Mendicité déguisée: l’arnaque dans les bus
Face à la recrudescence d’une nouvelle pratique frauduleuse dans les transports en commun, l’organisation Himayatek, dédiée à la protection du consommateur, a alerté le grand public sur l’émergence d’une forme de mendicité déguisée, soigneusement élaborée pour tromper la population. C’est ce qu’a indiqué, ce samedi, un communiqué de l’organisation. Himayatek tire la sonnette d’alarme et […] The post Mendicité déguisée: l’arnaque dans les bus appeared first on Le Jeune Indépendant.

Face à la recrudescence d’une nouvelle pratique frauduleuse dans les transports en commun, l’organisation Himayatek, dédiée à la protection du consommateur, a alerté le grand public sur l’émergence d’une forme de mendicité déguisée, soigneusement élaborée pour tromper la population. C’est ce qu’a indiqué, ce samedi, un communiqué de l’organisation.
Himayatek tire la sonnette d’alarme et appelle à la vigilance sur une méthode de plus en plus répandue, ces dernières semaines. Des individus montent dans les bus, souvent munis de badges, laissant croire à une affiliation associative, et sollicitent des dons au nom d’une prétendue cause humanitaire, généralement liée à la maladie ou à l’urgence médicale.
Ainsi, derrière des badges d’associations fictives et des discours émouvants, des individus exploitent la sensibilité des citoyens dans les bus pour soutirer de l’argent. Le plus alarmant est que ce phénomène, qui a tendance à se généraliser dans les grandes agglomérations comme Alger, Oran, Constantine ou Annaba, repose sur un scénario bien rodé.
Une personne, parfois seule, parfois accompagnée d’un complice, monte à bord d’un bus bondé. Elle interpelle les passagers d’une voix grave et solennelle, se présentant comme un membre d’une association. Pour capter l’attention, elle commence souvent par un témoignage bouleversant, à l’exemple de celui d’un enfant atteint d’un cancer, un accidenté nécessitant une opération urgente, une famille incapable de payer des soins vitaux et pleins d’autres cas similaires.
Pour appuyer ses propos, elle sort un téléphone portable contenant des vidéos ou des photos d’un malade allongé sur un lit d’hôpital, parfois même des documents médicaux censés authentifier le cas. L’émotion fait le reste, dans la confusion du moment, des passagers sortent leur portefeuille, croyant faire un geste citoyen. Leïla, une étudiante qui prend souvent le bus à l’agence de Ben Aknoun, a confié au Jeune Indépendant : « Il avait une liasse de papiers et un badge en plastique, on aurait dit un vrai représentant. Il a parlé du cas d’un jeune garçon brûlé, en montrant des images insoutenables. Beaucoup ont donné. Mais après vérification, l’association qu’il disait représenter n’existe pas. »
Himayatek s’inquiète de la sophistication croissante de ces arnaques. Les individus impliqués dans ces pratiques utilisent des badges imprimés, souvent plastifiés, sur lesquels figurent le logo d’une association inconnue, un faux nom et parfois même un numéro d’agrément. « Ces mêmes personnes sont vues dans différents quartiers, changeant juste de discours ou de cause. Ils savent comment toucher la corde sensible », a affirmé un contrôleur au niveau de la station de bus du 1er-Mai.
Dans certains cas, des enfants sont utilisés pour renforcer la dimension émotionnelle. Des adolescents, parfois mineurs, montent dans les bus avec un script bien appris, récitant leur discours avec une aisance désarmante.
Yacine, chauffeur de bus privé à Douéra, a témoigné qu’« une fois, un jeune d’à peine 14 ans est monté avec une feuille d’hôpital, disant qu’il aidait sa sœur malade. J’ai eu un doute, j’ai tenté de poser des questions, mais il a esquivé. Le badge qu’il portait semblait avoir été imprimé à la maison ».
Pour sa part, Ali, retraité et habitué des lignes interurbaines, raconte : « J’ai été dupé une fois. J’ai donné 500 DA à un homme qui disait que sa mère était en réanimation. Deux semaines plus tard, je l’ai revu dans un autre bus, avec une autre histoire. J’ai compris que c’était un comédien. Depuis, je ne donne plus sans vérifier. »
Pour éviter les abus, certains chauffeurs commencent à alerter directement les passagers. « Quand je vois quelqu’un monter avec un badge suspect, je le fais descendre. On ne peut plus se permettre de rester passifs », explique un conducteur de la ligne Draria-Ben Aknoun.
L’un des effets pervers de cette pratique, souligne Himayatek, est la méfiance qu’elle installe dans l’esprit du public. A force d’être confrontés à de faux collecteurs, les citoyens deviennent soupçonneux, même face à de véritables initiatives solidaires. « Ces escroqueries nuisent aux associations sérieuses, qui peinent déjà à récolter des fonds dans un climat économique difficile », dénonce Kheira, bénévole dans une association d’aide aux malades, qui prend souvent le bus à l’agence située juste en face de l’hôpital de Ben Aknoun. Elle déplore le fait qu’« il suffit de quelques fraudeurs pour entacher des années de travail honnête ».
Face à cette situation préoccupante, Himayatek insiste, dans son appel à la population, sur la nécessité de faire preuve de prudence et surtout de ne pas se laisser berner par ces mises en scène. L’organisation invite les citoyens à redoubler de vigilance, à vérifier l’authenticité des collectes auxquelles ils sont confrontés, et surtout à signaler toute tentative suspecte aux forces de l’ordre ou aux autorités locales compétentes. L’organisation insiste sur le danger de voir se banaliser cette forme de tromperie. Elle appelle à une plus grande coordination entre les citoyens, les autorités locales et les forces de l’ordre pour identifier ces individus et les dissuader d’agir.
« Il est de notre devoir collectif de mettre un terme à ces pratiques trompeuses, qui ternissent l’image des vraies initiatives humanitaires », assure Himayatek. Soulignant l’importance de la sensibilisation citoyenne pour lutter contre ce phénomène, elle exhorte les usagers des transports en commun à faire preuve de prudence et surtout à ne pas hésiter à signaler toute tentative douteuse aux policiers, aux agents de transport ou directement via les plates-formes numériques des autorités.
The post Mendicité déguisée: l’arnaque dans les bus appeared first on Le Jeune Indépendant.