Procès en appel de Boualem Sansal : Dix de prison requis contre le prévenu

En prison depuis novembre dernier, Boualem Sansal a été rejugé, hier, en appel à la Cour de Justice d’Alger. Accusé  d’« atteinte à l’intégrité du pays », d’« atteinte à l’Unité nationale », et « publication de nature à porter atteinte à l’image du pays », le Procureur de la République a requis contre lui 10 ans de prison, assortie d’une amende de 1 million de dinars. Venu sans défense, puisque ses avocats français n’ont pas pu obtenir de visas et ayant déconstitué ses avocats algériens, Boualem Sansal a tenu à se défendre tout seul. Devant la juge Naïma Dahmani, il s’est montré confiant et parfois offensif. «Vous êtes accusés d’avoir remis en cause les frontières de l’Algérie », énonce Mme Dahmani. « J’ai évoqué les frontières dans un cadre historique. J’ai dit qu’elles étaient tracées par la France coloniale. A l’indépendance, l’Union africaine a rendu ces frontières intangibles ». Puis, « je me suis exprimé en tant que français ». En plus de ces déclarations dans le média d’extrême droite « Frontières », la justice lui reproche à des échanges avec des personnalités françaises, dont deux anciens ambassadeurs Xavier Driencourt et François Gouyette, ainsi que l’ancien ministre des Affaires Etrangères Hubert Védrine. «Vous vous êtes moqués de certaines personnalités algériennes », a chargé la juge qui cite un message dans lequel Boualem Sansal écrivait à un de ses interlocuteurs. Après avoir fait savoir qu’il s’agit là d’échanges privés, il s’est défendu de toute volonté de nuire « à quiconque » même s’il admet s’exprimer « parfois sur le ton de la plaisanterie ». « Vous n’avez pas le droit de vous moquer des symboles de l’Algérie », objecte la juge. Sansal est silencieux. Il admet également avoir visité Israël en 2012 pour assister à un salon du livre sans « vraiment » rencontrer de personnalités politiques.  A l’issue d’une audience d’un quart d’heure, le procureur de la République a rappelé  que « les preuves de la culpabilité » de l’accusé sont « claires ». Boualem Sansal « a grandi et étudié en Algérie » mais « cela ne lui a pas suffi apparemment » et s’est montré « ingrat » envers son pays. Puis, « les vidéos qui circulent sur le net » suffisent pour prouver que l’homme s’est rendu en Israël « avec lequel l’Algérie n’entretient aucune relation ». Il a demandé une peine de 10 ans de prison. Le verdict est attendu le mardi 1^er juillet.

Akli Ouali

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