Collaboration
Durant son mandat à la Maison-Blanche, Joe Biden a fait du dossier taiwanais l’une de ses priorités, assurant à la petite île que Washington la soutiendrait coûte que coûte, militairement s’il le fallait, en cas d’invasion chinoise. À Taipei, le discours non interventionniste de Donald Trump par contre inquiète. Or, les craintes de Taiwan pourraient […]

Durant son mandat à la Maison-Blanche, Joe Biden a fait du dossier taiwanais l’une de ses priorités, assurant à la petite île que Washington la soutiendrait coûte que coûte, militairement s’il le fallait, en cas d’invasion chinoise. À Taipei, le discours non interventionniste de Donald Trump par contre inquiète. Or, les craintes de Taiwan pourraient se matérialiser rapidement si l’on en croit un rapport publié ce vendredi par le groupe de réflexion britannique, Royal United Services Institute. Dans cette publication, une note affirme que la «Russie aide la Chine à se préparer à s’emparer de Taïwan». Se fondant sur plus de 800 pages de documents obtenues par le groupe hacktiviste «Black Moon», l’Institut assure que «le président chinois XI Jinping a ordonné à l’Armée populaire de libération (APL) d’être prête à s’emparer militairement de Taïwan d’ici à 2027». D’après le Royal United Services Institute, organisme indépendant qui aurait vérifié l’authenticité des documents, «une opération amphibie à grande échelle pour capturer Taïwan est très risquée, les sites propices au débarquement des troupes et du matériel à terre étant limités par la pente et la capacité de charge des plages». C’est pour cela que Pékin compterait sur la Russie, expérimentée à la suite de l’invasion de l’Ukraine, pour «identifier les possibilités de débarquement de troupes». D’après l’Institut et les documents dévoilés par «Black Moon», la Russie aurait accepté en 2023 de fournir à l’armée populaire de libération un ensemble complet d’armes et d’outils, afin d’équiper un bataillon aéroporté, ainsi que des formations et du personnel technique. Ce projet, nommé «Sword 208», est détaillé dans un document consulté par nos soins, qui passe en revue le «développement d’un système d’automatisation du commandement des troupes aéroportées», mettant en avant, schéma à l’appui, des «casques à conduction osseuse avec microphone biométrique» équipant les soldats ou des «terminaux à écran tactile». Ce système est vanté sur le document comme étant capable d’«assurer la mise en œuvre de différents types de communication pour transmettre de manière fiable l’information et garantir la diffusion des ordres et signaux de commandement depuis les niveaux supérieurs vers les niveaux inférieurs», peut-on notamment lire. Il permettrait, en outre, d’«augmenter l’efficacité des formations aéroportées de 2 à 2,5 fois». Selon l’Institut britannique, la Russie transférerait également à la Chine des technologies qui lui permettront d’augmenter la production d’armes et d’équipements militaires. Les accords stipuleraient, en outre, que tous les véhicules blindés soient équipés de modules de commandes en chinois. La Russie, jusqu’ici réticente à l’exportation de son expertise militaire et technique vers la Chine par crainte de vol de propriété intellectuelle, se montre de plus en plus encline au partage, alors que Vladimir Poutine souhaite remettre en cause l’ordre mondial établi. «Moscou considère de plus en plus l’invasion de Taïwan comme un moyen de renforcer son influence sur Pékin en faisant de la Russie un fournisseur de matières premières critiques et de capacité industrielle militaire», analyse également l’Institut. Dans tous les cas, les deux pays ont organisé 14 exercices militaires conjoints en 2024, près du double que ceux organisés une décennie plus tôt, signe de leur rapprochement. Une collaboration qui pourrait également être à l’origine du revirement américain. Trump qui essayait de peindre Poutine en allié il y a six mois, se montre désormais ouvertement hostile et se rapproche du président ukrainien qu’il avait pourtant sévèrement admonesté dans son bureau en février dernier. Reste à voir surtout si Trump suivra les traces de Biden et supportera Taiwan, y voyant là une guerre géostratégique essentielle, ou s’il préfèrera rester en dehors d’une possible guerre qui deviendrait un nouveau gouffre financier, alors même qu’il a été élu en parti pour ne plus «gaspiller» l’argent du contribuable américain à l’étranger.