Frappes américaines contre les sites nucléaires iraniens: L’Algérie met en garde contre une dérive régionale majeure
Face à l’escalade militaire préoccupante au Moyen-Orient, l’Algérie a vivement réagi aux frappes américaines visant des installations nucléaires iraniennes survenues samedi soir, dans un contexte régional déjà hautement inflammable. Par Meriem B. Par la voie de son ministère des Affaires étrangères, Alger a exprimé, hier, sa «vive préoccupation» et son «profond regret» face à une […]

Face à l’escalade militaire préoccupante au Moyen-Orient, l’Algérie a vivement réagi aux frappes américaines visant des installations nucléaires iraniennes survenues samedi soir, dans un contexte régional déjà hautement inflammable.
Par Meriem B.
Par la voie de son ministère des Affaires étrangères, Alger a exprimé, hier, sa «vive préoccupation» et son «profond regret» face à une escalade militaire qu’elle juge lourde de conséquences et appelle à un retour urgent au dialogue, exhortant la communauté internationale à privilégier l’approche politique fondée sur la légalité internationale et la Charte des Nations unies. «Dans un moment marqué par un consensus international sur la recherche de moyens pour apaiser les tensions dans la région, l’agression israélienne contre la République islamique d’Iran a connu, hier soir, des développements d’une extrême gravité, accentuant l’escalade avec les frappes américaines contre les installations nucléaires iraniennes», souligne un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Ce consensus international «affirme depuis toujours la nécessité d’un cessez-le-feu, d’un retour à la table des négociations et d’un engagement sincère et de bonne foi à trouver une solution pacifique au dossier nucléaire iranien», ajoute le communiqué. L’Algérie exprime «sa vive préoccupation et son profond regret face à cette escalade, qui aggrave la situation dans la région et l’expose à des risques sans précédent aux conséquences imprévisibles», poursuit le texte. «La sensibilité et la gravité de la conjoncture imposent à tous de se référer aux leçons de l’histoire de la région, qui démontre, sans le moindre doute, que les voies militaires n’ont jamais permis de résoudre les problèmes auxquels elle a été confrontée. Aussi, la priorité absolue à l’heure actuelle réside-t-elle dans le retour à l’approche la plus pacifique, la plus efficace et la moins coûteuse, l’approche politique pacifique, fondée sur les principes et les règles de la légalité internationale et la Charte des Nations unies, qui peut épargner à la région davantage de tensions et de tragédies», conclut le communiqué.
L’Iran a le droit de riposter aux attaques américaines
Le ministère iranien des Affaires étrangères a fermement condamné les attaques américaines contre des sites nucléaires iraniens, affirmant que Téhéran a le droit de riposter aux attaques américaines et «protéger ses intérêts». Soulignant que l’Iran «se réserve le droit» de se défendre contre ces attaques, le ministère iranien a fait observer que l’attaque militaire américaine contre les installations nucléaires pacifiques de l’Iran «constitue non seulement une violation flagrante et sans précédent de la Charte des Nations unies – en particulier des principes interdisant le recours à la force et exigeant le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale des Etats – mais aussi une violation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU et un coup dévastateur porté au régime de non-prolifération nucléaire, commis par un membre permanent du Conseil de sécurité lui-même». L’Iran rappelle aux Nations unies, au Conseil de sécurité, au Secrétaire général, à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et aux autres organismes internationaux compétents, leur «responsabilité urgente» d’agir face à ces attaques et estime que le silence «exposerait le monde à un péril sans précédent».
L’AEOI qualifie les attaques américaines de violation flagrante du droit international
L’Agence iranienne de l’énergie atomique (AEOI) a fermement condamné les frappes américaines sur ses sites nucléaires, les considérants comme «une violation flagrante du droit international et une provocation imprudente qui ne restera pas sans réponse». Dans un communiqué publié quelques instants après les attaques américaines contre des infrastructures nucléaires iraniennes, l’AEOI a révélé que «les installations nucléaires pacifiques du pays à Fordow, Natanz et Ispahan ont été ciblées à l’aube dans un acte barbare et illégal, en violation flagrante du Traité de non-prolifération (TNP)». «Les Etats-Unis, à travers une déclaration de son président sur les réseaux sociaux, a officiellement revendiqué la responsabilité des attaques contre ces sites, qui sont sous la surveillance continue de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur la base de l’accord de garanties et du TNP», a souligné l’Agence iranienne. Appelant la communauté internationale à dénoncer le comportement des Etats-Unis et à soutenir l’Iran dans la défense de ses droits légitimes, l’AEOI a affirmé qu’«elle assure la noble nation iranienne que, malgré les complots diaboliques des ennemis, elle ne permettra pas que le développement pacifique de cette industrie nationale, née du sang des martyrs nucléaires, soit déraillé», faisant savoir qu’«une action en justice a été engagée pour traiter cette affaire par le biais de mécanismes internationaux».
Guterres : une «escalade dangereuse» et «une menace directe à la paix mondiale»
Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a condamné les attaques américaines contre des sites nucléaires iraniens, les qualifiant d’«escalade dangereuse» et de «menace directe à la paix et la sécurité dans le monde». «C’est une dangereuse escalade dans une région déjà sur la corde raide – et une menace directe à la paix et à la sécurité dans le monde», a estimé M. Guterres dans un message posté sur les réseaux sociaux. De son côté, la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, a appelé, hier, à «une désescalade et à un retour aux négociations» après les attaques américaines contre des sites nucléaires iraniens. «J’exhorte toutes les parties à faire un pas en arrière, à revenir à la table des négociations et à éviter toute escalade supplémentaire», a écrit Mme Kallas dans un message publié sur les réseaux sociaux. Elle a ajouté que «Bruxelles restait engagé envers la diplomatie, à un moment critique pour le Moyen-Orient».
M. B.