Attaf : «L’établissement de l’Etat palestinien n’est pas un choix mais un impératif absolu»

Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a réitéré, lundi à New York, l’appel du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour l’octroi à l’Etat de Palestine le statut de membre à part entière de l’Organisation des Nations ... Lire la suite

Sep 30, 2025 - 06:00
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Attaf : «L’établissement de l’Etat palestinien n’est pas un choix mais un impératif absolu»

Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a réitéré, lundi à New York, l’appel du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour l’octroi à l’Etat de Palestine le statut de membre à part entière de l’Organisation des Nations unies, affirmant qu’il incombe au monde entier de comprendre que l’établissement de l’Etat palestinien n’est pas un choix, mais un impératif absolu pour rétablir la sécurité et la stabilité dans l’ensemble du Moyen-Orient.

Dans son allocution devant le segment de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU, Attaf a affirmé que l’Algérie «salue l’élan des reconnaissances diplomatiques de l’Etat de Palestine, et renouvelle l’appel lancé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour permettre à l’Etat palestinien d’obtenir le statut de membre à part entière de notre organisation onusienne», ajoutant que «le monde entier doit comprendre que l’établissement de l’Etat palestinien n’est pas un choix mais un impératif absolu, ce n’est pas une faveur, mais un droit légitime et profondément enraciné, et ce n’est pas un souhait, mais une condition sine qua non, indispensable et incontournable pour rétablir la sécurité et la stabilité dans toute la région du Moyen-Orient».

Dans cette perspective, a-t-il poursuivi, «l’Algérie suit avec une grande attention les négociations en cours sous l’égide des Etats-Unis d’Amérique visant à mettre fin aux tragédies qui frappent Gaza, elle encourage ces efforts et espère vivement qu’ils aboutiront à mettre fin au désastre à Gaza, à travers une prise en charge réelle de toutes les racines du conflit israélo-palestinien».

Le ministre d’Etat a assuré que «les années qui sont passées, aussi longues soient-elles, ne sauraient jamais entamer ni la volonté des peuples, ni la justesse de leurs causes, ni la légitimité de leurs revendications».

Attaf a, par ailleurs, mis en garde contre le fait que la cause palestinienne est aujourd’hui confrontée au plus grand danger de son histoire, «celui de sa liquidation par l’annexion des terres, le déplacement forcé du peuple, le resserrement de l’étau sur les institutions légitimes qui l’incarnent et la remise en cause de la solution consensuelle à deux Etats», soulignant que «ce danger dépasse désormais les frontières de la Palestine, l’occupation israélienne affichant ouvertement sa volonté de ressusciter et de mettre en œuvre le soi-disant projet du Grand Israël».

Cette situation impose à l’ensemble de la communauté internationale davantage de responsabilités, notamment, celle «d’agir pour que la fin de la huitième décennie de notre organisation soit la fin des souffrances, des tragédies et des épreuves infligées au peuple palestinien, la responsabilité d’œuvrer à épargner aux pays voisins de la Palestine, notamment le Liban, la Syrie, l’Egypte et la Jordanie, les horreurs des menaces et des dangers que le projet expansionniste israélien leur promet, ainsi que la responsabilité d’oeuvrer à préserver les fondements et piliers de la solution à deux Etats et d’accélérer l’établissement d’un Etat palestinien indépendant et souverain sur les frontières de 1967, avec Al-Qods pour capitale, comme solution juste, durable et définitive au conflit israélo-palestinien», a-t-il soutenu.

Et d’ajouter : «Il nous incombe à nous tous, Etats membres, la responsabilité entière de réhabiliter le droit international, d’apporter l’efficacité requise à l’action multilatérale internationale, ainsi que de permettre à l’Organisation des nations unies de retrouver sa place en tant que cœur battant du système international fondé sur la primauté du droit et de la loi».

Le fait accompli imposé dans les territoires sahraouis, une occupation aux yeux du droit international  

Evoquant la question du Sahara Occidental, Attaf a affirmé qu’elle «demeure une question de décolonisation, le peuple sahraoui reste en droit d’exercer son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination, et le fait accompli imposé dans les territoires sahraouis reste une occupation aux yeux du droit international et de la doctrine immuable des Nations unies», précisant que «le temps peut retarder la réalisation d’un droit, mais il ne peut l’annuler, et ne saurait justifier le fait de légitimer l’injustice et d’annuler le droit, cette auguste assemblée en est le meilleur témoin, en donnant raison à mon pays et à mon peuple il y a sept décennies».

La véritable solution escomptée à ce conflit doit impérativement respecter cinq principes majeurs, à savoir : «que cette solution se fasse sous le parrainage total et permanent de l’ONU, qu’elle soit fondée sur des négociations directes entre les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, qu’elle soit élaborée et définie par les deux parties au conflit, et non imposée ou dictée par l’une d’elles ou par toute autre partie, que le contenu de cette solution soit conforme aux exigences de la doctrine onusienne de décolonisation et d’équité pour les peuples sous occupation, et  qu’elle permette au peuple sahraoui d’exercer réellement son droit à l’autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies», a souligné le ministre d’Etat.

Abordant la crise libyenne, qui se complique de jour en jour, selon lui, et «vu l’intérêt international décroissant pour celle-ci et l’absence de toute perspective réelle de règlement pacifique escompté», et 14 ans après son déclenchement, ce pays frère demeure «otage des divisions que les ingérences étrangères attisent, nourrissent et exploitent conformément à des plans qui ne veulent pas du bien à la Libye, ni à sa sécurité, ni à sa stabilité».

«Si les choses étaient seulement entre les mains des Libyens, ils seraient parvenus à résoudre leurs différends et à s’engager sur la voie menant vers la fin de cette crise depuis déjà longtemps», a-t-il affirmé, soulignant qu’»il est temps de mettre un terme définitivement aux ingérences étrangères dans les affaires libyennes, pour que ce peuple digne puisse panser ses blessures, resserrer ses rangs et réunifier ses enfants. Alors et seulement alors, nous aurons préparé la voie à un règlement consensuel fondé sur l’organisation d’élections présidentielle et parlementaires, à travers lesquelles, les Libyens choisiront leurs représentants parmi ceux qui croient au projet national libyen unifié et fédérateur».

Sur le plan continental élargi, Attaf a indiqué que l’Algérie réaffirme «son engagement à contribuer, comme partie prenante, à l’action africaine commune, d’autant plus que l’Afrique est à l’orée d’une étape charnière de son histoire, tiraillée par les défis qui pèsent lourdement sur elle d’une part, et les opportunités qui jettent les bases de sa renaissance pérenne, d’une autre part».

«La réalité africaine impose l’impératif de prendre en charge les crises, les conflits et les affrontements qui n’ont épargné aucun territoire des cinq sous-régions de notre continent, désormais plus exposé au phénomène du terrorisme, d’où la nécessité de saisir les opportunités de coopération et d’intégration offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et de l’adhésion totale aux révolutions technologiques que connait notre monde aujourd’hui, avec toutes leurs composantes, ainsi que la nécessité de mettre un terme à des décennies de marginalisation injuste de notre continent dans les différents centres de décision internationaux, à commencer par le Conseil de sécurité onusien, passant par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), jusqu’à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Dans ce contexte, il a exprimé sa profonde préoccupation «face aux restrictions imposées aux opérations de maintien de la paix en Afrique, qui limitent leur capacité et les vident de leur substance, au nom de la nécessité de rationaliser les dépenses», soulignant que ces opérations de maintien de la paix constituent l’aspect le plus visible et le plus sincère de l’engagement de la communauté internationale à soutenir la sécurité et la stabilité sur notre continent, et que les compromettre revient à saper cet engagement et à menacer les fondements et les piliers de la sécurité collective sur lesquels repose notre Organisation».

Quant à l’espace euro-méditerranéen, Attaf a déclaré que l’Algérie continue d’»assurer les responsabilités qui lui incombent en tant que partenaire constructif et fiable, pleinement engagé dans tous les efforts et initiatives visant à assurer la sécurité et la prospérité dans cet espace commun».

«Le défi le plus important dans cet espace, à savoir le triptyque sécurité, développement et migration clandestine, impose aux pays des deux rives de dépasser la logique des approches fragmentées et d’adopter une approche globale et intégrée qui, nous l’espérons, constituera le cœur de ce que l’on appelle +l’initiative du nouveau Pacte pour la Méditerranée+, une méthodologie qui rétablit l’équilibre souhaité dans l’approche et le contenu des relations euro-méditerranéennes et fait du développement économique de la rive Sud une priorité commune à caractère stratégique et urgent, de même qu’elle redéfinit les rôles afin que la rive Nord s’acquitte de son rôle de locomotive de la croissance et du développement, dans le cadre d’un partenariat équilibré fondé sur l’investissement, le transfert de technologies et l’ouverture de perspectives réelles de prospérité commune», a-t-il soutenu.

R. I.