stands d’information, activités culturelles et sportives, une table de ping-pong a même fait son apparition et échanges avec les nouveaux arrivants, l’événement avait tout d’un « Open Day » à l’internationale. Une manière festive de lancer l’année universitaire 2025-2026 et d’initier, surtout, les étudiants de première année aux trois grandes spécialités que regroupe ce campus, à savoir la médecine, la pharmacie et la médecine dentaire.
« C’est très sympa, on a l’impression de vraiment entrer dans la vie universitaire », a déclaré au Jeune Indépendant, Lyna, nouvelle étudiante, en découvrant les amphithéâtres du vaste site. D’autres partagent le même enthousiasme, bien que certaines inquiétudes transparaissent déjà, notamment autour de l’usage de l’anglais. « Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique nous dit que c’est facultatif, mais les enseignants annoncent que certains cours, surtout en informatique ou autres, seront dispensés en anglais… pour l’instant, on n’y comprend pas grand-chose », a confié un étudiant de première année.
Si l’ambiance de la journée inaugurale se voulait détendue, les plus anciens rappellent que le quotidien des sciences médicales est bien plus exigeant. « Les cours n’ont pas encore commencé, mais comme chaque année, le programme est surchargé, c’est énormément de travail. L’an dernier, avec la grève qui a duré plus d’un trimestre, nous avons dû rattraper en accéléré, c’était très intense ! », a expliqué Riad, étudiant en cinquième année de médecine. « On attend toujours l’application des solutions concrètes et durables », renchérit son camarade Wail. Il convient de souligner que, selon eux, par peur de voir leur parcours marqué par une année blanche, les étudiants ont rejoint les bancs de l’université.
Ces mouvements de contestation, rappelons-le, ont marqué profondément la précédente année universitaire. Le Caucus national des étudiants en sciences médicales avait initié une grève ouverte, en octobre 2024, pour dénoncer les manquements répétés dans leur formation, entre autres le manque de stages pratiques, l’absence de cahier de stage dédié au médecin interne en septième année, les conditions difficiles, les postes de résidanat, etc. À cela s’ajoutent des revendications persistantes autour de la reconnaissance des diplômes gelée par les autorités, pour limiter l’exode des médecins vers l’étranger, ainsi que le montant jugé dérisoire des bourses attribuées aux internes.
Pour nombre d’étudiants, l’inquiétude dépasse le cadre universitaire. Ce sont les perspectives professionnelles qui comptent. « On nous forme, mais derrière, on n’est pas sûrs de trouver un poste. Cette disparité entre les besoins en effectifs des hôpitaux et le nombre de médecins formés crée un climat de peur. Moi, j’ai carrément peur d’être au chômage après tant d’années d’études et de sacrifices », a témoigné Mourad, étudiant en cinquième année de médecine.
Pour rappel, l’annonce d’une exclusion automatique de trois ans en cas d’abandon de poste a également ravivé les tensions, perçue comme une mesure punitive qui ne fait qu’aggraver le blocage.
Selon le communiqué du ministère, la mise en application de l’article 9 — relatif aux conditions d’inscription à la phase de formation en spécialité médicale — a été suspendue. Cette décision intervient dans l’attente d’une révision du texte, qui sera menée avec la participation des représentants des étudiants. Elle fait suite à la rencontre initiée en décembre 2024 par le ministre Baddari, réunissant les doyens des facultés ainsi que les représentants des étudiants des trois filières médicales : médecine, pharmacie et chirurgie dentaire.
Le ministère de l’Enseignement supérieur, en coordination avec d’autres acteurs gouvernementaux, a tenté d’apporter des réponses à la crise en mettant en place plusieurs mesures, parmi lesquelles la levée de la mesure de gel, l’augmentation du nombre de postes de résidanat et de la bourse, ainsi que la réduction du nombre d’étudiants admis en sciences médicales dès cette année… Toutefois, ces dispositions restent considérées par les étudiants interrogés comme étant, pour certaines, encore « en attente » et, pour d’autres, jugées « insuffisantes ».
D’ailleurs, pour les futurs médecins, le problème demeure entier, ils s’interrogent sur leur avenir dans un système de santé national en souffrance, selon eux, où au-delà du spectre du chômage, les conditions de travail sont extrêmement difficiles.
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