Urbanisme et technologies spatiales : L’USTHB explore les outils de demain pour la ville algérienne

L’Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene (USTHB) a organisé, ce mercredi, une journée d’étude consacrée aux apports des technologies spatiales dans l’urbanisme et l’aménagement du territoire. Chercheurs, experts, professionnels et institutions se sont réunis pour débattre des avancées, des limites et des perspectives de ces outils innovants dans le contexte algérien.

Face à une urbanisation rapide, aux défis environnementaux et à la pression démographique, les villes algériennes connaissent des transformations profondes. Pour répondre à ces mutations, chercheurs et décideurs s’accordent sur la nécessité d’utiliser des outils technologiques innovants. Parmi eux les technologies spatiales – imagerie satellitaire, télédétection, systèmes d’information géographique (SIG) – apparaissent comme des leviers incontournables pour mieux comprendre, planifier et gérer les dynamiques urbaines.

Organisée par le Laboratoire de recherche en aménagement et urbanisme (LREAU) de la faculté des sciences de la terre de l’USTHB, la rencontre visait à évaluer l’intégration réelle de ces technologies dans les pratiques urbanistiques en Algérie, tout en identifiant les besoins, les contraintes et les opportunités.

La directrice du LREAU, Pr Leïla Abbes Mansour, a déclaré que ce laboratoire regroupe quatre équipes scientifiques actives dans les domaines de l’aménagement et de l’urbanisme, avec une attention particulière portée à l’intégration des technologies spatiales dans la réflexion territoriale. « Nos territoires sont devenus majoritairement urbains. Il est donc essentiel d’adapter nos outils à cette nouvelle réalité », a-t-elle souligné.

Elle a expliqué que cette journée d’étude a été conçue il y a trois mois et validée par le conseil scientifique, avant de mobiliser un large réseau de partenaires : ministères (Habitat, Intérieur et Collectivités locales), organismes spécialisés (INCT, ASAL), ainsi que plusieurs universités. Elle a précisé que l’Université de Aïn Témouchent, l’APRUE et le ministère des Energies renouvelables participent depuis 2003 à un programme de recherche sur l’efficacité énergétique, en collaboration avec le LREAU.

Leïla Abbes Mansour a tenu à saluer le soutien de la direction de l’USTHB, notamment du recteur, Djamel Eddine Lakretche, et du vice-recteur aux relations extérieures, le Pr Chafa, qui a ouvert les travaux. Elle a également mis en lumière la présence d’enseignants et de responsables venus de plusieurs institutions, dont l’Université de Sétif.

La première session de la journée a porté sur l’usage des images satellitaires, de la télédétection et des SIG en Algérie. Elle a reconnu que malgré les avancées, des contraintes subsistent – accès aux données, manque d’expertise – mais a exprimé l’espoir que le débat interdisciplinaire engagé permette d’esquisser des solutions concrètes

Un espace d’échange et de sensibilisation

Le Dr Ratiba Bouali, maître de conférences à l’USTHB et cheffe de l’équipe de recherche « Ville, projet et développement durable » au sein du LREAU, a affirmé que cette sixième journée scientifique, placée sous le thème des technologies innovantes dans l’aménagement du territoire, avait pour ambition de créer un espace d’échange entre chercheurs, partenaires socio-économiques et étudiants.

Elle a mis en avant le caractère multisectoriel de la rencontre, à laquelle ont pris part de nombreux acteurs institutionnels, économiques, universitaires et doctorants, à travers des communications orales et des présentations par affiches. Selon elle, cette dynamique traduit un intérêt croissant pour l’intégration des outils numériques dans les politiques d’aménagement.

Le Dr Bouali a insisté sur l’importance des systèmes d’information géographique (SIG), qu’elle qualifie d’« outils essentiels d’aide à la décision ». Ces technologies, a-t-elle expliqué, permettent d’orienter les choix des décideurs publics et des praticiens de l’urbanisme, en rendant l’analyse spatiale plus précise et accessible. Elle a souligné que le SIG est déjà utilisé dans plusieurs secteurs, au-delà de l’urbanisme, notamment dans la gestion des ressources en eau, les risques naturels ou encore l’expansion urbaine. Elle a cité, à ce titre, le géoportail de l’INCT utilisé pour la planification des réseaux d’eau potable dans les grandes agglomérations.

Elle a également déclaré que cette journée visait à vulgariser l’usage des SIG auprès des différents ministères, en particulier celui de l’Habitat, avec lequel des cas concrets ont été étudiés. « L’usage des technologies numériques dans l’urbanisme n’est plus un choix, mais une obligation », a-t-elle tranché.

En sa qualité de formatrice auprès du ministère de l’Habitat, le Dr Bouali a précisé qu’elle œuvre à sensibiliser et à former les cadres à l’utilisation de ces outils, incontournables à ses yeux. Elle a par ailleurs souligné l’émergence de l’intelligence artificielle (IA) comme complément aux SIG, expliquant que si ces derniers assistent l’humain dans la prise de décision, l’IA permet, quant à elle, d’automatiser certaines fonctions à travers des modèles prédictifs et des solutions avancées.

Enfin, le Dr Bouali a attiré l’attention sur la transition en cours vers les villes numériques et les espaces virtuels, notamment le métavers, où les interactions, déplacements et activités sociales peuvent se faire à distance. Selon elle, cette mutation impose une préparation rigoureuse des institutions, des chercheurs et des étudiants.

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