Affaire Ihebounene Le maire d’Aokas donne sa version des faits

Depuis la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant deux habitants d’Ihebounene dénonçant la situation de leur quartier, la tension est montée d’un cran. Trois points sont soulevés par les intervenants : l’absence de route carrossable, le manque de gaz de ville et l’absence d’éclairage public. Face à la vague d’interrogations, le maire d’Aokas, […]

Juil 29, 2025 - 00:08
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Depuis la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant deux habitants d’Ihebounene dénonçant la situation de leur quartier, la tension est montée d’un cran. Trois points sont soulevés par les intervenants : l’absence de route carrossable, le manque de gaz de ville et l’absence d’éclairage public.
Face à la vague d’interrogations, le maire d’Aokas, Saïd Bourenane, a décidé de s’exprimer. Nous l’avons rencontré à son bureau, au siège de l’APC, en compagnie de son adjoint, Abdelghani Bouslah. Calme mais ferme, le maire souhaite, dit-il, «remettre les pendules à l’heure».
«Ce n’est pas la commune qui bloque la route, c’est une opposition familiale»
Premier sujet évoqué : la route carrossable qu’Ihebounene attend toujours.
«La vérité, c’est que cette route aurait déjà pu être réalisée depuis longtemps», commence Saïd Bourenane, d’un ton grave. «Mais il y a une opposition. Une opposition d’un membre de la famille Adrar qui refuse catégoriquement que la voie passe sur une portion de terrain qu’il revendique».
Le maire l’admet, ce type de conflit n’est pas rare. «Dans plusieurs villages, on se heurte aux mêmes blocages. Tant que ces oppositions ne sont pas levées, la commune est pieds et poings liés. On ne peut pas engager des travaux sans être dans la légalité».
Un sentier ancré dans les mémoires, mais absent des plans
Autre revendication des habitants : l’existence d’un sentier ancien, présenté dans la vidéo comme une voie traditionnelle aujourd’hui négligée par les autorités. «Oui, ce sentier existe depuis des décennies. Je l’ai moi-même emprunté, comme beaucoup d’Aokassiens de mon âge», confirme le maire avec un soupçon de nostalgie. «Mais je dois aussi rappeler que l’administration ne peut pas se baser uniquement sur la mémoire collective».
Il poursuit : «J’ai demandé aux représentants d’Ihebounene de nous fournir un document officiel, une preuve cartographique montrant que ce sentier figure dans les plans cadastraux de Constantine. Pour l’instant, je n’ai rien reçu».
L’éclairage public ? «On ne peut pas poser des poteaux avant d’ouvrir la route».
Pour le gaz de ville, le maire nous a confirmé que les foyers d’ihebounene seront raccordés depuis Tabellout, et le maire d’Aokas dit rester ouvert au dialogue. Il affirme qu’il ne s’agit pas de minimiser les doléances des citoyens, mais de les replacer dans leur contexte.
«Je comprends la frustration des habitants d’Ihebounene. Mais la solution ne viendra pas d’un coup de baguette magique. Elle viendra d’un travail commun, d’un respect mutuel et de la recherche de compromis. Nous sommes prêts à avancer, mais il faut que chacun accepte de jouer son rôle».
Il conclut sur une note d’espoir : «J’invite les représentants du quartier à revenir vers nous avec des éléments concrets. Ensemble, on peut débloquer les choses. Mais pas à travers les réseaux sociaux. Ce sont les dossiers et les documents qui font avancer les projets». Le dossier d’Ihebounene est un cas parmi tant d’autres, symptomatique des difficultés auxquelles font face les communes rurales entre revendications citoyennes légitimes, obstacles administratifs et conflits de voisinage non résolus. La volonté d’agir semble partagée, mais le dialogue reste l’unique voie possible pour faire sortir ce quartier de l’ombre.
Hafit Z.