Boussebt : « Il faut du temps et de la patience pour reconstruire notre handball »

Quelques mois après avoir pris en main l’instance fédérale, le président de la FAHB, Mourad Boussebt, a dressé un premier constat, réaliste et lucide, de la situation actuelle. Il est également revenu en détails sur le projet ambitieux que souhaite mettre en place le bureau fédéral pour les prochaines années, notamment en ce qui concerne …

Sep 21, 2025 - 00:33
 0
Boussebt : « Il faut du temps et de la patience pour reconstruire notre handball »
Quelques mois après avoir pris en main l’instance fédérale, le président de la FAHB, Mourad Boussebt, a dressé un premier constat, réaliste et lucide, de la situation actuelle. Il est également revenu en détails sur le projet ambitieux que souhaite mettre en place le bureau fédéral pour les prochaines années, notamment en ce qui concerne la formation des jeunes. 
Boussebt a insisté sur l’importance capitale de l’accompagnement de l’État dans ce nouveau processus de formation, indispensable pour espérer remettre sur les rails le handball algérien.
On commence par l’événement du moment, le Championnat d’Afrique féminin des moins de 17 ans qui se déroule actuellement à Oran. Comment jugez-vous la prestation de la sélection nationale, qui a fait match nul face à la Guinée, mais qui a finalement raté sa qualification pour les demi-finales ?
Je tiens d’abord à remercier les joueuses, malgré tout, pour leur prestation honorable face à la Guinée. Elles étaient très proches d’une qualification pour le Championnat du monde. Ce match nul face à la Guinée a marqué les esprits, car il s’agissait d’un rendez-vous crucial. Dans un match décisif pour la qualification en demi-finale, nos jeunes ont fait preuve de beaucoup de courage et d’envie. Malheureusement, au classement final, le goal-average particulier a souri à la Guinée. Cette élimination ne doit en aucun cas occulter les progrès réalisés. Il y a un vrai potentiel et nous allons travailler intensément sur cet aspect dans l’avenir.
Vous pensez donc que les filles étaient à un souffle de décrocher un billet pour le Mondial ?
Oui, absolument. Nos filles étaient réellement très proches d’une qualification pour le Championnat du monde. Seules les équipes qualifiées pour les demi-finales ont accès à ce tournoi mondial. Cela montre à quel point le niveau de la compétition est élevé et les détails décisifs. Mais il faut voir ce championnat d’Afrique comme une étape d’un long et patient processus que nous devons construire. La qualification au mondial se joue souvent sur des petits détails, et cette fois l’Algérie a raté le coche d’un souffle. Toutefois, cette génération des moins de 17 ans incarne déjà un nouvel espoir pour le handball féminin national. L’essentiel est de s’inscrire dans une logique de projet à long terme et de continuité.
Allez-vous tirer un bilan global concernant ces sélections jeunes ?
Oui, à la fin de cette compétition, nous ferons le point. Nous établirons un bilan complet concernant les équipes des moins de 17 ans, ainsi que celles des moins de 19 ans. Ce sera un rapport détaillé, basé sur les retours et les observations à l’issue des compétitions continentales. Je tiens à souligner que chaque étape doit servir à analyser, corriger les failles et planifier l’avenir avec rigueur. Ce travail de fond concernera aussi bien les sélections féminines que masculines.
Du côté des garçons, quelle est la situation du projet de formation ?
Chez les garçons, le projet est déjà bien avancé. Nous avons nommé, il y a quelques mois, Lakhdar Arrouche à la tête de l’équipe des moins de 21 ans, ainsi que Salah Bouchkriou à la tête des moins de 19 ans. Ces deux équipes ont participé récemment au Championnat du monde, et nous avons reçu leurs rapports complets. Notre objectif est désormais clair : construire une équipe compétitive, prête à briller lors des Jeux olympiques de 2028 à Los Angeles. La vision est bien définie : bâtir une équipe masculine solide, capable de rivaliser au plus haut niveau sur plusieurs années. L’expérience du dernier Mondial U19 et U21 nous a permis de mesurer les écarts qui nous séparent encore des grandes nations. Nous voulons capitaliser sur cette base pour envisager l’avenir sur du long terme.
Vous insistez souvent sur le temps comme facteur essentiel, pouvez-vous préciser ?
Pour rattraper le retard accumulé, nous avons clairement besoin de beaucoup de temps. Lorsque nous sommes arrivés à la Fédération, nous avons trouvé une situation vraiment critique, presque catastrophique. Depuis, nous nous efforçons chaque jour de remettre la fédération sur les rails, ce qui n’est ni simple ni rapide. Il est important que tous les amoureux du handball comprennent qu’il faudra faire preuve de beaucoup de patience. Nous avons de nombreuses idées et un projet de développement à mettre en œuvre dans les mois à venir. Mais ce chantier nécessitera un investissement important, à la fois en temps et en ressources financières. Le handball algérien a pris un grand retard, non seulement par rapport à ses voisins, mais aussi face à plusieurs concurrents africains. Ce déficit se fait sentir aussi bien au niveau des jeunes catégories que chez les seniors. Le redressement passera donc nécessairement par un travail de fond, qui sera lent, mais absolument indispensable.
La formation semble être un chantier prioritaire. Où en êtes-vous exactement dans ce domaine ?
Nous envisageons de lancer plusieurs pôles de formation dans un avenir proche. C’est même une nécessité pour relancer durablement la discipline. Mais il faut comprendre que la Fédération ne dispose pas de tous les pouvoirs pour agir seule. Il s’agit d’une coordination étroite à établir avec le ministère des Sports, mais aussi avec les autorités locales. Le projet est en cours de validation et nous sommes déterminés à mettre en place ces pôles pour former de jeunes talents de qualité. Toutefois, leur mise en place dépend de la collaboration et de l’appui de plusieurs institutions. L’idée est de mailler le territoire national afin de détecter, accompagner et faire grandir les jeunes talents dès le plus jeune âge, pour alimenter durablement nos sélections nationales.
Pour mener à bien ce projet, il faudra aussi des ressources humaines compétentes, n’est-ce pas ?
C’est tout à fait exact. Il faudra absolument mettre les bonnes personnes aux bons postes. Pour réussir un projet aussi ambitieux, il faut s’appuyer sur des professionnels capables de le porter, notamment des techniciens et des formateurs expérimentés. Nous sommes actuellement en recherche active de ces profils. La Fédération souhaite s’entourer de spécialistes qui pourront accompagner ce travail. La réussite d’un projet de formation passe impérativement par des hommes et des femmes qui en comprennent les enjeux et qui ont l’expérience nécessaire pour les incarner sur le terrain.
Quel rôle joue l’État dans ce processus ?
L’État joue un rôle essentiel et nous accompagne de façon concrète. J’en profite pour remercier tout particulièrement le ministre des Sports, Walid Sadi, pour son soutien constant. Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, nous bénéficions d’un accompagnement fort du ministère des Sports, sous la direction de M. Sadi. Je suis convaincu que l’État mettra tous les moyens nécessaires pour relancer et développer notre discipline. La volonté politique est un facteur clé dans le redressement du handball national, et nous ferons tout notre possible pour répondre à cette confiance et réussir notre mission.
Un dernier message à transmettre à vos interlocuteurs ?
Je dirais simplement qu’il faut faire preuve de beaucoup de patience. Nous venons de commencer à poser les premières bases de notre travail. Nous voulons reconstruire le handball national sur des fondations solides, stables et durables. L’avenir du handball algérien dépendra en grande partie de notre capacité à travailler avec méthode, sérieux et constance dans la durée. Je tiens à rappeler qu’un nouveau cycle s’est engagé, mais qu’il faudra forcément du temps avant que l’on puisse récolter les fruits de ce travail. Nous appelons tous les acteurs et supporters à nous faire confiance et à accompagner ce long processus avec la même détermination.
Entretien réalisé par A. A.