Décès: La légende franco-italienne du cinéma Claudia Cardinale est morte

Elle a subjugué Visconti et Fellini, envoûté Delon, Belmondo et Mastroianni. L’actrice franco-italienne, Claudia Cardinale, monument du cinéma des années 1960, «est décédée ce mardi 23 septembre à l’âge de 87 ans, auprès de ses enfants à Nemours», près de Paris, où elle habitait, a annoncé son agent à l’AFP dans la soirée. Née le […]

Sep 24, 2025 - 23:00
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Décès: La légende franco-italienne du  cinéma Claudia Cardinale est morte

Elle a subjugué Visconti et Fellini, envoûté Delon, Belmondo et Mastroianni. L’actrice franco-italienne, Claudia Cardinale, monument du cinéma des années 1960, «est décédée ce mardi 23 septembre à l’âge de 87 ans, auprès de ses enfants à Nemours», près de Paris, où elle habitait, a annoncé son agent à l’AFP dans la soirée.

Née le 15 avaril 1938 à Tunis, Claudia Cardinale a brillé de mille feux face aux caméras de Luchino Visconti, Sergio Leone, Philippe de Broca, Federico Fellini ou Damiano Damiani. Sa présence solaire dans plus de 150 films dont les monuments Le Guépard et Huit et demi ont marqué des générations de cinéphiles.
«Elle nous laisse l’héritage d’une femme libre et inspirée tant dans son parcours de femme que d’artiste», a indiqué son agent Laurent Savry dans un message transmis à l’AFP. Le ministre italien de la Culture, Alessandro Giuli, a rendu hommage à l’«une des plus grandes actrices italiennes de tous les temps».
Cette Italienne de Tunisie naturalisée française était devenue, sans le vouloir, une star de cinéma internationale, récompensée d’un Lion d’Or à Venise en 1993 et d’un Ours d’Or à Berlin en 2002.
Elle a joué dans le meilleur du renouveau italien (Bolognini, Zurlini, Squitieri), brillé à Hollywood (Edwards, Brooks, Leone), en France (Broca, Verneuil) et même en Allemagne avec Werner Herzog et son maudit Fitzcarraldo. «J’ai eu la veine de commencer dans les moments magiques du cinéma. Tous les grands metteurs en scène ont été mes maîtres et moi, je n’ai jamais appelé personne. C’est eux qui m’ont demandée», résumait-elle à 74 ans sur France Culture.
À 17 ans, un concours de beauté qu’elle remporte sans même être candidate bouleverse sa vie : «La plus belle Italienne de Tunis» gagne un voyage à la Mostra de Venise où elle fait sensation. «Je ne voulais pas faire de cinéma. C’est ma sœur qui voulait. Mais ils ont tellement insisté (…) que mon père a lâché», confiait-elle sur France Inter.
Dès le début de sa carrière, la vie de Claudia Cardinale a été marquée par un drame. Violée en 1957, à ses 16 ans, elle accouche d’un enfant qu’elle fera passer pour son petit-frère pour ne pas entraver sa carrière, relate Le Monde. Une décision imposée par son producteur. Elle révèlera la vérité sept ans plus tard.
Elle n’a que 22 ans lorsque Visconti la fait tourner dans Rocco et ses frères (1960). Il lui fait peindre ses yeux en noir et lui enseigne le métier. La Cardinale le suivra partout : dans Le Guépard en 1963, elle crève l’écran entre Burt Lancaster et Alain Delon. En parallèle, elle tourne un autre chef-d’œuvre, Huit et demi de Fellini.
À 23 ans, elle fait une entrée fracassante à Cannes avec La fille à la valise de Zurlini et Le mauvais chemin de Bolognini : on la prend pour une Bardot brune. Dix ans plus tard, «BB» et «CC» joueront ensemble dans la poussière dans les Pétroleuses.
Réclamée par Hollywood où elle refuse de s’installer, elle séduit les Américains dans La panthère rose, puis Le plus grand cirque du monde de Henry Hathaway où elle joue la fille de Rita Hayworth.
Après Sandra de Visconti où elle porte la robe de mariée de la mère du réalisateur, et Les Professionnels avec Burt Lancaster, elle est l’héroïne d’Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone (1968), seule femme entre Charles Bronson et Henry Fonda.
Le Napolitain Pasquale Squitieri, son compagnon pendant presque 30 ans, son «seul amour» et le père de sa fille Claudia, lui fait tourner dix films de 1974 à 2011.
En 2017, le festival de Cannes avait choisi une photo de sa jeunesse pour son affiche, rendant hommage à «une comédienne aventurière, femme indépendante, citoyenne engagée».
«Féministe» revendiquée, elle était ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco pour la défense des droits des femmes depuis mars 2000. Aux jeunes comédiennes, l’actrice, qui a toujours refusé de se dénuder, recommandait de ne pas «tout accepter pour un rôle qui peut vous abîmer ou vous donner l’impression de vous vendre». Fill T.