Tourisme et guerre médiatique: L’Algérie face aux coups bas de l’image

Dans un monde où l’information circule à la vitesse de la lumière, le tourisme n’échappe plus aux logiques de guerre médiatique. L’image d’un pays, sa réputation, sa sécurité perçue, son attractivité touristique… tout peut être construit, déconstruit ou manipulé. Aujourd’hui, l’Algérie est en train de l’apprendre à ses dépens, alors qu’elle connaît un regain d’intérêt […]

Juil 28, 2025 - 01:20
 0
Tourisme et guerre médiatique: L’Algérie face aux coups bas de l’image

Dans un monde où l’information circule à la vitesse de la lumière, le tourisme n’échappe plus aux logiques de guerre médiatique. L’image d’un pays, sa réputation, sa sécurité perçue, son attractivité touristique… tout peut être construit, déconstruit ou manipulé. Aujourd’hui, l’Algérie est en train de l’apprendre à ses dépens, alors qu’elle connaît un regain d’intérêt sans précédent sur la scène touristique régionale. Ce frémissement suscite de l’espoir, mais aussi de la gêne, voire de l’hostilité. Car derrière l’accueil des voyageurs se joue aussi une bataille invisible : celle du récit. L’Algérie, longtemps absente du radar touristique international, commence à faire parler d’elle autrement. Grâce aux réseaux sociaux, aux influenceurs, aux récits authentiques de visiteurs libyens, tunisiens, français ou latino-américains, un autre visage du pays se dessine : hospitalité, nature intacte, authenticité, sécurité, diversité. Mais cette image ascendante n’arrange pas tout le monde.
Car dans le monde concurrentiel du tourisme, une destination qui émerge, c’est une autre qui perd.
Et certains acteurs régionaux, habitués à monopoliser le tourisme maghrébin et africain, n’acceptent pas facilement de céder du terrain. Résultat : des campagnes de désinformation, des attaques déguisées, des vidéos orientées, des récits anxiogènes. À peine un influenceur publie-t-il une vidéo positive sur l’Algérie que surgissent des commentaires coordonnés, remettant en question sa crédibilité : «As-tu été payé ?», «Tu n’as pas vu la vraie Algérie», «Fais attention, ce n’est pas un pays sûr». Sur YouTube, certains comptes vont jusqu’à publier des faux témoignages ou à amplifier le moindre incident pour entretenir la peur.
C’est ici que la guerre de l’image devient frontale.
Le tourisme, ce n’est plus simplement du loisir, c’est du pouvoir. C’est un levier économique majeur, mais aussi un outil de rayonnement international. Attirer des touristes, c’est projeter une image positive. C’est affirmer une stabilité. C’est créer une influence. Et dans cette bataille du «soft power», l’Algérie redevient un acteur sérieux. Trop sérieux.
L’émergence du tourisme algérien dérange. Car elle repose sur des piliers que peu de pays peuvent encore offrir : des paysages authentiques, une hospitalité sans arrière-pensée, des prix raisonnables, une absence d’obsession marchande. Pas de double tarification, pas de harcèlement du visiteur, pas d’exploitation touristique abusive. Pour certains, ce modèle est non seulement déroutant, mais dangereux… car il pourrait devenir attractif.
Alors, comment répondre à cette guerre médiatique ?
Certainement pas par le silence, ni par l’improvisation. Il est temps pour l’Algérie de prendre au sérieux sa communication touristique. De construire un récit, de former des professionnels, de produire ses propres contenus, de soutenir les créateurs indépendants qui montrent l’Algérie vraie. Il ne suffit plus
d’être beau, accueillant et stable : il faut savoir le raconter.
Aujourd’hui, ce sont les vidéos de voyageurs indépendants, les publications d’influenceurs, les récits spontanés sur TikTok ou Instagram qui contrecarrent les tentatives de dénigrement. Ce sont eux les premiers remparts face à la désinformation. Mais à long terme, seule une stratégie nationale intelligente de communication touristique pourra réellement inverser la tendance.
La guerre médiatique autour du tourisme algérien est une réalité. Elle se joue tous les jours, dans les commentaires, les hashtags, les contenus viraux. Et elle révèle une chose essentielle : si l’Algérie dérange, c’est qu’elle commence à exister.
Hafit Z.