Hydrogène vert : L’Algérie dévoile sa feuille de route pour devenir un géant mondial

L’Algérie se positionne officiellement sur l’échiquier mondial de l’énergie de demain. S’appuyant sur des atouts naturels exceptionnels et une vision stratégique audacieuse, le pays ambitionne de devenir un acteur incontournable dans la production et l’exportation d’hydrogène vert, visant à capter une part significative du marché européen et à générer des revenus substantiels d’ici 2040. L’heure […]

Août 11, 2025 - 16:54
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Hydrogène vert : L’Algérie dévoile sa feuille de route pour devenir un géant mondial

L’Algérie se positionne officiellement sur l’échiquier mondial de l’énergie de demain. S’appuyant sur des atouts naturels exceptionnels et une vision stratégique audacieuse, le pays ambitionne de devenir un acteur incontournable dans la production et l’exportation d’hydrogène vert, visant à capter une part significative du marché européen et à générer des revenus substantiels d’ici 2040.

L’heure de la transition énergétique a sonné pour l’Algérie. Longtemps pilier de l’économie nationale grâce à ses vastes réserves de gaz naturel, le pays se lance désormais dans une nouvelle aventure énergétique : celle de l’hydrogène vert.

Cette ambition, loin d’être un simple vœu, repose sur une stratégie chiffrée et des avantages comparatifs uniques qui placent l’Algérie parmi les candidats les plus sérieux au leadership régional, voire mondial, dans ce secteur d’avenir.

Au cœur de cette stratégie se trouvent des dons de la nature que peu de nations peuvent revendiquer. L’Algérie bénéficie d’un des gisements solaires les plus importants au monde, avec des taux d’ensoleillement exceptionnels sur l’ensemble de son vaste territoire saharien.

À ce potentiel photovoltaïque s’ajoute un potentiel éolien considérable, notamment dans le sud du pays, où les vents sont à la fois forts et constants. Ces deux ressources renouvelables sont les matières premières essentielles à la production d’hydrogène vert par électrolyse de l’eau, un procédé qui ne dégage aucun gaz à effet de serre.

De plus, la position géographique de l’Algérie constitue un avantage stratégique majeur. Sa proximité avec le continent européen, destiné à devenir le plus grand marché de consommation d’énergie propre au monde, la place en première ligne pour répondre à une demande croissante.

L’un des piliers de la feuille de route algérienne est l’utilisation intelligente de son infrastructure existante. Le réseau de gazoducs qui relie déjà l’Algérie à l’Europe, notamment les pipelines Medgaz (vers l’Espagne) et Transmed (vers l’Italie), représente un atout d’une valeur inestimable.

Ces infrastructures, après des adaptations techniques, pourront être reconverties pour transporter l’hydrogène vers les consommateurs finaux.

Cette approche pragmatique permettra de réduire considérablement les coûts et les délais de mise en œuvre, offrant à l’Algérie un avantage concurrentiel décisif par rapport à d’autres pays producteurs qui devraient construire de nouvelles infrastructures à partir de zéro.

La vision algérienne se traduit par des objectifs clairs et quantifiables à l’horizon 2040 :

  • Production : Atteindre une capacité de production de 1,2 million de tonnes d’hydrogène vert et de ses dérivés, comme l’ammoniac propre.

  • Part de marché : Fournir 10 % des besoins en hydrogène de l’Union européenne, se positionnant ainsi comme un partenaire énergétique clé pour le Vieux Continent.

  • Revenus : Générer jusqu’à 10 milliards de dollars de revenus annuels grâce à ces exportations, offrant une nouvelle source de devises majeure pour l’économie nationale.

  • Investissements : Mobiliser entre 25 et 30 milliards de dollars d’investissements nationaux et étrangers pour développer l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production d’électricité renouvelable aux installations de production d’hydrogène et à la logistique.

Avec ce plan, l’Algérie ne cherche pas seulement à diversifier son mix énergétique, mais à opérer une véritable transformation de son statut sur la scène internationale. L’enjeu est de passer du rôle de grand exportateur de gaz naturel à celui de leader régional de l’hydrogène et de l’ammoniac propres.

Cette démarche stratégique vise à sécuriser la place de l’Algérie dans les marchés énergétiques du futur, à garantir sa souveraineté énergétique et à créer une nouvelle dynamique économique porteuse d’emplois et de développement technologique.

En misant sur l’hydrogène vert, l’Algérie ne subit pas la transition énergétique mondiale, elle choisit d’en être l’un des principaux architectes. Une transition qui pourrait bien redéfinir la géopolitique énergétique en Méditerranée pour les décennies à venir.