Titre de séjour : la double peine d’un Algérien en France

À cause du durcissement de la politique migratoire, de plus en plus d’Algériens de France se retrouvent piégés dans des situations difficiles.

Outre les sans-papiers, pour qui il est de plus en plus difficile de régulariser leurs situations administratives dans l’Hexagone, désormais même les Algériens qui y sont établis de manière tout à fait régulière peinent à se maintenir dans la légalité.

En effet, depuis quelques années déjà, notamment après la mise en place de la procédure dématérialisée, de nombreux étrangers légalement installés en France peinent à décrocher des rendez-vous en préfecture pour renouveler leurs titres de séjour.

La dégradation de la situation des étrangers en France s’est davantage accélérée depuis l’arrivée de Bruno Retailleau à Beauvau en septembre dernier. L’actuel ministre de l’Intérieur a notamment fermé les vannes des admissions exceptionnelles au séjour pour les Algériens.

Il coche toutes les cases pour être en règle

Rachid*, un Algérien installé en France depuis plus de 10 ans, est l’un des victimes du durcissement de la politique migratoire en France. Bien que titulaire d’un CDI, il se retrouve piégé dans une situation à mi-chemin entre le séjour régulier et l’illégalité. Après l’expiration de son titre de séjour de 10 ans, il dépose une demande de renouvellement mais se heurte à de longs délais au niveau de sa préfecture.

Les services de l’État le font patienter avec des récépissés qui ne lui permettent pas de quitter l’espace Schengen, au risque de ne plus pouvoir y remettre les pieds. Rachid se retrouve ainsi coupé de son pays d’origine et de sa famille.

« J’attends une réponse pour ma demande de renouvellement de carte de dix ans, en attendant, je ne peux pas voyager, et ma famille ne peut venir en France, faute de visa », explique-t-il. Son frère est inquiet : « J’aimerais me déplacer pour lui rendre visite, mais c’est très difficile d’obtenir un rendez-vous pour déposer une demande de visa. Nous sommes coincés ».

La double peine

Pour sa famille en Algérie, il est également impossible d’aller lui rendre visite en France, faute de visa. Bien que les membres de la diaspora algérienne constituent la plus importante communauté d’étranger en France, les visas sont accordés au compte-goutte à leurs proches en Algérie. La situation s’est nettement dégradée depuis le début de la crise diplomatique entre les deux pays.

Les primo demandeurs de visa pour la France doivent suivre un parcours de combattant pour décrocher un visa pour la France. Ils doivent faire face à la pénurie des rendez-vous, et trouver eux même un créneau chez un intermédiaires au marché noir, avec des prix de plus en plus exorbitants.

Séparés par une heure de vol seulement, de nombreuses familles algériennes se retrouvent ainsi fracturées à cause des lenteurs administratives des préfectures et des entêtements politiques qui débouchent souvent sur une guerre des visas.

Rachid est ainsi doublement pénalisé. Il ne peut venir en Algérie pour voir ses parents, et ces derniers ne peuvent pas aller en France pour lui rendre visite.

*Le prénom a été changé

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