Nouvelle escalade diplomatique entre l’Ethiopie et le Soudan autour de la question tigréenne

Des sources ont révélé que le directeur des renseignements éthiopiens, Redwan Hussein, a effectué une visite à Port-Soudan, où il a rencontré le président du Conseil de souveraineté ainsi que le directeur du Service général de renseignement, pour transmettre le mécontentement du gouvernement éthiopien concernant les mouvements de l’armée soudanaise en lien avec le soutien logistique apporté aux forces tigréennes, en échange de leur déploiement dans les régions de l’est du Soudan, proches de la frontière éthiopienne.

Le responsable éthiopien a exprimé la colère et l’indignation d’Addis-Abeba face à la coordination entre le Soudan et l’Erythrée, ainsi qu’au soutien apporté aux forces tigréennes et à leur implication dans le conflit en cours au Soudan.

La colère éthiopienne s’explique par le fait que les régions où l’armée soudanaise a déployé des forces tigréennes sont situées à la frontière avec l’Ethiopie, ce qui pourrait entraîner une infiltration de ces combattants armés sur le territoire éthiopien, surtout après leur réarmement et leur réorganisation.

Addis-Abeba craint le retour des combattants tigréens et une éventuelle confrontation avec les forces gouvernementales éthiopiennes, qui avaient réussi à les vaincre par le passé.

Lors de la réunion, il a également été question de la politique de naturalisation des Tigréens au Soudan, une démarche à laquelle l’Ethiopie s’oppose fermement.

Le conflit intérieur éthiopien

Le conflit qui a eu lieu dans la région du Tigré en Ethiopie entre le gouvernement fédéral et les forces du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) est à l’origine de toutes ces tensions. Cette guerre s’est officiellement terminée par un accord de paix en 2022, mais les tensions persistent. Le gouvernement éthiopien craint toute tentative de réarmement ou de réorganisation des forces tigréennes, car cela pourrait menacer la stabilité interne du pays et raviver le conflit.

L’Erythrée a été un partenaire clé de l’Ethiopie dans sa guerre contre le Tigré. Toute coordination militaire entre le Soudan et l’Erythrée, comme mentionné dans les rapports, suscite l’inquiétude d’Addis-Abeba. L’Ethiopie pourrait y voir une tentative de formation d’un front régional opposé à ses intérêts, notamment si cette coordination inclut un soutien aux Tigréens.

Le conflit intérieur soudanais

Le Soudan traverse actuellement une guerre civile entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide. Dans ce contexte, chaque camp cherche à mobiliser autant de soutien interne et externe que possible. Il se peut que l’armée soudanaise ait tenté de faire appel aux combattants tigréens dans le cadre de sa stratégie militaire, notamment après avoir perdu du terrain sur certaines lignes de front.

Les conflits successifs dans la région ont entraîné d’importants mouvements de déplacement et d’asile. Le Soudan a accueilli des réfugiés en provenance d’Ethiopie, y compris de la région du Tigré. Cette situation ouvre la porte à un éventuel recrutement ou usage militaire de ces réfugiés, ce qui complique la situation humanitaire et aggrave les tensions politiques.

Les relations entre l’Ethiopie et le Soudan

Il existe des tensions historiques entre l’Ethiopie et le Soudan au sujet de la région frontalière d’Al-Fashaga. Tout mouvement militaire le long de la frontière, comme le déploiement des forces tigréennes, peut être interprété comme faisant partie d’un conflit plus large pour le contrôle de ces zones disputées.

Malgré ces tensions, l’Ethiopie et le Soudan partagent des intérêts communs en matière de sécurité régionale, mais les conflits internes des deux pays redéfinissent constamment ces intérêts. L’Ethiopie considère que le soutien du gouvernement de Port-Soudan aux Tigréens constitue une menace pour sa sécurité nationale, tandis que les autorités de Port-Soudan peuvent considérer ce soutien comme nécessaire pour obtenir un avantage dans leur conflit interne.

R. I.

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