Chronique d’un refus annoncé

On se demandait l’autre jour si un accord entre le Hamas et Israël n’était pas sur le point d’intervenir, eu égard à l’annonce faite par le Hamas de son approbation de la dernière mouture du deal dit de Witkoff, sans qu’il soit jamais certain d’ailleurs qu’il en soit réellement l’auteur. Se poser la question, c’était […]

Mai 30, 2025 - 21:53
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Chronique d’un refus annoncé

On se demandait l’autre jour si un accord entre le Hamas et Israël n’était pas sur le point d’intervenir, eu égard à l’annonce faite par le Hamas de son approbation de la dernière mouture du deal dit de Witkoff, sans qu’il soit jamais certain d’ailleurs qu’il en soit réellement l’auteur. Se poser la question, c’était déjà tirer des plans sur la comète, sachant que pour qu’un un accord, qu’il soit ou non d’ailleurs conçu par Steve Witkoff, l’homme à tout faire de l’administration Trump, voie le jour, il ne suffit pas qu’il soit approuvé par l’une des deux parties prenantes mais en même temps par les deux à la fois. D’autant que ce n’est pas la première fois que l’une se montre satisfaite de ce qu’on lui propose, et qu’ensuite l’autre oppose un refus sans appel. Il est même arrivé que les deux soient d’accord sur un plan de Witkoff, qu’en conséquence celui-ci entre pleinement en vigueur, avec arrêt des hostilités, échange de prisonniers, après quoi Israël sans crier gare viole la trêve, on dirait par crainte que celle-ci venant à se prolonger il ne devienne impossible de la rompre. Et pour cause, le but d’Israël n’est ni la paix durable ni même seulement la libération de tous ses captifs mais l’élimination de la résistance dans un premier temps, et dans un second, le nettoyage ethnique de Ghaza. Le gouvernement Netanyahou est otage de la guerre. Il ne tient que par elle, que par sa poursuite.

Dans de telles conditions, ni Witkoff ni Donald Trump n’y peuvent rien. Ce qui est en train de se passer n’est pas nouveau. Quand une partie prenante accepte une proposition Witkoff, ce qui somme toute n’est qu’une façon de parler, c’est parce qu’elle répond à sa principale demande dans les négociations indirectes, dont les Américains semblent être devenus les uniques intermédiaires. Pour la résistance, c’est à la fois l’arrêt de la guerre et l’entrée sans entrave et pour toujours de l’aide humanitaire. Pour Israël c’est principalement la fin du Hamas, et accessoirement la libération des otages. Israël a refusé la première offre, mais il a accepté la deuxième, après une révision sur un point essentiel de la première, approuvée quant à elle par le Hamas, parce qu’elle lui laisse le champ libre pour reprendre la guerre au terme de quelques jours seulement de trêve. Les deux propositions stipulent le même nombre d’Israéliens à libérer, qui sont au nombre de 10, 5 dès le premier jour de la trêve, et les 5 autres une semaine seulement après l’entrée en vigueur de cette dernière. Ce qui laisse à Israël la possibilité de reprendre la guerre dès la fin de la première semaine, alors que dans la première proposition, il ne récupère les 5 autres otages qu’au bout de 60 jours de trêve. Or 2 mois, ça commence déjà à ressembler à une paix durable, c’est-à-dire à quelque chose de mortel pour un gouvernement qui ne tient que par la guerre. Itamar Ben-Gvir et Belarel Smotrich ont d’ailleurs déjà dit qu’il ne voulait d’aucun accord de cette nature. En fait d’aucun accord qui tout simplement aurait l’air d’un accord. A la limite, ils sont disposés à fermer les yeux sur une pause qui soit la plus courte possible, ce qui exclut par avance une trêve, différente en ceci qu’elle est plus longue. Si bien que lorsqu’un tel gouvernement se dit d’accord avec une proposition, c’est qu’elle n’a aucune chance d’être acceptée par la résistance.