Révélations : comment les clans au sein du Makhzen ont provoqué les émeutes au Maroc

Par Abdelkader S. – Officiellement présentées comme des mouvements spontanés portés par une jeunesse en colère, les émeutes qui secouent le Maroc s’inscrivent en réalité dans une lutte de pouvoir acharnée au sein du Makhzen. Les affrontements de rue masquent une guerre de succession qui déchire les plus hauts cercles du ... Lire la suite

Oct 10, 2025 - 09:05
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Révélations : comment les clans au sein du Makhzen ont provoqué les émeutes au Maroc

Par Abdelkader S. – Officiellement présentées comme des mouvements spontanés portés par une jeunesse en colère, les émeutes qui secouent le Maroc s’inscrivent en réalité dans une lutte de pouvoir acharnée au sein du Makhzen. Les affrontements de rue masquent une guerre de succession qui déchire les plus hauts cercles du régime.

En effet, des sources proches du dossier ont indiqué à Algeriepatriotique que deux clans s’affrontent désormais ouvertement. Le premier regroupe Fouad Ali El-Himma, beau-frère du roi et figure clé du système royal, soutenu par Abdellatif Hammouchi, patron de la DGST, le puissant service de sécurité intérieure. Ensemble, ils forment un bloc sécuritaire redouté qui contrôle une large part de l’appareil répressif du pays.

Face à eux, un autre pôle concentre l’essentiel du pouvoir exécutif et diplomatique. Il s’articule autour du Premier ministre, Aziz Akhannouch, chef du gouvernement et homme d’affaires influent, du ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi, et de Yassine Mansouri, patron de la DGED, les renseignements extérieurs. Ces hommes contestent l’hégémonie du clan El-Himma et entendent redéfinir l’équilibre du pouvoir à Rabat.

La rivalité entre ces deux blocs ne se limite plus aux coulisses. Elle se manifeste dans la rue, dans les médias, et jusque dans les institutions. Chaque camp cherche à déstabiliser l’autre, à s’imposer comme le véritable garant de la stabilité du pays. Les services de renseignement eux-mêmes se retrouvent divisés, ce qui se traduit par la réponse sécuritaire violente face aux manifestations.

Ce vendredi, le roi Mohammed VI interviendra publiquement. Dans un discours très attendu, il se présentera comme le garant de la stabilité, au-dessus des querelles politiques. Il affirmera respecter la lettre de la Constitution, qui limite son rôle dans la gestion quotidienne du pays, tout en soulignant la nécessité d’une reprise en main. Ce discours vise à restaurer son autorité morale, dans un contexte où son absence prolongée alimente les spéculations sur sa capacité à gouverner.

Cette mise en scène repose sur une stratégie bien huilée. C’est André Azoulay, officiellement conseiller spécial, qui orchestre les rôles dans l’ombre. Fin stratège, il manœuvre entre les deux camps, préserve les équilibres et veille à la continuité du régime. Il s’appuie sur des soutiens extérieurs solides, notamment la France et Israël, qui voient dans la monarchie marocaine le vassal idéal dans la région.

Les émeutes actuelles ne relèvent donc pas d’un simple malaise social. Elles sont instrumentalisées par les différentes factions du pouvoir pour renforcer leur position. Le peuple marocain devient, malgré lui, l’arme d’un affrontement interne d’une rare intensité. La guerre de succession au sommet du Makhzen ne se déroule plus en silence. Elle éclate au grand jour, dans un pays à la dérive, étranglé par la dette et dépourvu de toute souveraineté.

A. S.