Frictions
Durant le premier mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche, les Coréens du Sud, pour la première fois depuis des décennies, entrevoyaient la possibilité d’une réconciliation avec leurs voisins du Nord. Un évènement historique qui semblait à portée de main et avait allumé l’espoir d’une réunification des deux Corées en un seul et puissant pays. […]

Durant le premier mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche, les Coréens du Sud, pour la première fois depuis des décennies, entrevoyaient la possibilité d’une réconciliation avec leurs voisins du Nord. Un évènement historique qui semblait à portée de main et avait allumé l’espoir d’une réunification des deux Corées en un seul et puissant pays. Mais après que les tentatives de paix de l’administration américaine se sont soldées par un échec, la détente inédite entre des deux pays d’Asie du Sud-Est a fini par se dissoudre et les frictions, oubliées pour un temps, se sont rallumées. Ces dernières années, les relations se sont d’ailleurs tant dégradées que la perspective d’une nouvelle guerre semblait plus que crédible. Toutefois, pour la première fois depuis longtemps, Séoul a décidé de faire un geste de bonne volonté envers Pyongyang et a commencé à retirer les haut-parleurs de propagande le long de sa frontière avec la Corée du Nord afin de réduire les tensions, a déclaré l’armée sud-coréenne. Le ministère sud-coréen a précisé qu’il s’agissait d’une «mesure pratique visant à apaiser les tensions», mais qu’elle n’affectait pas
l’état de préparation de l’armée. Le ministère n’a pas donné de détails sur le processus de retrait et n’a pas précisé si les haut-parleurs pourraient être réinstallés en cas de nouvelles tensions. Avant le démontage des haut-parleurs, il n’y avait pas eu de communication entre les deux Corées, a déclaré le porte-parole du ministère, Lee Kyung-ho. Les haut-parleurs diffusaient de la propagande anti-nord-coréenne et des chansons de K-pop de l’autre côté de la frontière, un geste qui a touché un point sensible alors que le gouvernement de Kim avait intensifié sa campagne pour éliminer l’influence de la culture pop et de la langue sud-coréennes. Après son élection en juin, le nouveau gouvernement libéral du Sud a décidé d’éteindre les haut-parleurs, dans le but de relancer le dialogue et de rétablir la confiance avec Pyongyang. Le précédent gouvernement conservateur les avait allumés en juin 2024 et diffusait des émissions quotidiennes, en représailles à l’envoi par la Corée du Nord de ballons remplis d’ordures à travers la frontière. Ces campagnes de guerre psychologique, dignes de la guerre froide, ont encore accru les tensions déjà exacerbées par les progrès du programme nucléaire de la Corée du Nord et les efforts de la Corée du Sud pour étendre les exercices militaires conjoints avec les États-Unis et leur coopération trilatérale en matière de sécurité avec le Japon. Le président sud-coréen, Lee Jae Myung, a remplacé le conservateur Yoon Suk Yeol, évincé, après avoir remporté des élections anticipées en juin. Il s’était engagé à améliorer les relations avec Pyongyang, qui a réagi avec colère à la politique dure de Yoon et a refusé tout dialogue. La Corée du Nord n’a pas encore commenté la décision de la Corée du Sud de retirer les haut-parleurs. Le chef suprême de la République communiste, Kim Jung-Un, avait lui montré quelques signes d’ouvertures lors de la campagne électorale américaine en 2024, assurant qu’en cas d’une nouvelle victoire de Donald Trump il serait enclin à reprendre les discussions avec Washington pour un accord de paix, non seulement avec les États-Unis, mais également avec Séoul. Mais depuis l’arrivée du président républicain à la Maison-Blanche toute son attention a été dévolue aux questions douanières et au conflit russo-ukrainien. Évidemment, rien n’assure que les propos du président Kim aient été sincères et n’aient pas uniquement été distillés dans l’intention d’influer d’une manière ou d’une autre sur le résultat du scrutin. Il reste cependant encore trois ans et demi à Trump à la Maison-Blanche et d’ici-là il est possible qu’une nouvelle tentative de paix soit entreprise, mettant fin à plus de 70 ans de guerre entre Pyongyang, Washington et Séoul.