Biodiversité dans les régions arides : Hécatombe d’animaux sauvages sur les routes à Biskra

Des usagers de la route, dont des particuliers et des chauffeurs professionnels de poids-lourds et de taxi-service, signalent apercevoir, en pleine nuit ou de jour, des animaux sauvages sur les bords des routes ou carrément en plein milieu de celles-ci. Souvent éblouis par les phares, ces animaux restent pétrifiés et se font immanquablement écraser. En effet, il n’est pas rare que des cadavres d’animaux percutés par des véhicules jonchent les routes nationales et les chemins vicinaux. Ainsi, des hyènes rayées, des fennecs (renards des sables), des chats, des gerboises, des porcs-épics, des lézards, des serpents, des chiens errants, des scorpions, des belettes, des lièvres, des chacals, des sangliers et bien d’autres animaux terrestres sont tués sur les voies routières « sans que l’on puisse évaluer l’étendue de cette hécatombe touchant les espèces animales endémiques et qui sont nécessaires à l’équilibre écologique et à la chaine alimentaire », relève un chercheur du Centre de Recherche Scientifique et Technique sur les Régions Arides (CRSTRA) de Biskra. Il estime que nous sommes en présence d’un cas de rupture écologique générée par la modernisation des routes nationales. Une rupture écologique est définie comme étant une dégradation de la qualité d’un environnement naturel ou d’un écosystème par rapport aux besoins d’une ou plusieurs espèces animales, suite à une évolution des facteurs écologiques abiotiques ou de modifications induites par les activités anthropiques. Faut-il rappeler qu’en Algérie, les espèces animales non-domestiques sont protégées par la loi-décret n° 83-509 du 20 août 1983. Elle est signataire d’un arsenal de lois et de conventions internationales relatives à la protection de la nature et des animaux sauvages et domestiques. Elle compte officiellement 110 espèces de mammifères dont 47 sont protégées et 30 menacées de disparition et on y dénombre presque 400 espèces d’oiseaux dont 107 sont protégés, a-t-on appris. Notre interlocuteur fait remarquer que toutes les routes qui ont été dédoublées ces dernières années sont équipées de murets en ciment séparant les voies et ceci sans discontinuité sur des kilomètres. Pour lui, cet obstacle artificiel constitue un barrage infranchissable pour bon nombre d’animaux ayant besoin de parcourir de longues distances pour trouver de la nourriture, boire ou mettre à bas. Espérant que ce carnage touchant les animaux sauvages cesse et conscients que ce phénomène ne constitue pas encore un cas de crise écologique majeur, les experts animant un site Internet dédié à la biodiversité des régions arides prônent l’ouverture de passages à intervalles réguliers dans les murets en question et l’aménagement de « tunnels écologiques » pour permettre aux animaux de traverser la route sans mettre en danger les usagers et leurs propres existences.

H. Moussaoui

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