Israël, France, Maroc, Ukraine, Syrie, Sahel : Tebboune tire les choses au clair

Par Kamel M. – C’est sans langue de bois que le président Tebboune a répondu aux questions du journal français L’Opinion, dans une interview qui tombe à point nommé, pour tirer au clair un certain nombre de choses dans le contexte international chaotique actuel, dans lequel l’Algérie joue un rôle positif. Le chef de l’Etat a été interrogé sur l’actualité brûlante et qui concerne notre pays directement. Le chef de l’Etat n’a pas manqué d’ironiser sur «certains politiques français [qui] disent que l’Algérie est isolée». «Cela nous fait bien rire», a-t-il dit, en rappelant qu’il a reçu tout à la fois le commandant d’Africom et le vice-Premier ministre russe.

Interrogé sur la réélection de Donald Trump, le président Tebboune a affirmé que «nos relations sont restées bonnes avec tous les différents présidents américains, qu’ils soient démocrates ou républicains. C’était déjà le cas lors du premier mandat de Donald Trump. Lorsque j’ai été élu en 2019, il m’a envoyé une lettre pour me féliciter quelques heures après les résultats», a-t-il rappelé, en soulignant que le président français, Emmanuel Macron, a, lui, «mis quatre jours pour prendre acte de mon élection». Une pique lancée au locataire de l’Elysée qu’il a informé, par ailleurs, qu’il allait commettre une erreur monumentale en reconnaissant la marocanité du Sahara Occidental occupé.

Au sujet de la position de l’Algérie par rapport à la guerre russo-ukrainienne, le chef de l’Etat a pointé l’hypocrisie de l’Occident. «L’Algérie, a-t-il souligné, est entière. Elle a du mal à comprendre le double standard. Il faudrait condamner l’intervention en Ukraine, mais pas l’annexion du Golan ou du Sahara Occidental», a-t-il objecté. Au sujet d’un possible établissement de relations diplomatiques avec l’entité sioniste, il a indiqué que, comme l’avaient toujours dits ses prédécesseurs Chadli Bendjedid et Abdelaziz Bouteflika, «l’Algérie n’a aucun problème avec Israël». Pour normaliser avec Israël, il faut d’abord qu’il ait enfin un Etat palestinien. «Ça va dans le sens de l’histoire», a-t-il étayé.

Le président Tebboune a révélé avoir proposé, avec l’aval de l’ONU, de servir d’intermédiaire pour que le président syrien déchu discute avec son opposition. «Cela n’a pas abouti. La suite, nous la connaissons», a-t-il dit, en estimant qu’«il n’y a pas toujours de solidarités dans le monde oriental». Au sujet du Sahel, il a fait savoir que les coups d’Etat y étaient prévisibles, tant les pays de cette région «n’ont pas réussi à construire des institutions solides et plus résilientes». Toujours à ce sujet, il a précisé que «nous avons du mal à accepter la présence de groupes paramilitaires comme Wagner» à notre frontière», en faisant remarquer en avoir fait état «à nos amis russes».

Sur la question sahraouie, le président de la République a rappelé que le roi Hassan II voulait régler le problème en juillet 1999, mais son fils, Mohammed VI, «ne l’a pas suivi, hélas». «Nous sommes malheureusement dans la réaction avec notre voisin [marocain]. C’est presque un jeu d’échecs où nous sommes contraints de répondre à des actes que nous jugeons hostiles», a-t-il déploré.

Si les Chinois ont remporté le marché de la Grande Mosquée d’Alger, que le français Bouygues lorgnait, c’est parce qu’ils ont «proposé les meilleures offres, les délais les plus courts». «Nous sommes satisfaits de leurs prestations», a conclu le chef de l’Etat.

L’interview du président de la République au journal français pourrait être interprétée comme un premier pas vers une désescalade dans les relations extrêmement tendues entre Alger et Paris. Nous verrons comment les Français vont réagir à ces quatre vérités qui leur sont assénées sans détours ni fioritures.

K. M.

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