Bilan détaillé de la phase aller de l’ESS : Radioscopie d’un échec annoncé

La phase aller a tiré sa révérence, laissant place à l’heure des bilans. Pour l’Entente Sportive de Sétif, équipe emblématique de la cité qui respire le football, la récolte est décevante. La position actuelle au classement est illusoire et risque de chuter après la mise à jour du calendrier d’équipes comme la JSK, le CRB, […] The post Bilan détaillé de la phase aller de l’ESS : Radioscopie d’un échec annoncé first appeared on L'Est Républicain.

Jan 2, 2025 - 00:58
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Bilan détaillé de la phase aller de l’ESS : Radioscopie d’un échec annoncé

La phase aller a tiré sa révérence, laissant place à l’heure des bilans. Pour l’Entente Sportive de Sétif, équipe emblématique de la cité qui respire le football, la récolte est décevante. La position actuelle au classement est illusoire et risque de chuter après la mise à jour du calendrier d’équipes comme la JSK, le CRB, le MCA, le CSC et le PAC, pour ne citer qu’elles. Le football n’étant pas de la science-fiction, la réalité du terrain est brutale. Avec quatre contre-performances à domicile, la fin de cette phase met à nu le “one-man show” d’un salarié faisant la pluie et le beau temps à l’Entente, où rien ne va au volet sportif. Les grandes réussites ne tombant pas du ciel, les résultats mitigés sont la conséquence directe d’une gestion hasardeuse, menée par un salarié opérant en mode “trois-en-un”. Bien que le club soit financièrement à l’abri du besoin pour la deuxième année consécutive, son bilan sportif reste largement négatif. Les déclarations optimistes d’un manager faisant cavalier seul sur les plateaux télévisés ne peuvent masquer les faits : le déclin est avant tout le fruit de décisions hasardeuses, notamment de la part du “propriétaire”, qui a confié les clés de cette grande institution à un “théoricien” sans projet et inactif depuis plusieurs années. Le choix d’un recrutement ni ciblé ni stratégique place également l’entraîneur au cœur des responsabilités. La descente aux enfers a débuté dès la fin de la saison dernière. La nomination inattendue d’un manager général controversé à six journées de la fin a perturbé Ammar Souayah, le technicien tunisien engagé pour un projet de 36 mois. Celui-ci a de surcroit abdiqué sans faire le moindre remous.

Quand Bira emboite le pas à Amrani

Au lieu de retenir les enseignements de la première saison à l’ère Sonelgaz, le salarié fait table rase et emboite le pas à Abdelkader Amrani, auteur de la dernière purge. Ainsi, 16 éléments de l’exercice 2023-2024, dont 6 attaquants (Benchoucha, Zaamoum, Asker, Hittala, Lahmeri et Oukil (fin de prêt)) sont « remerciés ». Toujours sous contrat, des « libérés » ne cèdent pas sans un chèque conséquent. En laissant faire, Sonelgaz permet au « recruteur » en chef de bâcler le renouvellement de l’effectif et de corser l’addition. La preuve s’il en fallait : 11 éléments, dont un « prétendu » attaquant de pointe, prennent la place des congédiés. L’ubuesque démarche du salarié relégue le directeur général de la SSPA/Blacks Eagles à un rôle purement administratif et a empoisonné l’ambiance du stage de Hammam Bourguiba où Abada, Ghorab, Dhmani et Belaribi ont été invités à plier bagages, pour une rocambolesque affaire d’indiscipline. 

Une intersaison chaotique et onéreuse

L’échec de la première partie de la saison n’est pas un accident de parcours, il ne tombe pas du ciel. Il n’est pas dû à un quelconque manque de moyens matériels ou financiers, mais la conséquence logique de la mauvaise gestion d’un manager général trouvant le moyen de couper les ponts entre le club et son environnement naturel. Celui-ci a érigé la rétention de l’information en règle, pour pouvoir « casser » à sa guise. En programmant une très grande partie de la préparation loin de Sétif et à huis clos, le détenteur de la carte « blanche », qui a embauché en catimini, a non seulement attisé la colère des fans, mais aussi coupé le cordon ombilical qui liait l’Aigle Noir à son milieu ambiant.

Recruter pour « rationnaliser les dépenses »

Le salarié commet l’irréparable et fait perdre à son employeur des centaines de millions. Dans un premier temps, il laisse partir « gratos » Tarek Aggoun, qui avait 2.279 minutes de jeu dans les jambes. L’autre recrue du dernier mercato hivernal, Hittala, ramené du MC El Bayadh contre un chèque de 3 milliards de centimes, est « libéré » sans la moindre compensation financière. Il fait signer un contrat à l’ex-Mouloudéen Dhamni, obligé de résilier son contrat en plein stage et Sonelgaz se retrouve obligée de dédommager le congédié par la faute du salarié. De plus, en laissant trainer le cas Sami Ghediri, le manager général a fait perdre à son équipe une licence. Se trouvant chez lui aux USA, le joueur attend la rupture du contrat.

Des chiffres qui parlent : une formation en quête de redressement

L’Aigle Noir termine la première phase de la saison à une provisoire 3 place, avec 21 points, soit trois de moins que lors de la phase aller de l’exercice précédent. La perte de 11 points à domicile (quatre matchs nuls contre le NCM, le MCA, la JSK et l’USMA, ainsi qu’une défaite face au PAC) a encore assombri le tableau. Avec les 8 points glanés à l’extérieur, l’ESS aurait pu achever l’aller avec un bilan bien meilleur. La gestion du groupe et les déclarations incendiaires du coach et du manager ont ajouté de l’huile sur le feu. L’utilisation aléatoire et subjective de l’effectif a également pesé lourd : sur les 27 joueurs de l’effectif officiel, 25 ont été utilisés, mais avec une répartition inégale du temps de jeu. À titre d’exemple, Sami Ghediri n’a pas disputé une seule rencontre, là où Saidi, gardien titulaire la saison passée, avec 2.222 minutes au compteur, est désormais réduit à un rôle de simple figurant, sans aucune minute jouée cette saison. N’obéissant à aucun critère sportif valable et objectif, le passage de titulaire à second n’est pas fortuit. Le troisième gardien, Bouaoune, gravement blessé, n’a pas non plus joué, laissant le champ libre à Bousder et Chaâbi, les deux seuls à avoir disputé l’intégralité des 15 matchs. Le gardien et le capitaine de l’équipe sont suivis par Oladapo (1.165 minutes), Ferhani (1.017 minutes), Boubakeur (956 minutes), Bacha (923 minutes), Benkhelifa (914 minutes) et Gattal (909 minutes). Blessé dès la 3 journée face au NCM, Djahnit boucle la phase aller avec seulement 122 minutes jouées. De son côté, Jiddou, absent lors des sept derniers matchs, n’a totalisé que 242 minutes et semble proche d’un départ. En conflit avec le coach et le manager général, Chikhi connaît un sort similaire, avec seulement 279 minutes au compteur. Recruté pour apporter un plus à l’équipe et renforcer un effectif engagé pour jouer les premiers rôles, le Béninois Kossi n’a joué que 378 minutes, soit une moyenne de 25,2 minutes par match. Un rendement bien insuffisant pour un joueur étranger et l’on ne peut rentabiliser un important investissement avec un aussi maigre ratio. Le rapport buts inscrits (14) et encaissés (13) reflète une problématique persistante. Plus de 60 % des buts ont été marqués par des défenseurs : Chaâbi et Boubakeur (3 buts chacun), Diarra et Gattal (1 but chacun). Hadji, dont la lettre de libération a coûté 800 millions de centimes, n’a pas trouvé le chemin des filets en huit matchs (395 minutes jouées, soit 26,33 minutes par match). Le rendement de l’ex-attaquant de pointe de l’ES Ben Aknoun est nul. Mouley, recruté lors du mercato hivernal pour une somme comprise entre 3,5 et 5 milliards de centimes, n’a inscrit qu’un but, sur penalty, en 684 minutes. L’aléatoire bonne santé d’un groupe manquant de caractère et de leader a été débusquée par les 5 penaltys ratés. Avec une meilleure préparation psychologique, l’Aigle Noir aurait pu terminer le parcours avec une bien meilleure note. Le monumental ratage a impacté la confiance et la sérénité du collectif.

Un vestiaire fracturé

Malgré l’embargo imposé à la presse, L’Est Républicain a réussi à lever le voile sur le climat tendu qui règne au sein de l’équipe. Un salarié controversé, critiqué par une partie du vestiaire, est au centre des tensions. Plusieurs joueurs, s’exprimant sous anonymat, dénoncent la situation : « Le départ d’Ammar Souyah, un coach compétent et charismatique, a été une perte énorme pour l’ESS. Avec la politique des deux poids deux mesures instaurée par le directeur sportif, qui a le dernier mot sur la composition de l’équipe, le groupe s’est divisé en deux clans. Si tu refuses de signer avec le manager de son choix, tu es écarté », soulignent non sans forte émotion nos interlocuteurs, exhortant leur employeur qui n’a pas lésiné sur les moyens à intervenir pour mettre fin à ce diktat. Notons que la majorité des recrues du mercato estival aurait été choisie par deux managers basés à Alger, sans réelle cohérence avec les besoins de l’équipe.

Diarra, symbole d’une navigation à vue…

« Les deux Maliens, Diarra et Jiddou, sont à 90 % partants », déclarait le manager général lors de sa première et unique conférence de presse. Mais le temps et les circonstances ont fini par le désavouer. Malgré cette mise à l’écart injustifiée, Diarra a fait preuve de patience, acceptant de passer la première partie de la phase aller avec l’équipe réserve. Ce n’est qu’à la 10e journée, lors de la rencontre O. Akbou – ESS (0-1), qu’il est repêché. Repositionné au flanc gauche de la défense, où le vétéran Ferhani, autre recrue estivale, montrait des signes évidents d’essoufflement, Diarra a saisi sa chance pour prouver sa valeur. Non seulement il a pris une belle revanche sur son sort, mais a également mis en lumière les failles des « plans » du recruteur en chef. Titularisé lors des sept derniers matchs de la phase aller, il a marqué un but (ESS 2 – JSK 2) et totalisé 585 minutes de jeu, soit une moyenne de 39 minutes par match sur les 15 rencontres de cette période. De joueur banni, Diarra est devenu l’une des rares satisfactions d’une formation sétifienne en quête de calme et de stabilité.

Promotion des jeunes : un argument de façade

Le manager général a également brandi la carte des jeunes talents locaux, mais les chiffres disent le contraire. Mechaar n’a cumulé que 99 minutes en 15 rencontres, soit une moyenne de 6,6 minutes par match. Aouissi affiche un temps de jeu de 69 minutes, soit 4,6 minutes par rencontre. Bouguerri, incorporé pour la première fois à la 12 journée (USMK – ESS), n’a joué que 61 minutes. Mohra, pourtant prometteur, n’a bénéficié que de 18 minutes dans toute la phase aller, contre 772 minutes pour Boukerma, une recrue de dernière minute.

Le silence assourdissant de Sonelgaz

Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, le propriétaire du club, qui n’a pas voulu s’immiscer dans le volet technique pour ne pas être tenu responsable des déboires de l’équipe, devrait intervenir et mettre un terme à l’anarchie. Ayant fait confiance aux « enfants » du club qui ont failli, le propriétaire doit impérativement avoir un droit de regard sur le prochain mercato, dont le coup de starter est prévu pour le dimanche 5 janvier. L’assainissement du vestiaire, le dégraissage et le renforcement qualitatif du staff technique « élargi », lequel a montré ses faiblesses et ses limites, sont les autres urgences du propriétaire, appelé à prendre le taureau par les cornes, tant qu’il en est temps.

Kamel Beniaiche

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