Vacances d’été trop longues : Un gaspillage pédagogique inquiétant
Alors que les élèves algériens entament leur deuxième mois de vacances d’été, la question de la durée de cette interruption scolaire, jugée trop longue, refait surface avec insistance. Étendue sur près de quatre mois, cette pause suscite l’inquiétude des spécialistes de l’éducation, qui y voient un facteur de rupture pédagogique et de désengagement progressif. Kamel […] The post Vacances d’été trop longues : Un gaspillage pédagogique inquiétant appeared first on Le Jeune Indépendant.

Alors que les élèves algériens entament leur deuxième mois de vacances d’été, la question de la durée de cette interruption scolaire, jugée trop longue, refait surface avec insistance. Étendue sur près de quatre mois, cette pause suscite l’inquiétude des spécialistes de l’éducation, qui y voient un facteur de rupture pédagogique et de désengagement progressif. Kamel Nouari, conseiller en éducation, plaide pour une refonte du calendrier afin que cette pause estivale retrouve son rôle, celui d’un temps de repos maîtrisé et de développement éducatif alternatif.
Les vacances d’été en Algérie s’étendent, en effet, de la fin mai jusqu’au 21 septembre, soit près de 120 jours sans école. Selon Kamel Nouari, contacté par le Jeune Indépendant, cette durée, « anormalement » longue, entraîne un désengagement des élèves et complique leur réintégration en classe. « Les vacances d’été en Algérie sont parmi les plus longues au monde, ce qui compromet sérieusement la continuité pédagogique », déplore-t-il. « Les petits oublient même les lettres de l’alphabet en reprenant l’école. On ne peut plus parler de vacances éducatives dans ces conditions », ajoute-t-il.
En se référant à la loi d’orientation sur l’éducation nationale (n°08-04 du 23 janvier 2008), M. Nouari rappelle que l’année scolaire doit comprendre au minimum 32 semaines de cours, réparties sur différentes périodes entrecoupées de vacances. Or, le nombre réel de semaines d’enseignement effectif oscille entre 26 et 28, soit bien en deçà de cette exigence.
« A l’échelle mondiale, la moyenne est de 34 semaines avec cinq jours et demi d’école par semaine. En Algérie, on n’en fait que quatre jours et demi, ce qui nous place loin derrière des pays au climat similaire, comme l’Arabie saoudite, où les élèves étudient jusqu’à 42 semaines par an », explique-t-il.
Il qualifie cette situation de « gaspillage pédagogique », estimant qu’elle nuit non seulement aux apprentissages mais aussi à l’équité entre élèves. M. Nouari s’inquiète également des conséquences sociales d’une pause estivale de près de quatre mois. « L’élève a sa place à l’école, pas dans la rue. Ce vide éducatif favorise des comportements à risque et un désengagement progressif vis-à-vis de l’apprentissage », avertit-il.
Pour remédier à la désorganisation actuelle de l’année scolaire, le conseiller en éducation avance neuf propositions concrètes. Il recommande d’abord de fixer rigoureusement les dates des vacances afin de garantir un minimum de 32 semaines effectives de cours, hors périodes d’examen. Il appelle ensuite à mobiliser les collectivités locales, les associations et les institutions culturelles ou religieuses pour proposer des activités éducatives complémentaires durant les vacances, et à ouvrir les établissements scolaires en été pour offrir des cours de soutien et préparer la rentrée.
Il insiste également sur la nécessité de climatiser toutes les écoles, quelle que soit leur localisation, pour garantir des conditions d’apprentissage acceptables, même en période de forte chaleur. Il propose aussi de sanctionner l’abandon scolaire précoce, notamment en interdisant le redoublement aux élèves de moins de 16 ans quittant l’école, et ce en les orientant vers la formation professionnelle et en conditionnant l’octroi de la prime de chômage à cet encadrement.
Le retour à une semaine scolaire de cinq jours pleins est également préconisé, de même que l’avancement de la rentrée à la fin août au lieu de fin septembre. Les examens devraient être programmés à la fin du mois de juin, alors que le mois de juillet devrait être réservé exclusivement aux corrections, aux épreuves de rattrapage, aux conseils de classe et aux opérations d’orientation.
Pour Kamel Nouari, « il ne s’agit pas seulement de réorganiser le calendrier mais de repenser la place de l’école dans la société ». A ses yeux, l’éducation nationale doit cesser d’être dictée par les seules contraintes climatiques et s’aligner sur les exigences d’une scolarité continue, équitable et efficace.
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