La France des miettes

Par Anouar Macta – Il est des victoires qui sonnent comme des défaites. Celle dont la France se gargarise – un contrat de dessalement d’eau de mer décroché au Maroc – appartient à cette catégorie. L’article La France des miettes est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Juil 25, 2025 - 10:05
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La France des miettes

Par Anouar Macta – Il y a parfois des victoires qui sonnent comme des défaites. Celle dont la France se gargarise ces jours-ci – un contrat de dessalement d’eau de mer décroché au Maroc – appartient à cette catégorie. Une opération vendue à l’opinion comme un triomphe industriel, alors qu’elle n’est qu’un lot de consolation dans une géopolitique où la France n’a plus ni les cartes ni les codes.

Ce marché n’a rien d’un acte souverain : il s’inscrit dans un environnement économique verrouillé par les intérêts israéliens, sanctuarisés par décret royal. Le capital sioniste irrigue aujourd’hui le Maroc plus sûrement que ne le feront ces stations de dessalement. Ce n’est pas Rabat qui s’émancipe, c’est Paris qui s’agenouille.

Mais la véritable onde de choc n’est pas là. Elle est dans ce que la France perd – et continuera de perdre – face à une Algérie de plus en plus courtisée, écoutée, respectée. Pendant que Bercy rame, Alger attire. La dette explose d’un côté, les réserves se consolident de l’autre. La rue française tangue sous les hausses de prix, tandis que l’Algérie construit ses stations de dessalement en propre, assure son gaz, sa sécurité alimentaire, et même sa stabilité politique, en dépit des pronostics convenus.

Il faut le dire : la France devient illisible, et l’Algérie devient enviable. Même certains enfants perdus de l’immigration, hier indifférents à leurs origines, redécouvrent qu’ils ont un grand-père né à Oran ou une mère kabyle. Les demandes de naturalisation se multiplient, non par folklore, mais parce que le vent tourne, clairement, durablement. On s’était moqué des «start-up nations» africaines. Voilà que certains Français se demandent s’il ne ferait pas bon vivre là-bas.

Et que dire du peuple français ? Une fatigue nerveuse court les métros. Les appels à la révolution – la vraie, pas celle en capsules sur Netflix – se font de plus en plus pressants. Fourches, pas FMI. Bastille, pas BCE. Le 10 septembre, un appel au blocage total du pays pourrait bien devenir le catalyseur d’une France qui n’en peut plus d’être humiliée par ses élites, paupérisée par ses réformes et trahie par sa diplomatie. L’impunité d’Israël, célébrée sans retenue par une partie du personnel politique français, alimente une rage muette : non contre les juifs, mais contre le mensonge. Contre l’injustice. Contre le deux poids et deux mesures.

Et le Maroc dans tout ça ? Un territoire vassalisé, où la souveraineté est sous-traitée. Il suffit de voir à quoi sont réduits ses ressortissants en Europe : beaucoup en viennent à camper, familles entières, sur les abords des hypermarchés, dormant à même le béton, le passeport vert dans la poche, le désespoir dans le regard. Ce n’est plus l’Algérie qui porte un complexe d’infériorité, c’est la France qui entre en complexe de déclassement. Les élites françaises n’ont pas seulement perdu Alger, elles ont perdu leur peuple. Elles pensent gagner des contrats à l’étranger ? Mais le monde entier sent que la France a déjà perdu la main. Et peut-être l’âme.

A. M.

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