Tensions
Si en France l’ancien ministre de l’Intérieur prenait un soin particulier à ne jamais écorner sa relation avec Emmanuel Macron, n’hésitant pas au contraire à toujours flatter le président de la République, peut-être dans l’espoir d’être choisi pour être son successeur officiel dans la course à l’Élysée de 2027, ce n’est pas le cas du […]

Si en France l’ancien ministre de l’Intérieur prenait un soin particulier à ne jamais écorner sa relation avec Emmanuel Macron, n’hésitant pas au contraire à toujours flatter le président de la République, peut-être dans l’espoir d’être choisi pour être son successeur officiel dans la course à l’Élysée de 2027, ce n’est pas le cas du locataire actuel de la Place Beauvau. Car si Bruno Retailleau a évité de faire des vagues avec le chef de l’État durant ses premiers mois au gouvernement, sa popularité toujours grandissante auprès des Français, ainsi que sa position actuelle à la tête du parti de droite Les Républicains, semblent avoir donné une confiance suffisante au ministre pour défier son patron et ne pas hésiter à critiquer la macronie. De quoi alarmer ses soutiens, qui s’inquiètent que sans sa place privilégiée au sein du gouvernement de François Bayrou, l’homme de droite puisse perdre de son momentum et affaiblir considérablement sa notoriété auprès des électeurs. Surtout qu’Emmanuel Macron semble réellement agacé cette fois-ci et ne supporte visiblement plus les multiples «dérapages» de son ministre, notamment lorsqu’ils concernent la famille politique qu’il a construite depuis 2017. La rencontre entre le président français et Bruno Retailleau prévue jeudi après-midi a ainsi été reportée, indique l’entourage du président de la République, confirmant une information du site Politico, sans donner de raisons particulières de ce faux bond qui ne présage rien de bon pour Bruno Retailleau. Ce dernier verra en revanche «le Premier ministre François Bayrou aujourd’hui sur les différents dossiers le concernant», ajoute un proche d’Emmanuel Macron. La présidence n’a également donné aucune date pour un prochain rendez-vous entre les deux hommes. Bruno Retailleau s’est montré particulièrement incisif envers le chef de l’État concernant ses relations avec l’Algérie, dossier ô combien explosif pour le ministre de l’Intérieur qui a notamment décrété la fin du macronisme et fustigé la «diplomatie des bons sentiments» à l’égard d’Alger. «Le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron, tout simplement» parce qu’il «n’est ni un mouvement politique, ni une idéologie : il repose essentiellement sur un homme», a-t-il dit à l’hebdomadaire Valeurs Actuelles. Des déclarations qui vont à l’encontre des positionnements de nombreuses personnalités politiques, telles que Gérald Darmanin, Gabriel Attal ou encore Richard Ferrand. Ce dernier, nommé président du Conseil constitutionnel par Emmanuel Macron, a même il y a quelques mois suggéré que le seul moyen de «combattre» une victoire de Marine Le Pen en 2027, serait de changer la Constitution pour permettre au président Macron de briguer un troisième mandat. Une suggestion qui avait ulcéré la classe politique et de nombreux commentateurs, mais qui revient de temps à autre en macronie. Retailleau, quant à lui, devrait toutefois se montrer plus prudent et ne pas pousser à son renvoi, car s’il est populaire aujourd’hui, la présidentielle est encore loin et une forte popularité, deux ans avant le scrutin, est loin d’être une garantie pour sa probable prochaine candidature. Car sans la tribune qui lui a été offerte dans le gouvernement, le ministre serait toujours un simple sénateur, président de son groupe au Sénat certes, mais dont la présence n’a jamais été particulièrement remarquée par les Français. F. M.