Montée en puissance

Par Karim B. – Le quotidien français Le Parisien s’interroge dans un article au ton sensationnaliste : «Et si l’Algérie se dotait de chasseurs russes Su-57 ?» Présentée comme une révélation, l’information n’en est pourtant pas une. Ce qui inquiète réellement Paris, c’est la montée en puissance, méthodique et réfléchie, de l’armée algérienne. Une évolution que la France ne peut plus ignorer, surtout dans un contexte régional où l’équilibre stratégique bascule au profit d’Alger.

Contrairement à certains pays arabes qui accumulent des armements dans une logique d’achats compulsifs, souvent pour des raisons d’image ou de prestige, l’Algérie suit une doctrine claire, cohérente et profondément rationnelle. Elle évite les pièges dans lesquels sont tombés des Etats comme l’Egypte, l’Arabie Saoudite ou encore les Emirats arabes unis. Ces derniers se tournent massivement vers les industriels occidentaux, en particulier américains, sans toujours considérer la pertinence opérationnelle de leur matériel. Le paradoxe est que ces pays, pourtant placés en tête de classements militaires douteux, achètent des équipements de capacité inférieure à ceux fournis par les Etats-Unis à leur véritable allié régional, Israël, dont la supériorité militaire doit rester incontestée, selon la doctrine de Washington.

L’Algérie, elle, refuse d’entrer dans ce jeu biaisé. Elle rejette notamment le Rafale français, trop cher pour une efficacité limitée, ainsi que le F-35 américain, dont la gestion reste étroitement contrôlée par le Pentagone. Plus encore, Alger ne se laisse pas séduire par des acquisitions spectaculaires mais inadaptées, comme les porte-avions, devenus obsolètes dans le nouveau contexte géopolitique actuel.

C’est dans cette logique d’efficacité et d’adaptation stratégique que l’armée algérienne modernise ses forces. Le Su-57, chasseur furtif de cinquième génération, et le Su-34, avion de bombardement polyvalent, viennent renforcer une flotte aérienne déjà redoutable. Avec ces appareils, l’Algérie vise non seulement la supériorité dans les airs, mais elle confirme aussi sa volonté de répondre aux nouvelles menaces hybrides et asymétriques.

Ajoutons à cela les capacités sous-marines renforcées de l’ANP, avec des unités, notamment ses sous-marins, capables de dissuasion avancée face à d’éventuelles menaces venant du nord. L’Algérie ne se contente plus de défendre ses frontières, elle impose désormais sa présence stratégique en Méditerranée. Une réalité qui dérange, et que certains à Paris préfèrent présenter comme une surprise.

K. B.