Au sujet de la normalisation avec Israël : ce que signifie la réponse de Tebboune
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Par Abdelkader S. – Il allait sans dire que le journal français qui a publié l’interview fleuve du président Tebboune allait titrer sur le passage relatif à la normalisation avec Israël. Pour au moins deux raisons. D’abord, parce que c’est cet aspect de l’entretien qui allait immanquablement accrocher le lecteur ; ensuite, parce qu’aussi bien l’entité sioniste que ses soutiens en Occident et dans le monde arabe sont convaincus que la guerre au Proche-Orient ne cessera que si l’Algérie rejoint la cohorte des Etats signataires des accords d’Abraham. Cette confidence a été faite par un haut fonctionnaire du ministère israélien des Affaires étrangères à un journaliste algérien, à Madrid, en 1991.
En Algérie, le premier à tressaillir suite à la déclaration du chef de l’Etat est le MSP, le parti islamiste appendice de l’AKP turc en Algérie. Une réaction hypocrite lorsqu’on sait que Recep Tayyip Erdogan entretient d’excellentes relations avec le criminel de guerre israélien Benyamin Netanyahou, la Turquie continuant de commercer avec le régime nazi de Tel-Aviv pendant que l’armée israélienne massacre les populations civiles à Gaza.
Mais, par-delà le communiqué fantasque du MSP, qui cherche à amadouer l’opinion publique algérienne et à glaner des voix pour les prochaines échéances électorales, d’aucuns se sont tout de même interrogés sur le sens profond de la réponse de Tebboune au journal français, qui s’est tout naturellement empressé de mettre cette dernière en titre. Le chef de l’Etat a, avant de mettre les pieds dans le plat, car conscient du caractère névralgique du sujet, rappelé la position de ses deux prédécesseurs, et non des moindres, les défunts Chadli Bendjedid et Abdelaziz Bouteflika, qui ont présidé aux destinées du pays, le premier durant quatorze ans et le second vingt ans, pour étayer sa réponse et éviter que son propos soit interprété comme étant inédit ou dérogeant à l’une des constantes du pays.
Abdelmadjid Tebboune a, ensuite, expliqué que la normalisation avec Israël serait possible à la condition sine qua non que Tel-Aviv reconnaisse officiellement l’Etat palestinien. Le président a omis, cependant, d’ajouter que l’autre condition est que la ville sainte d’El-Qods revienne de droit à la Palestine qui en fera sa capitale. En adoptant une telle position, le président de la République n’a, en réalité, fait que rappeler la revendication essentielle des Palestiniens et de la communauté internationale, à savoir l’application stricto sensu de la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies, et balayer d’un revers de main toute accusation d’antisémitisme.
Cette résolution, adoptée plusieurs mois après la guerre de Six-Jours qui, en juin 1967, a permis à Israël de prendre le contrôle de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, ainsi que de la péninsule du Sinaï égyptien et du Golan syrien, soulignait «l’inadmissibilité de l’acquisition de territoire par la guerre et la nécessité d’œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque Etat de la région de vivre en sécurité». La résolution «affirme que l’accomplissement des principes de la Charte [des Nations unis] exige l’instauration d’une paix juste et durable au Moyen-Orient, qui devrait comprendre l’application de deux principes». Ces principes sont «le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du conflit et la cessation de toutes assertions de belligérance ou de tous états de belligérance et respect et reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque Etat de la région et leur droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues à l’abri de menaces ou d’actes de force».
Or, cette résolution n’a jamais été respectée par Israël, d’où la position immuable de l’Algérie, réitérée par le président Tebboune dans son entretien à L’Opinion, à savoir que l’Algérie n’établira jamais de relations avec l’entité sioniste tant que son régime fasciste continuera de violer superbement le droit international. Dit autrement, il n’y a aucun changement dans la position de l’Algérie relativement à ce dossier sensible, le chef de l’Etat n’ayant fait qu’utiliser un euphémisme pour opposer, une nouvelle fois, un «non» catégorique à Israël.
A. S.
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