Tebboune : Récupération de près de « 30 milliards de dollars » de fonds et de biens immobiliers détournés

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a effectué jeudi 9 octobre une visite au siège du ministère de la Défense nationale (MDN) à Alger. Il a été accueilli par le général d’armée Saïd Chanegriha, ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale et chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), en présence de hauts responsables militaires. Devant les cadres et personnels de l’ANP, le chef de l’État a prononcé une allocution retransmise par visioconférence à l’ensemble des commandements de forces, régions militaires, grandes unités et écoles supérieures du pays.

Le président Tebboune a affirmé que « le climat favorable à l’investissement qui prévaut aujourd’hui en Algérie et l’afflux d’investisseurs nationaux et étrangers découle de la stabilité sécuritaire assurée par l’Armée nationale populaire et les Forces de sécurité ». Il a indiqué que « 17.000 projets d’investissement sont actuellement au niveau du guichet unique », qu’il a qualifié d’« ennemi juré de la corruption et de la bureaucratie ». Il a rappelé que l’économie nationale a été saluée par des institutions financières internationales après la réalisation d’un taux de croissance élevé dans la région méditerranéenne.

« Malgré des pronostics défavorables, l’économie algérienne a progressé dans le classement de la Banque mondiale, devenant la troisième économie en Afrique », a-t-il précisé, annonçant aussi que l’Algérie deviendra bientôt un pays producteur de phosphate avec une moyenne annuelle de 10 millions de tonnes. Le chef de l’État a rappelé son engagement à renforcer l’industrie nationale et à porter sa contribution au revenu national à 13 %. Il a aussi souligné le rôle de la jeunesse dans le développement économique, souhaitant atteindre « 20.000 start-up ».

Récupération de près de 30 milliards $ de fonds et de biens immobiliers détournés

Abdelmadjid Tebboune a évoqué la récupération de près de « 30 milliards de dollars » de fonds et de biens immobiliers détournés, réaffirmant la volonté de l’État à « poursuivre la lutte contre la corruption ».

Il a annoncé que « l’Algérie entrera en 2026 dans une phase de modernisation électronique complète du pays et de l’ANP afin de renforcer ses capacités défensives ». Pour lui, « puissance économique et puissance militaire vont de pair ». Le président a salué « les sacrifices et le professionnalisme du Haut commandement de l’ANP », estimant que ces efforts ont permis de « franchir des étapes considérables dans le processus d’édification de l’Algérie nouvelle ».

Il a également évoqué la réussite de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), qualifiée de « franc succès », soulignant que cet événement a traduit la volonté de l’Algérie de contribuer à une intégration économique africaine. Selon lui, « l’Armée nationale populaire est désormais redoutable, car elle a su s’adapter aux guerres hybrides et cybernétiques et à l’intelligence artificielle ».

Tebboune clarifie les choses sur la fermeture des frontières avec le Maroc

Sur le plan régional, le président Tebboune a assuré que « l’Algérie n’a pas atteint le point de non-retour dans ses relations avec certains pays du Sahel », tout en insistant sur la préservation des liens de voisinage et de coopération. Concernant la Libye, il a rappelé que l’Algérie « ne s’immisce pas dans les affaires intérieures de la Libye » et souhaite que ce pays retrouve son unité par des élections.

S’agissant du Sahara occidental, il a déclaré : « Qu’ils nous insultent et qu’ils nous menacent, nous ne laisserons pas tomber le Sahara occidental », réaffirmant que « la question du Sahara occidental est une question de décolonisation, c’est la dernière colonie d’Afrique et le dossier est au niveau de l’ONU ».

Le président a ajouté que « la solution qu’ils (les Sahraouis) accepteront, nous l’acceptons », précisant que « tant que nous sommes dans leur voisinage, nous ne laisserons personne leur imposer une solution ». Il a également tenu à clarifier que la fermeture des frontières avec le Maroc n’était pas liée à ce dossier. « Il y a des frères qui, de bonne foi, nous demandent d’ouvrir les frontières. Mais les frontières n’ont pas été fermées à cause du Sahara occidental. Elles ont été fermées pour d’autres raisons. En 63 ans d’indépendance, nos frontières sont demeurées fermées pendant plus de 45 ans », a-t-il précisé.

La frontière entre l’Algérie et le Maroc est fermée depuis 1994. Cette décision avait été prise par l’Algérie après des accusations jugées injustifiées de la part du Maroc et l’instauration de restrictions concernant les déplacements des citoyens algériens. À la suite d’un attentat à Marrakech, les autorités marocaines avaient pointé la responsabilité de l’Algérie et décidé d’imposer un visa d’entrée aux Algériens. Pour le président Tebboune, « il faut être réaliste ». Si l’on veut régler le problème du Sahara occidental, « ce n’est pas avec le mensonge, ce peuple veut son indépendance ».

Tebboune pour la première fois un projet israélien de bombardement contre l’Algérie

Abdelmadjid Tebboune a évoqué pour la première fois un projet israélien de bombardement contre l’Algérie lors de la proclamation de l’État palestinien à Alger en 1988 : « Vous, les officiers de l’armée, êtes au courant des menaces qui étaient ourdies contre l’Algérie, y compris le bombardement de club des pins. » « Mais l’Algérie n’a pas reculé, parce que nous n’avons aucun intérêt, sauf notre conscience vis-à-vis d’un peuple qui se bat contre la colonisation », a-t-il ajouté.

Le président a rappelé que « les Palestiniens eux-mêmes témoignent que les Algériens ont combattu en Palestine en 1948 » et que l’Algérie a accueilli Yasser Arafat en 1982 avant de soutenir la proclamation de l’État palestinien en 1988. « C’est un honneur pour l’Algérie, pour nos chouhada et pour nos positions », a-t-il déclaré, soulignant que « la solution, c’est l’État palestinien, avec Al Qods comme capitale ». Abordant la situation à Gaza, il a affirmé que « pour la première fois dans l’histoire, toute l’humanité a suivi en direct une tuerie où, quotidiennement, on voit des bâtiments tomber sur leurs habitants ».

Enfin, il a évoqué les relations avec la Tunisie, qu’il a qualifiées d’« excellentes », se disant confiant en la capacité de ce pays frère à sortir de la conjoncture économique qu’il traverse. Il s’est également félicité des bonnes relations bilatérales que l’Algérie entretient avec les pays du Golfe, « à l’exception d’un seul pays », dont il n’a pas prononcé le nom, réaffirmant que l’Algérie « rejette toute ingérence dans ses affaires internes ».

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