Intimidations

Durant le premier mandat de Donald Trump, l’Iran était considéré comme l’un des pires ennemis de Washington, poussant le président américain à quitter l’accord sur le nucléaire iranien, conclu durant le mandat de son prédécesseur Barack Obama. Aujourd’hui, 40 jours après son arrivée à la Maison-Blanche, si Donald Trump s’est focalisé, concernant sa politique étrangère, […]

Mars 9, 2025 - 23:28
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Intimidations

Durant le premier mandat de Donald Trump, l’Iran était considéré comme l’un des pires ennemis de Washington, poussant le président américain à quitter l’accord sur le nucléaire iranien, conclu durant le mandat de son prédécesseur Barack Obama. Aujourd’hui, 40 jours après son arrivée à la Maison-Blanche, si Donald Trump s’est focalisé, concernant sa politique étrangère, sur la guerre en Ukraine, le Proche-Orient et les droits de douane aux frontières, il commence également à revisiter la politique américaine vis-à-vis de l’Iran. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a ainsi dénoncé samedi une politique d’«intimidation» des États-Unis, après que le président américain a menacé de s’en prendre «militairement» à l’Iran si le pays ne négocie pas son programme nucléaire. «Je leur ai écrit une lettre en

disant que j’espère que vous allez négocier parce que si on doit attaquer militairement, ce sera une chose terrible pour eux», a déclaré Trump dans un extrait d’interview diffusé vendredi sur la chaîne Fox Business. «Certains gouvernements insistent par l’intimidation pour obtenir des négociations», a déclaré samedi Ali Khamenei, sans mentionner le nom de Donald Trump mais dans une allusion explicite. «Pour eux, les négociations ne servent pas à résoudre les problèmes mais à dominer, et ils veulent imposer leur volonté à l’autre partie par le biais des négociations», a ajouté le plus haut personnage de l’État, lors d’un discours devant des responsables du pays. Plus souple dans sa manière d’aborder les relations avec les pays occidentaux et favorables à des négociations pour obtenir une levée des sanctions et relancer l’économie iranienne, le président Massoud Pezeshkian était présent. Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989, n’a pas mentionné la lettre supposément envoyée par Donald Trump. Mais en marge de ce discours, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, interrogé par un journaliste de la télévision d’État, a indiqué que l’Iran «n’a encore rien reçu». Le guide suprême iranien n’a par ailleurs pas réitéré samedi son opposition à des négociations avec les États-Unis. Khamenei, qui a le dernier mot en Iran sur toutes les décisions stratégiques, avait exhorté début février le gouvernement Pezeshkian à «ne pas négocier» avec Washington, estimant qu’une telle démarche serait «imprudente». Il avait alors justifié sa position par «l’expérience», selon lui, d’accords passés avec des dirigeants américains mais non tenus. Donald Trump s’était retiré unilatéralement, en 2018, d’un accord international sur le nucléaire que son pays avait pourtant conclu trois ans plus tôt avec l’Iran, et rétabli des sanctions. Le texte prévoyait la levée de certaines d’entre elles en échange d’un encadrement des activités nucléaires iraniennes. En représailles au retrait américain, l’Iran s’est progressivement détaché de ses engagements et accéléré ses activités nucléaires. Téhéran défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie, mais réfute vouloir se doter de l’arme nucléaire. Vendredi, dans un entretien accordé à l’AFP, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a déclaré que l’Iran ne reprendrait pas de négociations avec Washington tant que le président Trump resterait sur une position dure. Mais il a toutefois dit discuter du nucléaire avec la Russie, la Chine et les Européens, parties de l’accord de 2015. Reste à voir quelle attitude adoptera Donald Trump vis-à-vis de l’Iran dans les semaines et mois à venir, s’il sera aussi agressif que lors de sa première présidence, ou s’il tentera lors de son second mandat d’arrondir les angles pour parvenir à un accord qui pourrait être historique. Toutefois, sa relation avec Israël et plus particulièrement avec le gouvernement Netanyahu, laisse peu de chance à cette seconde perspective de se concrétiser. F. M.