Drogues, armes et détention d’appareils sensibles : Levée de l’anonymat pour les criminels arrêtés

Le trafic de drogue prend des proportions de plus en plus inquiétantes en Algérie. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans que les services de sécurité n’annoncent le démantèlement d’un réseau et l’interception de grosses quantités de cannabis ou de prégabaline destinées à être écoulées. En dépit des « frappes » quotidiennes qui leur sont assénées et d’une lutte quasi permanente à leur encontre, les trafiquants persistent dans leurs tentatives d’inonder le pays avec leur marchandise, dans une entreprise conçue et mise en œuvre par des « experts » du crime organisé, utilisant des moyens de plus en plus sophistiqués et qui imposent à l’État une révision de sa stratégie, pour mieux contrer un phénomène planétaire. En décidant de lever l’anonymat sur les auteurs de crimes graves pris en flagrant délit, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaa, vient d’annoncer un changement de cap majeur dans le traitement des affaires liées au narcotrafic. « Celui qui est pris avec un million et demi de comprimés ne mérite pas qu’on le protège. Le peuple doit savoir qui il est », a-t-il indiqué. Placés en détention provisoire par le juge d’instruction près le parquet du pôle pénal spécialisé de Constantine, les 11 accusés dans l’affaire de la saisie de 178 kilos de cannabis seront-ils concernés ? Dans le communiqué rendu public par l’instance judiciaire, il est précisé que le réseau dans lequel activaient ces individus a été neutralisé dans la wilaya de Bejaïa, tout en signalant que 15 suspects, parmi lesquels des étrangers, se trouvent en état de fuite. L’opération s’est soldée par la saisie de 178 kg de cannabis, 2.100 capsules de psychotropes, trois fusils de chasse avec leurs munitions, deux pistolets automatiques avec leurs munitions, une quantité de poudre noire, des appareils sensibles, des sommes d’argent considérables, en monnaies nationale et étrangère, 11 voitures, ainsi que trois motos. Les accusés sont poursuivis pour crimes de contrebande, constituant de par leur gravité une menace sur la sécurité et l’économie nationales, possession, transport, stockage et obtention de drogues et psychotropes de manière illégale en vue de leur revente, trafic d’armes et de munitions des catégories 4 et 5. Ils sont également accusés de blanchiment d’argent, perpétré en bande criminelle organisée, d’infraction à la législation sur les mouvements de capitaux de et vers l’étranger, d’utilisation d’appareils sensibles à des fins illégales, de facilitation à la perpétration de crimes, ainsi que de faux et usage de faux. Le même jour, le tribunal de Sidi M’Hamed d’Alger a fait des révélations sur une importante opération d’introduction de près de deux millions de capsules de prégabaline déjouée dans la région d’In Amenas. Quatre individus sont impliqués, dont un a été arrêté et trois autres sont activement recherchés, après avoir été identifiés. Selon les premières investigations, il s’agit d’un véritable cartel transfrontalier qui convoite In Amenas, en raison de sa situation géographique, étant frontalière de pays gangrenés par une instabilité chronique, comme la Libye et le Niger.

Mohamed Mebarki

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