Le Croissant-Rouge baisse rideau à Skikda : Habitants et bénévoles laissés sur le carreau

La fermeture récente du bureau de wilaya de Skikda du Croissant-Rouge Algérien (CRA), que rien ne laissait présager, a surpris l’ensemble de la population locale. Jadis animé, le siège situé sur les allées du 20-Août 1955 demeure désormais vide, comme déserté, offrant un spectacle désolant qui attise la curiosité des passants. Cette structure, reconnue pour son précieux soutien aux familles démunies, faisait régulièrement parler d’elle à l’échelle locale. Dans ses archives récentes, les images témoignent de ses nombreuses actions : distribution d’appareils électroménagers aux familles de Zitouna, Kerkera, Aïn Zouit, Bekkouch Lakhdar, Es-Sebt et Azzaba ; réchauds à gaz pour les foyers isolés et réfrigérateurs pour les plus précaires. On y voit également des bénévoles en gilet rouge former des secouristes dans le cadre de l’opération « Un secouriste pour chaque foyer » ou sensibiliser la population aux dangers du gaz, aux ravages de la drogue et à l’importance du dépistage précoce du cancer du sein. Le bureau menait aussi des campagnes d’aide à Ghaza, à travers la distribution de vivres et de vêtements. Des opérations de circoncision ont été organisées dans les cliniques Hamani et Hamdouche. Enfin, les images montrent les sourires d’enfants de Collo ou de Ben Azzouz recevant leurs premières lunettes. Tout cela n’est plus qu’un souvenir. La démission récente de la présidente du bureau de wilaya, élue il y a à peine quelques mois, a entraîné la dissolution dudit bureau et des commissions communales. Cette décision, aussitôt acceptée par la présidente nationale du CRA, Ibtissem Hamlaoui, a laissé le territoire sans aucune structure opérationnelle. L’approche de la rentrée scolaire, période durant laquelle le CRA devait collecter et distribuer cartables, tabliers et vêtements pour les enfants démunis, accentue les difficultés. L’absence sur le terrain se fait cruellement sentir. Les maires des communes habituées aux interventions du CRA s’interrogent sur ce vide, d’autant que les associations partenaires peinent à prendre le relais. Certains membres du bureau dissous expriment leur déception : « Nous avons tout donné pour soutenir nos communes et nous faisons les frais d’une décision que nous n’avons pas prise », confie Amer. D’autres soulignent : « Dans d’autres wilayas, des démissions similaires n’ont pas paralysé les activités. Alors pourquoi ici, à Skikda ? ». Cette question reste entière, tant qu’aucun président intérimaire n’a été nommé et qu’aucune équipe pour gérer cette période transitoire n’a été désignée. Le bureau du CRA à Skikda n’était pas seulement une appellation : il constituait un maillon vital du dispositif humanitaire, capable de mobiliser rapidement bénévoles et ressources en cas d’urgence. La wilaya demeure ainsi dans l’attente d’une décision susceptible de relancer la machine solidaire.

Djamel Dib

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