Capitulation
Il aura fallu moins d’un mois pour le nouveau Premier ministre d’Emmanuel Macron pour présenter sa lettre de démission. Sébastien Lecornu, l’un des hommes du président français qui devait tenir le fort jusqu’à la prochaine élection présidentielle, n’aura pas tenu trente jours. Le cinquième Chef du gouvernement du second lamentable quinquennat de Macron renonce à […]

Il aura fallu moins d’un mois pour le nouveau Premier ministre d’Emmanuel Macron pour présenter sa lettre de démission. Sébastien Lecornu, l’un des hommes du président français qui devait tenir le fort jusqu’à la prochaine élection présidentielle, n’aura pas tenu trente jours. Le cinquième Chef du gouvernement du second lamentable quinquennat de Macron renonce à Matignon, au lendemain même de l’annonce de la composition de son équipe ministérielle. Une humiliation totale pour la majorité présidentielle et surtout pour l’Élysée qui semble avoir perdu toute capacité à gouverner le pays à moins de deux ans du prochain scrutin présidentiel. Une brutale réalité connue de tous, poussant Marine Le Pen hier matin à réitérer son appel à une démission du chef de l’État, estimant qu’une telle décision serait avisée. La présidente des députés du Rassemblement National a en outre estimé qu’il était «absolument nécessaire» pour le président de dissoudre l’Assemblée Nationale. «Je n’ai pas à l’appeler à le faire. S’il prend la décision de le faire, je pense que ce serait une décision, là encore, sage. Ce qui est sûr c’est que la dissolution, elle, est absolument incontournable», a insisté la patronne du parti de droite. Le patron de l’Union des droites pour la République (UDR), Éric Ciotti, allié au RN, a également appelé pour sa part à un «retour aux urnes», avec l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle. «Quand il y a crise, la seule solution, c’est l’élection (…), le retour aux urnes», a déclaré l’ex-patron des Républicains, en marge de la présentation de son équipe de campagne municipale à Nice. «Le mieux serait naturellement une élection présidentielle, parce
qu’une élection législative, qui va précéder une élection présidentielle dans 16 mois, pourra toujours installer une situation d’incertitude», estime le député. «Il faut retrouver la légitimité d’un peuple de France qui aujourd’hui est en colère, qui voit que tout se dégrade, qui voit le chômage augmenter, le pouvoir d’achat baisser, l’insécurité exploser dans les quartiers, comme on l’a subie encore à Nice vendredi dernier, l’immigration croître sans limite, nos services publics s’affaisser», a-t-il ajouté. Sans surprise, c’est le même son de cloche du côté de la gauche. La France Insoumise par la voie de son fondateur réclame «l’examen immédiat» à l’Assemblée Nationale de sa motion de destitution du président Emmanuel Macron. Quelques instants après la démission de Sébastien Lecornu, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé dans les médias. Cette motion a été déposée le 9 septembre par 104 députés : les 70 députés Insoumis, mais également des parlementaires des groupes écologistes et communistes. L’article 68 de la Constitution prévoit que le président de la République peut être destitué en cas de «manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat». Elle implique l’adoption par les deux Assemblées d’une proposition de destitution. La destitution est prononcée par le Parlement réuni en Haute Cour. Depuis l’entrée en vigueur de la loi organique du 24 novembre 2014, aucune procédure de destitution n’a abouti. En novembre 2016, une proposition de résolution du groupe Les Républicains (LR), visant la destitution de François Hollande pour divulgation d’informations secrètes dans le cadre des opérations militaires en Syrie, a été déclarée irrecevable par le bureau de l’Assemblée nationale. A deux reprises, en septembre et octobre 2024, le groupe La France insoumise (LFI) a déposé deux propositions de résolution visant à destituer Emmanuel Macron pour ne pas avoir nommé un Premier ministre issu «de la force politique arrivée en tête aux élections législatives» de 2024. Une décision dont découle directement la pagaille politique actuelle, d’après Jean-Luc Mélenchon. Reste à voir désormais qu’elle sera la réaction du président français, qui s’est montré très clair ces derniers mois sur son refus de quitter
l’Élysée avant 2027. Toutefois, au moment de ses déclarations la situation politique n’était pas aussi chaotique et la France avait tout du moins un gouvernement en fonction.
F. M.