Amitié par-delà les montagnes et la mer : récits d’anciens combattants algériens formés en Chine (REPORTAGE)
En pleine guerre d’indépendance algérienne dans les années 1950, alors que la répression coloniale battait son plein et que le soutien international se faisait rare, une nation lointaine ouvrit ses bras à un groupe de jeunes algériens. Cette nation, c’était la République populaire de Chine qui venait de s’établir. Après avoir reconnu officiellement le gouvernement […] The post Amitié par-delà les montagnes et la mer : récits d’anciens combattants algériens formés en Chine (REPORTAGE) appeared first on Le Jeune Indépendant.

En pleine guerre d’indépendance algérienne dans les années 1950, alors que la répression coloniale battait son plein et que le soutien international se faisait rare, une nation lointaine ouvrit ses bras à un groupe de jeunes algériens.
Cette nation, c’était la République populaire de Chine qui venait de s’établir.
Après avoir reconnu officiellement le gouvernement provisoire de la République algérienne en septembre 1958, la Chine a accueilli entre 1959 et 1961 un total de 27 combattants algériens pour une formation complète en aviation.
Lors d’un récent entretien accordé à Xinhua, Boudaoud Lounes et Drid Ahmed Lakhdar, deux des aviateurs algériens formés en Chine, racontent leurs expériences dans ce pays caractérisées par la solidarité et l’amitié par-delà les montagnes et la mer.
Boudaoud Lounes, ancien pilote de bombardier né en octobre 1935, fut parmi la première équipe d’aviateurs algériens formés en Chine durant la guerre d’indépendance algérienne. « Nous avons d’abord reçu une formation de base en Syrie, à une école militaire d’Alep », se souvient-il. « Mais pour notre formation spéciale continue, le premier pays qui a répondu, c’était la Chine ».
Il se rappelle encore avec émotion de l’impression profonde que la Chine lui a laissée en tant que jeune stagiaire. « Ce peuple nous est apparu comme dynamique, digne, avec une mémoire historique forte. Nous avons tout de suite perçu les parallèles entre les luttes du peuple chinois et les nôtres ».
Ces combattants algériens ont suivi environ deux années de formation militaire dans des écoles d’aviation chinoises, se spécialisant en pilotage, opérations de bombardement, soutien technique et systèmes de radar. Le groupe de M. Boudaoud, spécialisé dans les missions de bombardement, a suivi sa formation dans la ville de Harbin, dans le nord-est de la Chine.
« Ce qui nous a le plus touchés, ce n’était pas seulement le savoir militaire. C’était la foi qu’ils avaient en nous. Nous étions traités avec respect. En Chine, nous nous sentions comme des frères », affirme-t-il.
Il évoque également d’un geste marquant de la part de l’armée chinoise : « Ils nous ont offert une base aérienne entière pour que nous puissions commencer à former nos propres instructeurs. Ils ne cherchaient pas à nous dominer, mais à nous rendre autonomes. Cette offre fut une pierre angulaire de l’aviation moderne algérienne ».
Au-delà de la formation technique, M. Boudaoud fut profondément influencé par les valeurs spirituelles forgées en Chine. « Par exemple, un slogan : ‘Le matériel est important, mais l’homme est décisif’. C’est très important et profond », raconte-t-il.
Drid Ahmed Lakhdar, qui fit partie de la deuxième équipe de combattants algériens envoyés en Chine en 1959, se forma en tant que pilote de chasse. Son groupe était basé à Shijiazhuang, dans le nord du pays.
Aux yeux de M. Drid, le soutien de la Chine était enraciné dans une lutte commune contre le colonialisme et l’occupation étrangère. « Nous avons trouvé bien plus qu’une assistance militaire. C’était une véritable solidarité, profondément fraternelle et patriotique », indique-t-il.
Selon lui, « les Chinois savent ce que signifie être colonisé. Leur engagement venait d’une expérience vécue ».
Après l’indépendance de l’Algérie, M. Drid, qui a occupé des postes de direction au sein de l’armée, transmet les valeurs acquises lors de son séjour en Chine. « Le sens du devoir, de l’humilité, l’esprit collectif que j’ai appris en Chine ne m’ont jamais quitté. J’ai essayé de les transmettre aux générations suivantes ».
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