Réserves de change : Un niveau appréciable
Dans un entretien accordé à TSA, un site où il est régulièrement sollicité afin de donner son avis sur la situation économique de l’Algérie, l’économiste Brahim Guendouzi a évité soigneusement d’évoquer certaines recommandations du FMI, suggérant à l’Algérie la rationalisation des dépenses, l’élargissement de l’assiette fiscale, l’amélioration de la conformité fiscale par la numérisation de […] The post Réserves de change : Un niveau appréciable first appeared on L'Est Républicain.

Dans un entretien accordé à TSA, un site où il est régulièrement sollicité afin de donner son avis sur la situation économique de l’Algérie, l’économiste Brahim Guendouzi a évité soigneusement d’évoquer certaines recommandations du FMI, suggérant à l’Algérie la rationalisation des dépenses, l’élargissement de l’assiette fiscale, l’amélioration de la conformité fiscale par la numérisation de l’économie, et la réforme des subventions. Des suggestions, qui dissimulent sous des concepts en apparence « inoffensifs », les principes ultracapitalistes d’une institutions financière internationale dont les recommandations ont mis à genoux de nombreux pays. Un économiste de ce niveau a-t-il le droit de se limiter à répondre à des questions précises, sans donner son appréciation sur les non-dits d’un rapport, dont le but est de suggérer aux pouvoirs publics de renier le caractère social de l’Etat algérien ? Brahim Guendouzi s’est autorisé ce droit, en se limitant à une lecture superficielle du rapport, qui prive le lecteur algérien de saisir avec exactitude la véritable nature du FMI. Il a certes mis en exergue le « ralentissement de l’activité économique globale, passant de 4,1 % en 2023 à 3,6 % en 2024, alors que l’activité hors hydrocarbures est restée dynamique avec une croissance de 4,2% », selon le constat du FMI. Mais, il n’a pas expliqué le contexte politique et social d’une telle évolution. Il a évoqué le niveau « appréciable » des réserves de change, qui se sont établis, selon le FMI, à 67,8 milliards de dollars, sans aller au fond de l’analyse pour décortiquer une telle « performance ». « Le déficit budgétaire s’est accentué en 2024, atteignant 13,9 % du PIB. Toutefois, un recul de l’inflation est enregistré, passant d’une moyenne annuelle de 9,3 % en 2023 à 4 % en 2024. En revanche, le solde de la balance courante est devenu déficitaire en 2024 sous l’effet d’une baisse de la production d’hydrocarbures et des prix du gaz », a-t-il retenu. Mais que retiendra le simple le lecteur, le simple citoyen, qui arrive difficilement à joindre les deux bouts ? En alertant sur le fait que la persistance des déficits budgétaires élevés et une dette interne en croissance, sans réformes structurelles, peuvent compromettre la stabilité macroéconomique de l’Algérie », le FMI préconise-t-il des mesures d’austérité ? Selon l’économiste, le FMI « préconise un rééquilibrage budgétaire progressif, mais rapide, afin de pouvoir stabiliser la dette interne et réduire les besoins de financement », en élargissant l’assiette fiscale pour accroître le plus possible les recettes hors hydrocarbures ». D’après lui, l’Algérie « fait face à une situation budgétaire qui est source de préoccupation, dès lors qu’elle est marquée par des déficits publics persistants, une dette interne croissante et une dépendance excessive aux ressources domestiques pour financer les dépenses de l’Etat ». Aussi, « en cas d’un retournement du marché pétrolier international avec un impact négatif sur la fiscalité pétrolière, il pourrait y avoir une remise en cause des équilibres macroéconomiques et une fragilisation du système économique ». Que faire pour éviter un tel scénario ? « La résilience financière de l’Algérie à long terme dépendra de sa capacité à réformer ses finances publiques et à maîtriser la trajectoire de sa dette publique interne. Il est alors attendu une diversification des sources de recettes fiscales, une plus grande contribution du marché financier pour mieux mobiliser l’épargne interne et enfin une amélioration de la qualité de la dépense publique pour limiter les gaspillages », préconise-t-il. Et l’éventualité d’une dévaluation du dinar ? Elle existe, selon sa lecture du rapport. « Evidemment, en cas de baisse des prix du brut, accompagnée d’une détérioration de la balance commerciale, une dépréciation du dinar s’opérera sur le marché officiel des changes ».
Mohamed Mebarki
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