Tizi Ouzou: 20 km de bonheur à Ait Ghobri
Parcourir l’Algérie à pied, c’est renouer avec l’essentiel. C’est vers Aït Ghobri, dans la wilaya de Tizi Ouzou, que nos pas nous ont menés pour une randonnée pédestre de plus de 20 km au cœur de l’Algérie profonde. Par Hafit Zaouche Le rendez-vous avait été fixé à Ravdha, un hameau paisible dans la commune d’Ifigha, […]

Parcourir l’Algérie à pied, c’est renouer avec l’essentiel. C’est vers Aït Ghobri, dans la wilaya de Tizi Ouzou, que nos pas nous ont menés pour une randonnée pédestre de plus de 20 km au cœur de l’Algérie profonde.
Par Hafit Zaouche
Le rendez-vous avait été fixé à Ravdha, un hameau paisible dans la commune d’Ifigha, daïra d’Azazga. Dès l’aube, les randonneurs affluaient, venus de divers horizons, formant une joyeuse foule prête à vivre une aventure humaine et naturelle. L’accueil était chaleureux, l’ambiance bon enfant. On sentait déjà que cette journée serait unique.
L’itinéraire prévu avait de quoi faire rêver : Ravdha – Ifri N’Dlal – Aourir – Aït Bouada – Aït Ghobri. Des noms qui résonnent comme des invitations à la découverte.
Le territoire traditionnel des Aït Ghobri correspond aux territoires des communes actuelles d’Azazga, Ifigha et de Yakouren.
Parmi les moments forts du parcours, la visite de Ifri N’Dlal, un site archéologique impressionnant, situé à Thizi Lbir. Cet abri sous roche, qui remonte à la protohistoire, renferme plus de 500 caractères libyques ainsi que des formes anthropomorphes et zoomorphes. Un véritable trésor pour la mémoire libyco-berbère, niché dans la montagne, loin des circuits touristiques classiques. Puis, au détour d’un sentier escarpé, apparaît Aourir N’Aït Ghobri, village perché à 976 mètres d’altitude. Ce joyau de l’architecture kabyle ancienne est un miracle d’équilibre entre pierre, terre et ciel. Chaque maison, chaque ruelle raconte un mode de vie, un rapport intime au territoire. De là-haut, la vue est imprenable sur le massif de l’Akfadou et les villages environnants : Ifigha, Ighil Tizi, Ihassane n’Aït Issad, Tabourt n’Aït Ghobri, Achallam, Moknéa… Une Algerie authentique, fière, silencieusement belle. La belle surprise du jour fut une lew3da, une fête traditionnelle organisée au niveau du Selah Sidi Belkacem à Aourir. Un moment magique de partage autour d’un délicieux couscous, dans une ambiance fraternelle et chaleureuse. Les rires fusaient, les sourires étaient sincères. On se sentait invités, accueillis, comme si nous étions d’ici.
La randonnée s’est poursuivie jusqu’à Aït Bouada, village vivant de la commune d’Azazga. Riche de sa diaspora, notamment en France, Aït Bouada est un pont entre racines et avenir. Ses habitants cultivent la mémoire et l’attachement à la terre, même quand la vie les mène loin.
Au fil des conversations, on apprend que la région d’Aït Ghobri a vu naître de nombreux intellectuels, dont les Filles du Djurdjura et Kamel Igman, témoignant d’une richesse culturelle qui traverse les générations.
Marcher ici, c’est bien plus qu’avancer : c’est écouter, sentir, apprendre. C’est retrouver ce lien profond avec la terre et les gens. À Aït Ghobri, tout semble suspendu entre ciel et mémoire. Et l’on repart avec le cœur plein.
Belle est notre Algérie. Éternellement.
H. Z.