Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot aujourd’hui à Alger: Les premiers pas d’une nouvelle relation entre l’Algérie et la France

Après huit mois de crise diplomatique marquée par les plus vives tensions depuis l’indépendance de l’Algérie, le retour au dialogue entre Alger et Paris semble désormais se concrétiser. La visite aujourd’hui du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, symbolise un tournant majeur dans la réconciliation des deux pays.

Par Meriem B.
Cette rencontre s’inscrit dans la volonté commune de tourner la page des différends passés et d’établir une nouvelle dynamique de coopération bilatérale, avec des engagements clairs pour relancer les échanges dans des domaines clés. Le climat diplomatique entre l’Algérie et la France a atteint des sommets de crispation en juillet 2024. Les deux pays ont traversé la crise la plus grave depuis la fin de la guerre d’indépendance, marquée par des divergences profondes sur plusieurs dossiers sensibles, notamment la mémoire coloniale, les questions migratoires et les tensions géopolitiques en Méditerranée. Cette brouille avait donné lieu à des déclarations acerbes et des mesures diplomatiques sévères, affectant les relations économiques et politiques. La visite de Jean-Noël Barrot intervient dans un contexte de détente progressive. Après un échange téléphonique entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, qui a permis de sceller la fin de la brouille diplomatique, le retour à une coopération bilatérale semble désormais tangible. Ce rapprochement a pour objectif de reconstruire un partenariat fondé sur des bases de respect mutuel et d’intérêt partagé. Dans cette perspective, les deux chefs de la diplomatie ont passé en revue «les principaux dossiers auxquels les deux chefs d’État ont demandé que soit accordée une attention particulière dans le cadre plus large du règlement des différends qui sont venus récemment contrarier le cours normal de la relation algéro-française», indique le ministère des Affaires étrangères. Parmi les dix points de la feuille de route fixée par les deux présidents pour relancer la relance franco-algérienne après 8 mois d’une crise inédite, figurent la reprise des coopérations sécuritaire, migratoire et judiciaire. Lors de son arrivée à Alger, Jean-Noël Barrot, accompagné de son équipe diplomatique, devra discuter avec son homologue algérien, Ahmed Attaf, des moyens de relancer les relations dans des secteurs stratégiques tels que l’économie, l’énergie, la sécurité et la culture. L’un des enjeux majeurs de cette visite sera de définir des étapes concrètes et des engagements réciproques pour une coopération plus fluide et pérenne.

Des dossiers clés à l’ordre du jour
Au cours d’un point de presse tenu au Quai d’Orsay, le porte-parole de la diplomatie française a précisé les objectifs de cette visite. L’idée, a-t-il expliqué, est d’«incarner la reprise du dialogue» avec les autorités algériennes et de mettre en œuvre la feuille de route définie lors du communiqué conjoint publié après l’entretien des deux présidents.
Cette feuille de route marque une volonté claire de restaurer une coopération stratégique entre Paris et Alger, mise à mal par des mois de tensions. La coopération sécuritaire, migratoire et judiciaire figure parmi les priorités à aborder lors des discussions entre Attaf et son homologue français. Le ministre français a insisté sur la nécessité de rétablir «sans délai» la coopération dans le domaine sécuritaire, particulièrement dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale. Un autre point majeur est la réinitialisation immédiate de la coopération migratoire. La France et l’Algérie ont convenu de rétablir un dialogue «fluide et efficace», afin de traiter les questions liées à la mobilité entre les deux pays. Cette coopération vise à trouver des solutions concrètes aux défis migratoires, dans une logique de résultats tangibles et de gestion partagée.
Le porte-parole du Quai d’Orsay a également évoqué la poursuite des travaux de la commission mixte d’historiens, créée pour aborder les questions sensibles liées à la colonisation.
En outre, la coopération judiciaire et les questions de coopération économique seront d’autres sujets majeurs de discussion. «Ce dialogue reprend, c’est une bonne chose» et il permettra d’évoquer «l’ensemble des sujets qui sont en ce moment des sujets d’intérêt commun pour Paris et pour Alger», a-t-il ajouté.
En définitive, la visite de Jean-Noël Barrot marque un tournant dans les relations entre l’Algérie et la France. Si cette démarche est suivie de résultats concrets, elle pourrait redéfinir un cadre de coopération plus stable et stratégique, non seulement pour les deux pays, mais aussi pour l’ensemble de la région méditerranéenne et africaine. Alors que les tensions semblent se dissiper, cette visite devrait servir de catalyseur pour un nouveau chapitre des relations algéro-françaises.
Si les attentes sont élevées des deux côtés, la véritable mesure du succès de cette démarche résidera dans la capacité des deux parties à surmonter leurs différends et à bâtir une coopération durable et équilibrée.
M. B.