Fatima Kerrouche: La conteuse qui redonne souffle à la mémoire berbère
Née à Saint-Maurice, en région parisienne, d’une famille originaire de la wilaya de Béjaia, village Guendouz – At-R’zine, Fatima Kerrouche a fait de l’écriture son terrain de prédilection. Journaliste à Montpellier, elle partage sa vie entre reportages sur la vie locale et création littéraire. Par Hafit Zaouche Mais au-delà de son métier, une mission intime […]

Née à Saint-Maurice, en région parisienne, d’une famille originaire de la wilaya de Béjaia, village Guendouz – At-R’zine, Fatima Kerrouche a fait de l’écriture son terrain de prédilection. Journaliste à Montpellier, elle partage sa vie entre reportages sur la vie locale et création littéraire.
Par Hafit Zaouche
Mais au-delà de son métier, une mission intime la guide: transmettre la culture berbère, la dépoussiérer des clichés et l’offrir au regard du monde sous un jour festif, poétique et universel. Tout commence en 2007 avec la naissance d’un personnage attachant : Ninisse, la petite Berbère, héroïne voyageuse entre les deux rives de la Méditerranée. À travers elle, Fatima Kerrouche invente un univers où se croisent la féerie, l’histoire et le quotidien. Ninisse devient le fil rouge de plusieurs ouvrages jeunesse, parmi lesquels Ninisse la petite Berbère, Ninisse au cœur de l’Atlas ou encore Ninisse et le secret de la Soummam. Rapidement, l’écrivaine s’impose comme une voix singulière de la littérature jeunesse francophone, célébrant la liberté, l’imaginaire et le métissage culturel. Au fil des ans, Fatima Kerrouche enrichit son univers avec d’autres personnages féminins puissants : Mlle Soumicha, vieille conteuse gardienne de la mémoire, Taos Tilleli, cigogne spirituelle, Tin Hinan, figure mythique des Touaregs, ou la reine Dihya, avec la publication de son livre La Lionne de feu. Tous portent en eux un même souffle : celui de la transmission et de la quête de liberté. «Yahia Belaskri m’a dit un jour : tu redonnes vie à tous les prénoms anciens», confie-t-elle avec fierté. Ses contes, publiés notamment chez Editinter, Hibr ou Dalimen, ont franchi les frontières, étudiés en France comme en Algérie, traduits en kabyle et présentés dans de nombreux salons du livre. Plus que de simples récits, ils sont un hommage à une culture millénaire. «Les contes, mythes et légendes amazighs éveillent les enfants à leur identité et peuvent, outre une solide éducation parentale, développer leur esprit critique. Ils sont un miroir de la société et transmettent des valeurs universelles», insiste l’auteure. Si son nom reste associé à la littérature jeunesse, Fatima Kerrouche revendique une ambition plus large. Ses textes, dit-elle, s’adressent «aux petites et grandes personnes». Derrière la légèreté des aventures de Ninisse, se cache une profondeur philosophique, une réflexion sur l’exil, la mémoire et le droit d’inventer son avenir. Elle revendique aussi une dimension militante : «Quand on écrit autour de la culture berbère, on est forcément engagé», affirme-t-elle. Aujourd’hui, Fatima Kerrouche poursuit son chemin entre écriture journalistique et projets littéraires. Invitée régulièrement à des salons en France et en Algérie, elle continue de transmettre son amour des mots et son attachement à la culture amazighe. «Ninisse est un hymne au voyage, à la joie et à la liberté», dit-elle. Une liberté qu’elle cultive dans ses textes comme dans sa vie, persuadée que l’imaginaire reste l’un des plus beaux moyens de relier les générations et les cultures.
H. Z.