L’humoriste Samy Gougam : «J’ai toujours su que j’avais ce don pour faire rire»

Dans le paysage de l’humour algérien, un nom revient avec un sourire dans la voix et une étincelle dans les yeux, Samy Gougam. Entre autodérision, improvisation théâtrale et histoires de quartier racontées avec une authenticité bouleversante, ce jeune humoriste a su créer sa propre trajectoire, hors des sentiers battus. Il est passé par l’Ukraine, la […] The post L’humoriste Samy Gougam : «J’ai toujours su que j’avais ce don pour faire rire» appeared first on Le Jeune Indépendant.

Juil 27, 2025 - 18:15
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L’humoriste Samy Gougam : «J’ai toujours su que j’avais ce don pour faire rire»

Dans le paysage de l’humour algérien, un nom revient avec un sourire dans la voix et une étincelle dans les yeux, Samy Gougam. Entre autodérision, improvisation théâtrale et histoires de quartier racontées avec une authenticité bouleversante, ce jeune humoriste a su créer sa propre trajectoire, hors des sentiers battus. Il est passé par l’Ukraine, la Tunisie, le Conservatoire Central d’Alger et surtout, par les scènes les plus improbables du pays… jusqu’à faire vibrer le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA). Aujourd’hui, il rêve d’exporter son humour au-delà des frontières. Entretien avec un artiste pour qui la scène est un jardin, et le rire, une mission.

Le Jeune Indépendant : Pouvez-vous nous raconter comment a débuté votre parcours artistique ?
Samy Gougam : Tout a commencé en 2015, à mon retour au pays après deux années passées à l’étranger. En rentrant à Alger, j’ai intégré le conservatoire de la Place des Martyrs. C’est là que j’ai appris les bases du métier : construire un texte, composer une scène… Grâce au professeur Denni, j’ai ensuite été orienté vers l’école artistique de Bordj El Kiffan. J’ai passé le concours d’entrée, que j’ai réussi, et j’en suis sorti major de promo. Là-bas, tout se passait sur scène, c’était un vrai bonheur pour moi. J’avais à peine 21 ans, et mes professeurs ont été étonnés par mon imagination débordante, sans doute nourrie par mes expériences vécues à l’étranger.

Le Covid-19 a mis un coup d’arrêt brutal à la culture. Comment avez-vous vécu cette période ?
Oui, pendant trois ans, tout s’est figé. Les activités culturelles étaient complètement à l’arrêt. Mais comme je suis de nature impatiente, j’ai décidé de partir en Ukraine pour poursuivre mes études artistiques. C’est là-bas que j’ai découvert le stand-up. C’était une vraie opportunité, parce que là-bas, personne ne me connaissait (rires), donc je pouvais me planter sans trop de pression. Et pourtant, je faisais rire ! Je baragouinais un peu en russe, un peu en anglais, et j’ai vite compris que l’humour, quand il est sincère, dépasse toutes les barrières linguistiques.
Je suis revenu alors que les frontières étaient encore fermées à cause du Covid-19, donc je suis rentré un peu… clandestinement (rire). C’est ironique : les Algériens quittent le pays clandestinement, moi je fais l’inverse ! Mon premier spectacle en Algérie a eu lieu dans un café à Sacré-Cœur, le 8 mars. Et honnêtement, c’était un vrai carton ! Ensuite, j’ai commencé à publier des vidéos sur les réseaux sociaux, parce que le public me le réclamait. Les deux premières ont bien marché, mais c’est la troisième, celle sur les darons algérois, qui a tout fait exploser !

C’est avec Broshing Events qu’une nouvelle page s’ouvre pour vous. Comment est née l’aventure du 28 Comedy Club ?
Oui, j’ai écrit un spectacle de 40 minutes, que je complétais avec 15 minutes de musiciens ou d’autres artistes. On a tourné un peu partout à travers le pays. À mon retour à Alger, j’ai été repéré par Broshing Events. Avec eux, une nouvelle aventure a commencé. On a monté ensemble le 28 Comedy Club à Artissimo, le premier vrai groupe de stand-up en Algérie, avec une équipe soudée et beaucoup d’amour du public.

Le TNA un rêve d’enfant réalisé ?
C’est clair ! Le TNA, c’est un peu comme mon jardin, mon terrain de jeu préféré. Son architecture, ses soirées, son public… tout ça me rendait fou de joie. Y jouer en darija, c’était une expérience à part. En français, j’y avais déjà joué, mais là, en darija, j’ai ressenti une vraie émotion. C’était comme une consécration ! Depuis tout petit, j’ai toujours su que j’avais ce don pour faire rire. À l’école, je faisais souvent le clown, et mes camarades adoraient. Mais là, au TNA, j’étais vraiment dans mon élément.

Justement, ce sens de l’humour, d’où vient-il ?
Avant tout, de ma famille. Mon père, ma mère, ma sœur, mon oncle… tous ont un humour naturel. Je suis le cadet, et à la maison, j’étais aussi celui qui mettait l’ambiance. Mon quartier m’a également beaucoup inspiré : Belcourt, les veillées, Aïn Naâdja où j’ai vécu un temps. Même quand je jouais au foot, je faisais le show en dribblant !

Tu étais footballeur professionnel ?
Oui, mais ça n’a pas abouti. Je n’étais pas très discipliné, et ça a fini par me plomber. Je suis rentré au pays un peu perdu, sans objectif. C’est grâce à ma sœur, qui faisait du cinéma, que j’ai découvert des livres comme La Méthode Stanislavski ou Être acteur de Mikhaïl Tchekhov. Là, j’ai compris que le théâtre pouvait être une continuité du terrain, j’aime amuser la galerie, que ce soit balle au pied ou micro en main.

Parlez-nous du rôle de votre famille dans votre parcours artistique.
Ma famille a toujours été d’un soutien sans faille. Ma mère, professeure de dessin, est une femme adorable et profondément bienveillante. Elle me soutient pleinement, même si elle a souvent cette inquiétude propre à toutes les mamans. Mon père, lui, c’est un homme généreux, un vrai brave type. Il m’a toujours épaulé, que ce soit à l’école, où il m’a transmis énormément de connaissances, dans le sport, notamment le foot, ou aujourd’hui dans mon aventure artistique. Il commente régulièrement mes publications, et je sens à quel point c’est une immense source de fierté pour lui.
Ma sœur aussi joue un rôle important. Elle est actrice, un peu fofolle, pleine de vie, et elle me soutient à 100 %. Je les aime énormément ! Je n’ai vraiment aucun manque de ce côté-là ; je suis entouré d’amour et de soutien, et c’est une vraie chance.

Tu as aussi fait une incursion dans le cinéma, comment as-tu vécu cette expérience ?
Oui, grâce à Djaffar Gacem, j’ai joué un rôle de tailleur dans un film. Mais j’ai vite compris que mon vrai bonheur, c’est le stand-up. Seul sur scène, je suis libre. Je n’aime pas qu’on m’impose quoi que ce soit dans ce domaine. Le stand-up, pour moi, c’est un espace de liberté, une expression brute. Je tiens à garder le contrôle sur ce que je dis et comment je le dis. J’ai d’ailleurs parfois été en désaccord avec certains metteurs en scène qui voulaient me faire entrer dans un cadre trop rigide. Ce n’est pas ma manière de créer, ni mon énergie sur scène. Je préfère écrire mes textes seul, la nuit, tranquillement, avec mes idées. Mon humour est parfois improvisé, même si j’ai toujours des objectifs précis. Et surtout, je ne suis jamais moralisateur.

Comment décrirais-tu le public algérien,?
C’est le meilleur public du monde pour moi. Il est vif, sensible, exigeant aussi. Il adore le rire. Parfois, au bar, on a un public un peu « bourré », mais alors là, avec beaucoup de rires, c’est hilarant. Sauf à Sétif, là, j’ai vécu un flop. Ils n’ont pas compris mon humour. Depuis, quand je rate un peu une soirée, je dis que c’est ma « soirée sétifienne ». Une petite blessure d’ego, quoi.

Tu vises une carrière internationale ?
Bien sûr ! La diaspora algérienne m’écrit souvent, et ça me touche énormément. Je rêve de jouer dans les pays francophones, et ailleurs encore. Normalement, on y sera le 3 octobre. J’ai vraiment envie de faire rire ceux qui ont le mal du pays, leur apporter un peu de chez nous, là-bas.

Quelles sont tes principales influences artistiques ?
Mohamed Fellag, grâce à mon père. Dieudonné, bien sûr. J’adore aussi les humoristes afro-américains comme Richard Pryor, Kevin Hart. Et puis, Michael Jackson ! Je l’écoute tout le temps, « Smooth Criminal », c’est mon chef-d’œuvre. Sur scène, j’aime le théâtre corporel, l’harmonie entre le corps et l’esprit. C’est mon petit secret, peut-être.

La blague qui te fait toujours rire ?
Celle de Jamel Debbouze sur la fille de son quartier chez le gynéco…(rire). Ses blagues un peu vulgaires me tuent !

Un duo rêvé ?
Avec Alban Ivanov, pourquoi pas ! Ou même Michael Jackson (rire).

 

 

page culture samir

 

Samy Gougam n’est pas qu’un humoriste, c’est une personnalité artistique atypique, une voix sincère, audacieuse et libre dans le monde du spectacle algérien. Son art respire la chaleur et l’énergie populaire d’Alger. Porté par un vécu dense, il incarne une nouvelle génération de comédiens sans frontières, à la croisée du rire, du théâtre et de la vérité. Gardez bien ce nom en tête… le 3 octobre, il pourrait encore frapper fort avec une entrée remarquée et saisissante…

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