Algérie-Italie : La seconde vie de la doctrine Mattei

« Les relations entre l’Algérie et l’Italie sont stratégique », avait souligné Matteo Renzi, alors qu’il occupait le poste de président du Conseil des ministres, entre 2014 et 2016. L’évolution de ces relations dans le temps lui a donné entièrement raison. Le leader du Parti démocrate italien n’a pratiquement rien inventé. Il n’a fait que traduire une réalité historique de par son ancrage dans les rapports entre Alger et Rome. Economiquement, et à partir de 2022, « l’Italie a déjà dépassé la France en devenant le principal partenaire européen de l’Algérie, avec un volume d’échanges de 20 milliards d’euros, contre 7,19 milliards en 2021 ». « Les investissements italiens, estimés à 10 milliards d’euros en 2021, se diversifient progressivement vers des secteurs tels que l’agroalimentaire, le biomédical et le numérique, surpassant ainsi le domaine des hydrocarbures », selon des estimations élaborées par des sources des deux pays. « En 2024, l’Italie est le premier client de l’Algérie, absorbant un quart de ses exportations, soit 9,95 milliards d’euros sur les 11 premiers mois de 2024 », a indiqué l’agence de presse italienne AGI, propriété du groupe ENI, dans un article publié mardi, à l’occasion de la visite de Tebboune en Italie, et la tenue de la 5^ème session de la réunion gouvernementale algéro-italienne de haut niveau. En effet, l’Algérie fournit 40 % du gaz consommé dans la péninsule et reste également le premier fournisseur de gaz de l’Italie et son principal partenaire commercial sur le continent africain. Evoquant la tenue de la 5^ème session de la réunion gouvernementale algéro-italienne de haut niveau, AGI a rappelé que ce « forum s’inscrit dans un contexte de croissance continue des échanges économiques entre l’Italie et l’Algérie ». « Avec plus de 150 entreprises italiennes actives sur le sol algérien, Rome confirme son statut de premier partenaire commercial global d’Alger au cours du premier quadrimestre 2025, avec des échanges dépassant les 4,78 milliards d’euros. De son côté, l’Italie reste le premier client de l’Algérie et son deuxième fournisseur, avec des exportations italiennes ayant frôlé les 3 milliards d’euros en 2024 », a indiqué le média italien. Cette montée en puissance des échanges commerciaux répond effectivement à un besoin exprimé par les deux pays : bâtir et renforcer « un partenariat stratégique basé sur le modèle Mattei », comme l’a souligné l’agence AGI. Dans son article consacré à la visite du président algérien, AGI a qualifié les relations algéro-italiennes d’une « approche qui combine la sécurité énergétique et la coopération pour le développement », rappelant le rôle joué par le fondateur d’ENI durant la guerre de libération nationale, déclenchée le 1^er novembre 1954. « Enrico Mattei, figure emblématique de la politique énergétique italienne d’après-guerre, fut également un ardent défenseur de la cause algérienne pour l’indépendance. Ce n’est pas un hasard si le président Tebboune lui a décerné à titre posthume l’Ordre des amis de la révolution algérienne, la plus haute distinction réservée aux personnalités étrangères ayant soutenu la lutte du peuple algérien pour sa liberté. Le gazoduc reliant l’Algérie à l’Italie porte également le nom de Mattei, symbole concret d’une coopération énergétique et politique durable entre les deux nations », a écrit AGI. Faut-il rappeler également que durant la décennie noire, alors que les pays occidentaux, et à leur tête la France, maintenaient un embargo criminel contre le pays, l’Italie a été l’un des rares pays, si ce n’était pas le seul, à soutenir l’Algérie, politiquement et financièrement.

Mohamed Mebarki

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